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Le Tribunal de l’Union Européenne a annulé, le 17 décembre, l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes de l’UE. Une décision que nous ne commenterons évidemment pas, mais qui nous intéresse dans la mesure où les grands médias français l’ont rapidement relayée sur leurs sites internet. Des articles en général très factuels, sans appréciation positive ou négative de la décision de la justice européenne, mais dont l’iconographie semble dénoter un certain parti pris...
Ces captures d’écran, réalisées dans la journée du 17 décembre sur les sites d’un bon nombre de grands médias français, parlent presque d’elles-mêmes :
Le Monde :
Libération :
Le Parisien :
Ouest-France :
Le Journal du dimanche :
L’OBS :
Europe 1 :
RFI :
BFMTV :
TF1/LCI
Etc.
Une iconographie, chacun l’avouera, d’une stupéfiante variété, et d’une neutralité totale eu égard à l’objet des différents articles...
Le Hamas est une organisation politique qui possède certes une branche armée, mais la lutte armée n’est qu’une des facettes des activités du mouvement qui, rappelons-le, est majoritaire au parlement palestinien et a dirigé le gouvernement à Gaza durant sept ans. Le Hamas a des activités multiples, qu’elles soient religieuses, politiques, caritatives, sociales... Comme le rappelle Aude Signoles, enseignante-chercheuse et spécialiste reconnue, dans le monde académique, des organisations et de la société palestiniennes,
" Comme dans n’importe quel mouvement politique, la branche armée ne représente qu’une minorité au sein du Hamas. La plus forte composante du Hamas est sa branche caritative. Historiquement, cela a toujours été le cas. À Gaza, par exemple, tout le monde connaît les membres du Hamas, ils sont sur le terrain depuis longtemps : ils apportent l’éducation, la santé, une assistance juridique aux familles. En cas de litiges entre familles, ce sont eux qui jouent le rôle de médiateurs. Le Hamas fait énormément de social. Il crée de nombreux clubs de jeunes, organise des actions sportives ou caritatives."
Il existe dès lors des centaines, des milliers probablement, de photos pouvant illustrer un article sur le Hamas : photos d’Ismail Haniyah, le dirigeant le plus connu du mouvement, de réunions du gouvernement Hamas à Gaza, de manifestations diverses, à Gaza et en Cisjordanie, de centres sociaux, de dispensaires, de drapeaux du Hamas, voire même de drapeaux palestiniens, etc. Et si le Hamas organise des défilés militaires, et met parfois en scène sa branche armée, rien n’oblige les sites et les journaux à choisir des photos prises lors de ces défilés.
Car de tels choix ne donnent pas seulement une image biaisée de ce qu’est le Hamas, mais ils ne sont, de plus, pas neutres. On admettra en effet que les photos reproduites ci-dessus contribuent largement à inciter les lecteurs à porter un jugement négatif sur le Hamas, qui apparaît avant tout comme un groupe paramilitaire et violent, dont les membres se promèneraient dans les rues avec des cagoules et des armes.
Critiquer le Hamas ? C’est évidemment le droit de tout un chacun ! Mais la moindre des choses serait alors d’offrir une véritable information et de véritables analyses (absentes de chaque article dont nous avons capturé le titre et la photo d’illustration), et non de se reposer sur des choix iconographiques qui, consciemment ou non, influencent le lecteur en ne lui offrant qu’une vision partielle, voire partiale, de la réalité.
Le 17 décembre 2010, alors que Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu suicide et devenait ainsi l'élément déclencheur de la révolution en Tunisie. Alors que des dizaines de Tunisiens révoltés tombaient sous les balles du dictateur Ben Ali, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre sarkozyste des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, s'en allaient fêter leur réveillon en Tunisie - Parmi d'autres adorateurs.
"Une dictature, la Tunisie ? L’Egypte, une dictature ? En voyant les médias se gargariser maintenant du mot "dictature" appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à l’Egypte de Moubarak, les Français ont dû se demander s’ils avaient bien entendu ou bien lu. Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes n’avaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux "pays amis" étaient des "États modérés" ? Le vilain mot de "dictature", dans le monde arabo-musulman, n’était-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l’ "effroyable tyrannie" de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ? Comment ? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région ? Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous l’auraient-ils caché ?" Ignacio Ramonet
Déliquescence de l’État, répression accrue et "essor économique". Pour être le " rempart contre la déferlante intégriste dans la région", le régime de Ben Ali avait carte blanche pour réduire au silence la moindre opposition par la censure de la presse, les arrestations arbitraires, la torture et les procès d'opinion.
Le régime avait atteint sa vitesse de croisière :
Main mise sur le pole industriel de l’Institut Pasteur de Tunis par des membres de la famille de Leila Trabelsi;
Rachat d’Orange Télécom par la famille Ben Ali;
Rachat des parts d’Orascom dans l’opérateur de télécom Tunisiana;
Monopole de l’importation des viandes qui passe sous le contrôle de Imed Trabesli ( triste délinquant notoire et fils de Leila Ben Ali - son frère sur les registres de l’État civil);
La Banque BFT qui est en train d’être privatisée pour passer sous le contrôle de la famille (plusieurs prétendants sont sur la liste, tous de la famille Ben Ali et Trabesli).
Sur décision de Zine Ben Ali, tous les avoirs de la famille ont été transférés à Dubai et reconvertis en lingots d’or source Nawaat
Merveilleuse et inoxydable, Alliot-Marie. Elle fut sis fois ministre, sans discontinuer de 2002 jusque sous Sarkozy, premier dignitaire de la Ve République à inaugurer successivement quatre ministères dits " régaliens." Ministre des Affaires étrangères, elle vanta devant les députés, le 11 janvier 2011, les compétences de la France de droite pour venir en aide à Ben Ali et sécuriser une Tunisie agitée par une méchante insurrection.
" Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité. "
Tunisie : les deux problèmes à régler selon la droite,avant la chute du dictateur.
- M. Jean-Paul Lecoq.(...) Madame la ministre des affaires étrangères, comment justifiez-vous cette incohérence de notre pays : d'un côté la France appelle au respect de la démocratie en Côte d'Ivoire alors que de l'autre elle soutient de manière indéfectible la dictature de M. Ben Ali ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
-M. Arnaud Montebourg. C’est vrai !
-M. le président. La parole est à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.
-Mme Michèle Alliot-Marie. Monsieur le député, oui la Tunisie comme l’Algérie connaissent en ce moment des mouvements sociaux de grande ampleur et qui touchent particulièrement les jeunes. Face à cela, plutôt que de lancer des anathèmes,…
-M. Maxime Gremetz. Des anathèmes ? Il faut appeler un chat un chat !
- Mme Michèle Alliot-Marie,. …notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation. Parlons du fond, tout d’abord. Il est vrai que dans ces deux pays, il y a énormément d’attentes – notamment de la part des jeunes, et en Tunisie particulièrement de jeunes formés – de pouvoir accéder au marché du travail.
-M. Michel Lefait. En France aussi !
-Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. Or c’est un problème pour ces pays. C’est bien la raison qui nous porte à souligner le bien-fondé de la volonté du Président de la République de répondre, dans le cadre du G8 et du G20, aux préoccupations et aux besoins de ces pays. Il s’agit, en particulier, de toutes les conditions nécessaires que la communauté internationale tout entière doit mettre pour permettre aux jeunes et aux jeunes diplômés de pouvoir accéder au marché du travail.
-M. Jean-Paul Lecoq. Et Ben Ali ?
-Mme Michèle Alliot-Marie. Le deuxième problème est effectivement celui des décès et des violences constatées à l’occasion de ces manifestations.
-M. Maxime Gremetz. Cinquante-deux morts !
-Mme Michèle Alliot-Marie. On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis. Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type.
-M. Roland Muzeau. Quelle honte !
-M. Pierre Gosnat. Et Ben Ali ? Répondez à la question !
- Mme Michèle Alliot-Marie. C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
-M. Jacques Desallangre. Quelle duplicité !
*
Le Canard enchaîné révéla qu'entre Noël et le jour de l'An 2010, Alliot-Marie et son conjoint Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement - ainsi que des membres de leur famille, utilisèrent un jet privé appartenant à un dénommé Aziz Milad pour rejoindre à Tabarka leur lieu de villégiature appartenant également à Aziz Milad.
Pour en revenir à Aziz Milad, il était ce directeur de la compagnie aérienne Nouvelair, présenté par Alliot-Marie comme une victime du clan Ben Ali alors au pouvoir en Tunisie.
La victime Aziz Milad - tout comme le grand Rabbin de Tunisie - appelait pourtant en 2010 son bourreau de Ben Ali à se présenter à l'élection présidentielle de 2014. Il cosignait avec 64 autres personnalités un appel où l'on pouvait y lire :
« Nous nous permettons en tant que patriotes, au-delà des classifications politiques et idéologiques, d’appeler le dépositaire de la confiance en toute sincérité, à parachever ce qu’il a accompli, la marche, en dépit de l’immensité de ses acquis, demande encore la vision et le leadership de celui qui a fait montre de ses compétences à réaliser et changer. »
« La Tunisie, a encore besoin de vous, de vos visions perspicaces pour la gestion de ses affaires et la conduite de son avenir. C’est pourquoi, nous vous adjurons de vous porter candidat à un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014. Par cet appel, nous disons oui à la stabilité et à la continuité qui sont à la base de toute action politique réussie. Nous disons oui aussi à davantage de développement, oui à la paix sociale, à l’équilibre de la société, oui à la dignité et à la souveraineté nationale.»
Et les signataires concluaient ainsi :
«Toutes les profondes mutations autour de nous et celles à venir soulignent l’indispensable recours pour la Tunisie à un commandement de la taille de celle du Président Zine el Abidine Ben Ali, avec tout son poids et toute sa sagesse. Nous sommes conscients que l’ultime décision demeure la vôtre, mais ce à quoi nous aspirons à travers notre initiative, c’est de nous accorder l’exercice de notre droit à la poursuite de l’espoir et de la confiance dans l’avenir de la Tunisie et celui de son peuple ce qui ne saurait s’accomplir sans la poursuite de votre leadership et de votre action afin de consolider davantage la stabilité, le progrès et la prospérité.»
Le 20 août 2010, la presse tunisienne aux ordres publiait un autre texte, "l’appel des mille " où un millier de personnalités développaient avec force éloges fleuris des "arguments" en faveur du " raïs " :
"En symbiose avec la volonté populaire qui est l’essence même de la Démocratie ; partant du fait que le principe électoral est à la base du régime républicain ; eu égard à l’évolution politique vers le pluralisme et la démocratie, laquelle évolution constitue une plateforme cognitive pour l’alternance au pouvoir dans un climat de concurrence pluraliste ouverte…
Et compte tenu du rôle historique assumé par le Président Zine El Abidine Ben Ali dans les progrès réalisés par la Tunisie et son accession à des classements mondiaux avancés dans tous les domaines ; eu égard, particulièrement, à son rôle déterminant et avant-gardiste dans l’édification d’une démocratie éclairée assurant à notre pays la stabilité et le développement continu en symbiose avec une contribution populaire large et consensuelle… Et étant convaincus que le Changement, à ce stade de son processus, est encore porteur de vastes horizons et de grandes ambitions pour le pays, ce qui rend nécessaire et impérieuse la permanence de Zine El Abidine Ben Ali aux commandes du projet national tendant à assurer stabilité, quiétude et pérennité à la Tunisie…
Compte tenu, donc, de ce qui a précédé, nous lançons cet appel à son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali pour qu’il se porte candidat à la présidentielle de 2014-2019 et pour qu’il continue cette marche commencée avec son peuple. Tout en étant conscients des lourdes responsabilités que cela induit, nous espérons que son Excellence. M. le Président répondra favorablement à cet appel et qu’il répondra à l’appel du devoir pour la Tunisie, pour la préservation de son invulnérabilité, de ses acquis et de ses réussites.
Bertrand Delanoë, alors maire de Paris et toujours natif de Bizerte, confiait en mars 2010 tout le bien qu'il pensait de la Tunisie et de son président : " un pays qui a vraiment enregistré des résultats remarquables sur le plan économique et social, notamment depuis que le Président Ben Ali a pu , à partir de 1987, entamer un certain nombre de réformes." A l'époque il confirmait aussi , grâce à ses dons de visionnaire, que la Tunisie est " non seulement sur la bonne voie mais elle réussit mieux que les pays comparables et parfois même mieux que des pays dits développés en terme de croissance."
Il faut dire, à sa décharge, qu'en août 1997, la France de la cohabitation Chirac-Jospin, avec Hubert Védrinne aux Affaires étrangères, confirmait son soutien " au modèle démocratique tunisien " et ses 2000 prisonniers politiques selon Amnesty international. Mais Jospin corrigeait la mauvaise impression que l'on pouvait avoir : "il ne faut pas confondre les temps, il ne faut pas confondre l'attitude qu'on adopte en routine diplomatique face à des États qui sont de toute nature et une proposition extrêmement choquante alors que le peuple s'est mis en mouvement en Tunisie"...
Embarrassé par l'ami gênant, L’Internationale socialiste se décidait enfin , le 11 janvier 2011, d’exclure le parti politique du président tunisien déchu de Ben Ali. L'annonce fut faite dans un communiqué lapidaire sans un mot ni une explication supplémentaire.
Ben Ali et le FMI
" Officiellement, le rôle du Fonds monétaire international est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ». Le FMI fournit des crédits aux pays en difficulté. Mais en contrepartie, il exige des politiques de rigueur, de libéralisation des services publics, de privatisations, de désengagement de l’État, nommés « Plans d’ajustement structurels ». Il dispose également d’un rôle de conseil et de formation... pour mener des politiques ultralibérales. Le FMI est dénoncé pour ses actions au niveau international par des centaines d’organisations actives dans les pays du Sud et du Nord. "(M'PEP)
Éloges de la part de Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, à l'issue de sa visite en Tunisie fin 2008 :
« C'est avec plaisir que j'ai visité la Tunisie à l'occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Banque Centrale de Tunisie. Cette institution, un pilier de la gestion dynamique de l'économie tunisienne, a contribué à l'accélération de la croissance et à la stabilité économique. La crise financière très grave que connaît le monde requiert l'action claire et globale de tous nos pays ainsi qu'une coordination étroite des politiques conduites par chacun d'eux, et le rôle des banques centrales est à cet égard fondamental.
« Au cours de mon séjour à Tunis, j'ai eu le privilège de rencontrer Son Excellence le Président Ben Ali et le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, M. Taoufik Baccar.
« Les entretiens que nous avons eus ont témoigné de notre vision commune des réalisations de la Tunisie et de ses principaux défis à relever. Les politiques économiques mises en _uvre par les autorités et leur approche pragmatique des réformes structurelles ont produit des gains sensibles et la crise financière mondiale n'a pas eu d'impact financier direct sur la Tunisie. Dans l'immédiat, le défi principal est de limiter l'impact d'un ralentissement prévu de l'économie mondiale. A moyen terme, la création d'emplois et la croissance du revenu seront déterminantes pour le relèvement du niveau de vie.
« Nos entretiens ont également confirmé que le programme de réforme de la Tunisie progressait à rythme soutenu et que les perspectives du pays étaient favorables. J'ai félicité les autorités tunisiennes pour la création d'un comité qui suivra les impacts de la conjoncture économique et financière mondiale et prescrira des mesures pour en atténuer d'éventuels effets négatifs sur l'économie tunisienne ainsi que pour la célérité qui a caractérisé l'action de la Banque Centrale de Tunisie dès l'apparition de la crise. J'ai noté la bonne poursuite du renforcement de la situation du secteur bancaire et encouragé les autorités à persévérer dans cette réforme hautement prioritaire, compte tenu de la libéralisation graduelle du compte de capital. J'ai félicité les autorités pour leurs efforts d'avancement de l'intégration régionale qui pourrait potentiellement aider les pays du Maghreb à affronter l'adversité de l'environnement international actuel. » ( Fonds monétaire international : communiqué de presse n° 08/291 (F))
" Vous aussi en France vous avez des centrales nucléaires encore plus vieilles que celles qu'il y a au Japon : elles peuvent aussi exploser."
Naoto Matsumura
Naoto Matsumura, un agriculteur surnommé "le dernier homme de Fukushima", vit à Tomioka entre les deux centrales Daii Chi et Daii Ni. Il est resté dans la zone interdite pour sauver des animaux abandonnés après la catastrophe nucléaire.
"Au bout de 3 jours je suis sorti de ma maison ce qui m'a frappé c'est le silence. J'ai vu un pauvre chien attaché, il n'avait rien à manger ni à boire. Je l'ai donc nourri et un autre chien à côté a commencé à aboyer pour me réclamer aussi de le nourrir. Et c'est comme ça que je me suis aperçu qu'il y avait des milliers d'animaux abandonnés autour de Fukushima".
Au Japon près de 16 000 personnes ont perdu la vie après celle de Fukushima.
Le 11 mars, dans l''émission de radio La tête au Carré, Mathieu Vidard a reçu Naoto Matsumura, ainsi que le géographe Gilles Fumey qui revient de Nagoya et le bio acousticien Thierry Lengagne qui était à Fukushima en juin 2013.
en 2010, près de 180.000 Allemands quittèrent l’Église catholique. Soit 40% de plus par rapport à 2009. Le révérend Dominik Schwaderlapp, vicaire général de l'archevêché de Cologne, expliqua alors que cette débâcle reflétait " le manque de confiance dont souffre l’Église en raison des affaires d'abus sexuels. "
En 2013, le nombre de catholiques est passé sous la barre des 30 % de la population allemande. Près de 180 000 catholiques ont à nouveau quitté l’Église catholique, une forte chute qu'on explique en particulier par le scandale financier dans le diocèse de Limbourg.
Précisons que le nombre de pratiquants protestants est aussi en baisse continu depuis plusieurs années.
Toutes ces statistiques allemandes ne sont possibles que parce que les croyants doivent informer les autorités de leur départ : ce sont elles en effet qui se chargent de collecter les taxes versées à l’Église...
"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux."
La Boétie
"Des bourgeois pleins de merde d'aujourd'hui déguisés en bourgeois pleins de merde d' autrefois célèbrent le bon vieux temps. Le bon vieux temps, c'est la Conquête anglaise de 1760; par la force des armes, les marchands anglais s'emparent du commerce de la fourrure."
Pierre Falardeau
Pierre Falardeau, cinéaste québécois.
" Renverser les monuments pour voir les vers qui grouillent. "
P. Vadeboncœur
On est au Ghana en 1957, avant l'indépendance. Jean Rouch tourne un documentaire, Les Maîtres fous, sur la religion des Haoukas. Chaque année, les membres de la secte se réunissent pour fêter. Ils sont possédés. Possédés par des dieux qui s'appellent le gouverneur, le secrétaire général, la femme du gouverneur, le général, la femme du docteur. En 1957, le Ghana, c'est une colonie britannique... quelques rois nègres pour faire semblant, mais les vrais maîtres sont anglais. Une colonie avec tout le kit : Union Jack, God Save the Queen, perruques, cornemuse, pis la face de la reine en prime. Ici, on connaît.
La religion Haoukas reproduit le système colonial en plus petit, mais à l'envers. Les colonisés se déguisent en colonisateurs, les exploités jouent le rôle des exploiteurs, les esclaves deviennent les maîtres. Une fois par année, les pauvres mangent du chien. Une fois par année, les fous sont maîtres. Le reste du temps, les maîtres sont fous.
On est au Québec en 1985. Chaque année, la bourgeoisie coloniale se rassemble au Queen Elizabeth Hotel pour le banquet du Beaver Club. Ici, pas de possédés, juste des possédants. A la table d'honneur, avec leur fausse barbe et leur chapeau en carton, les lieutenants gouverneurs des 10 provinces, des hommes d'affaires, des juges, des Indiens de centre d'achats, des rois nègres à peau blanche qui parlent bilingue. Comme au Ghana, on célèbre le vieux système d'exploitation britannique. Mais ici, c'est à l'endroit. Ici, les maîtres jouent le rôle des maîtres, les esclaves restent des esclaves. Chacun à sa place!
- Bonsoir, mesdames et messieurs. Good evening, ladies and gentlemen. My name is Roger Landry. I am your president of the Beaver Club. It is my privilege to welcome you to the twenty-seventh annual dinner of the Beaver Club celebrating this year the two-hundredth anniversary of the Beaver Club in Montreal. Sont réunis ici ce soir, dans cette illustre enceinte, des personnalités dont le seul nom évoque assurément la grandeur et l'honorabilité; puisque, en fait, à cette table ils sont tous honorables. En titre... Mais rassurez-vous, ce soir, exceptionnellement, ils redeviennent tous humains et les règles du protocole sont dès maintenant abolies. Avant de ce faire, j'ai reçu, il y a quelques instants, a few minutes ago this telegram: am very sorry that I am unable to be with you tonight, but I am pleased to be able to send congratulations on the occasion of the anniversaries. Je vous souhaite à tous une soiré agréable et au Beaver Club beaucoup de succès dans les années à venir. The right honorable prime minister of Canada, Brian Mulroney."
Des bourgeois pleins de merde d'aujourd'hui déguisés en bourgeois pleins de merde d' autrefois célèbrent le bon vieux temps. Le bon vieux temps, c'est la Conquête anglaise de 1760; par la force des armes, les marchands anglais s'emparent du commerce de la fourrure. Chaque année, les grands boss se réunissent pour fêter leur fortune. Ils mangent, ils boivent, ils chantent. Ils s'appellent McGill, Ellice, Smith, Frobisher, Mackenzie. C'est ca, le Beaver Club il y a 200 ans. C'est la mafia de l'époque. Ils achètent tout : les terres, les honneurs, les médailles, le pouvoir, tout ce qui s'achète. La gang de fourrure forme lentement l'élite de la société. Les voleurs deviennent tranquillement d'honorables citoyens. Ils blanchissent l'argent sale en devenant banquiers, seigneurs, politiciens, juges. C'est ça, le Beaver Club au début.
Deux cents ans plus tard, leurs descendants, devenus tout à fait respectables, font revivre cette fête par excellence de l'exploitation coloniale. Le gros Maurice, ministre des Forêts, devenu boss d'une multinationale du papier. Jeanne Sauvé, sa femme, administrateure de Bombardier, d'Industrial Insurance, et gouverneuse générale. Marc Lalonde, ancien ministre des Finances, maintenant au conseil d'administration de la City Bank of Canada. Francis Fox, ministre des Communications, engagé; par Astral Communications. Toute la gang des Canadiens français de service est là, costumé en rois nègres biculturels. Des anciens politiciens devenus hommes d'affaires. Des anciens hommes d'affaires devenus politiciens. Des futurs politiciens encore hommes d'affaires.
Toute la rapace est là: des boss pis des femmes de boss, des barons de la finance, des rois de la pizza congelée, des mafiosos de l'immobilier. Toute la gang des bienfaiteurs de l'humanité. Des charognes à qui on élève des monuments, des profiteurs qui passent pour des philanthropes, des pauvres types amis du régime déguisés en sénateurs séniles, des bonnes femmes au cul trop serré, des petites plottes qui sucent pour monter jusqu'au top, des journalistes rampants habillé en éditorialistes serviles, des avocats véreux, costumés en juges à 100 000$ par année, des liche-culs qui se prennent pour des artistes. Toute la gang est là : un beau ramassis d'insignifiants chromés, médaillés, cravatés, vulgaires et grossiers avec leurs costumes chics et leurs bijoux de luxe. Ils puent le parfum cher. Sont riches pis sont beaux; affreusement beaux avec leurs dents affreusement blanches pis leur peau affreusement rose. Et ils fêtent...
Au Ghana, une fois par année, les pauvres imitent les riches. Ici, ce soir, les riches imitent les riches. Chacun à sa place... Les bourgeois anglais se déguisent en bourgeois anglais, les collabos bilingues s'habillent en collabos bilingues, souriant et satisfaits, les Écossais sortent leur jupe écossaise, les Indiens se mettent des plumes dans le cul pour faire autochtones. On déguise les Québécois en musiciens pis en waiters. Les immigrés? Comme les Québécois, en waiters! Chemises à carreaux et ceintures fléchée. Manque juste les raquettes pis les canisses de sirop d'érable. Des porteurs d'eau déguisés en porteurs de champagne. Alouette, gentille alouette!
C'est toute l'histoire du Québec en raccourci. Toute la réalité du Québec en résumé : claire, nette pour une fois, comme grossie à la loupe. Ce soir, les maîtres fêtent le bon vieux temps. Ils fêtent l'âge d'or et le paradis perdu. Ils crient haut et fort, sans gêne, leur droit au profit, leur droit à l'exploitation, leur droit à la sueur des autres. Ils boivent à leurs succès. Ils chantent que tout va bien, que rien ne doit changer, que c'est pour toujours... toujours aux mêmes, toujours les mêmes.
Ils sont pareils partout... à New York, à Paris, à Mexico. Je les ai vus à Moscou vomir leur champagne et leur caviar sur leurs habits Pierre Cardin. Je les ai vus à Bangkok fourrer des enfants, filles ou garçons, pour une poignée de petit change. Je les ai vus à Montréal dans leur bureau avec leurs sales yeux de boss, leur sale voix de boss, leur sale face de boss, hautains, méprisants, arrogants. Des crottés avec leur chemise blanche pis leur Aqua Velva. Minables avec leur Mercedes pis leur raquette de tennis ridicule. Comme des rats morts. Gras et épais avec leurs farces plates pis leurs partys de cabane à sucre. Pleins de marde jusqu'au bord à force de bêtise et de prétention. Crosseurs, menteurs, voleurs. Et ça se reproduit de père en fils. Une honte pour l'humanité!
Au Ghana, les pauvres mangent du chien. Ici, c'est les chiens qui mangent du pauvre. Et ils prennent leur air surpris quand on en met un dans une valise de char.
- Ensemble, merci au chef, nos applaudissements, nous lui disons merci. Ladies and gentlemen, together let's thank magnificently. Bravo! Et maintenant, as president of the Beaver Club, may I say to you the following : never any club has been so honoured and so magnificently rewarded on its two-hundredth anniversary to have such a magnificent membership as you are. A vous tous, nos membres, à nous tous, applaudissons-nous. We are magnificent people and I raise my hat to all of us. Bravo. You are as beautiful as I think I am. Thank you very much. Good evening. Bravo. Good night... Tout le monde, les serviettes, on fête, on témoigne notre appréciation. Everyone, yes, that's right ! Bravo.
Applaudissons-nous. We are magnificent people. Quelle boufonnerie !
- Bravo! God bless you !...
"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux." La Boétie
En février 1939, le Canard Enchaîné publiait un article de Ernest Raynaud -dit "Tréno"-, sobrement intitulé "Les salauds". Il y épinglait des représentants de la presse qui insultaient les réfugiés espagnols; ces hommes, ces femmes et ces enfants qui fuyaient le régime franquiste.
Stéphane Lausane, dans Le Matin :
Le chantage à la pitié : " Il y a plusieurs sortes de chantages : il y a le chantage à la menace et il y a le chantage à la pitié. La France qui est inaccessible à l'un doit s'employer à faire cesser l'autre."
G. de Marsilly, dans Le Petit Bleu:
Dehors les bouches inutiles! dehors les parasites ! : " Il n'est pas question de xénophobie. Pendant des siècles, la France a accueilli chez elle d'authentiques exilés parfaitement honorables... Mais depuis quelques temps seulement elle accueille aussi la vermine et semble se faire un bizarre point d'honneur de traiter sur le même pied la racaille et les honnêtes gens également venus de l'extérieur. c'est intolérable et ça doit cesser..."
Et Léon Bailby, grand patron de presse, nationaliste et pétainiste :
"Les âmes sensibles, chez nous, ont fait et font encore une besogne abominable.
*
Les salauds
Sur l’une des photos de réfugiés espagnols publiées par les journaux, vous avez peut-être remarqué un petit garçon qui, vêtu d’une veste d’homme lui tombant aux chevilles, marchait gauchement le long d’une colonne de femmes et d’enfants en haillons.
Au moment même où ce muchacho qui peut bien avoir cinq ans mettait le pied sur la terre de France, on pouvait lire dans Le Jour, sous la signature de l’honorable M. Léon Bailby, un article ainsi intitulé « La France s’ouvrirait aux tueurs ? »
De ces tueurs, les photos nous en montrent des centaines. Il en est que leur mère transporte dans des couvertures parce qu’ils ont la fièvre et qu’il fait froid au Perthus. D’autres clopinent sur leur unique petite guibolle, ayant laissé l’autre à Barcelone ou à Granollers. Un autre, particulièrement précoce, est né dans le tunnel international de Cerbère : un sans-patrie, quoi ! D’autres encore, laissant pour un instant toute pensée meurtrière, se précipitent sur un butin de morceaux de pain blanc que leur tend un Sénégalais. Il en est un, de ces tueurs, qui a le toupet de rire de toutes ses quenottes de lait parce qu’il a retrouvé sa madre qui l’avait perdu dans la cohue.
L’un d’eux est mort de faim en arrivant. Celui-là du moins ne troublera plus le sommeil de M. Léon Bailby. Mais les autres, les autres avec ces yeux sans visage, ces têtes hirsutes, ces pieds nus, ces dos déjà voûtés sous les loques, comme on comprend qu’ils terrifient M. Bailby. Ils sont capables de le dégoûter à jamais des petits garçons.
Au fait, que viennent-ils faire chez nous ces marxistes en layette, ces rouges en culotte courte, ces Passionarias en herbe qui se font les dents sur des quignons de pain en attendant de croquer des gorges d’ecclésiastiques? Et que viennent y faire leurs mères ? « Est-ce que Franco massacre les enfants et les femmes ? »
Cette question, c’est notre bon confrère, Stéphane Lauzanne, qui la pose dans Le Matin de lundi dernier. Et qui la pose avec une ingénuité si désarmante qu’elle arrête la paire de claques au vol.
Son article porte ce titre charmant « Le chantage à la pitié. » Et M. Lauzanne d’écrire « Il y a plusieurs sortes de chantages. Il y a le chantage à la menace et il y a le chantage à la pitié. La France qui est inaccessible à l’un doit s’employer à faire cesser l’autre. » Hep, là-bas, le marmot haut comme trois pommes qui marche empêtré dans la veste de son père, c’est compris ? La France est inaccessible au chantage.
Robert Treno
Anthologie du Canard Enchaîné : 50 ans de Canard, Tome 1 : 1914-1940
Pour évoquer la loi Macron, qui fait couler beaucoup d'encre, Frédéric Taddeï reçoit sur le plateau l'économiste Thomas Philippon, l'anthropologue Paul Jorion, l'avocat Fiodor Rilov, Florian Philippot, vice-Président du Front National, l'économiste Natacha Valla, et Guillaume Duval, rédacteur en chef d'«Alternatives économiques». En fin d'émission l'archiviste et historien Thierry Sarmant brosse l'état du monde en 1715 pour comprendre celui de 2015.