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ben ali

  • 17 décembre 2010 : Mohamed Bouazizi

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    Le 17 décembre 2010, alors que Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu suicide et devenait ainsi l'élément déclencheur de la révolution en Tunisie. Alors que des dizaines de Tunisiens révoltés tombaient sous les balles du dictateur Ben Ali, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre sarkozyste des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, s'en allaient  fêter leur réveillon en Tunisie - Parmi d'autres adorateurs.

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     "Le geste est émouvant, chargé d'affection et de symbolique: le Président Zine El Abidine Ben Ali a tenu à se rendre, mardi, au chevet du jeune Mohamed Bouazizi, originaire de Sidi Bouzid, qui s'est immolé par le feu, avant d'être secouru et placé en soins intensifs, au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous..."

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    Le régime de Ben Ali

    "Une dictature, la Tunisie ? L’Egypte, une dictature ? En voyant les médias se gargariser maintenant du mot "dictature" appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à l’Egypte de Moubarak, les Français ont dû se demander s’ils avaient bien entendu ou bien lu. Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes n’avaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux "pays amis" étaient des "États modérés" ? Le vilain mot de "dictature", dans le monde arabo-musulman, n’était-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l’ "effroyable tyrannie" de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ? Comment ? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région ? Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous l’auraient-ils caché ?"  Ignacio Ramonet

    Déliquescence de l’État, répression accrue et "essor économique". Pour être le " rempart contre la déferlante intégriste dans la région",  le régime de Ben Ali avait carte blanche pour réduire au silence la moindre opposition par la censure de la presse, les arrestations arbitraires, la torture et les procès d'opinion.

    Le régime avait atteint sa vitesse de croisière : 

    • Main mise sur le pole industriel de l’Institut Pasteur de Tunis par des membres de la famille de Leila Trabelsi; 
    • Rachat d’Orange Télécom par la famille Ben Ali; 
    • Rachat des parts d’Orascom dans l’opérateur de télécom Tunisiana; 
    • Monopole de l’importation des viandes qui passe sous le contrôle de Imed Trabesli ( triste délinquant notoire et fils de Leila Ben Ali - son frère sur les registres de l’État civil); 
    • La Banque BFT qui est en train d’être privatisée pour passer sous le contrôle de la famille (plusieurs prétendants sont sur la liste, tous de la famille Ben Ali et Trabesli).
    • Sur décision de Zine Ben Ali, tous les avoirs de la famille ont été transférés à Dubai et reconvertis en lingots d’or
      source Nawaat 

    Diplomatie française

    Merveilleuse et inoxydable, Alliot-Marie. Elle fut sis fois ministre, sans discontinuer de 2002 jusque sous Sarkozy, premier dignitaire de la Ve République à inaugurer successivement quatre ministères dits " régaliens." Ministre des Affaires étrangères, elle vanta devant les députés, le  11 janvier 2011, les compétences de la France de droite pour venir en aide à Ben Ali et sécuriser une Tunisie agitée par une méchante insurrection.

    " Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité. "


    ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la... par SuperBeurkMan

    Assemblée nationale -  Séance du mardi 11 janvier 2011

    Tunisie : les deux problèmes à régler selon la droite,avant la chute du dictateur.

    - M. Jean-Paul Lecoq. (...) Madame la ministre des affaires étrangères, comment justifiez-vous cette incohérence de notre pays : d'un côté la France appelle au respect de la démocratie en Côte d'Ivoire alors que de l'autre elle soutient de manière indéfectible la dictature de M. Ben Ali ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

    - M. Arnaud Montebourg. C’est vrai !

    - M. le président. La parole est à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.

    - Mme Michèle Alliot-Marie. Monsieur le député, oui la Tunisie comme l’Algérie connaissent en ce moment des mouvements sociaux de grande ampleur et qui touchent particulièrement les jeunes. Face à cela, plutôt que de lancer des anathèmes,…
    - M. Maxime Gremetz. Des anathèmes ? Il faut appeler un chat un chat !
    - Mme Michèle Alliot-Marie,. …notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation.  Parlons du fond, tout d’abord. Il est vrai que dans ces deux pays, il y a énormément d’attentes – notamment de la part des jeunes, et en Tunisie particulièrement de jeunes formés – de pouvoir accéder au marché du travail.
    - M. Michel Lefait. En France aussi !
    - Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. Or c’est un problème pour ces pays. C’est bien la raison qui nous porte à souligner le bien-fondé de la volonté du Président de la République de répondre, dans le cadre du G8 et du G20, aux préoccupations et aux besoins de ces pays. Il s’agit, en particulier, de toutes les conditions nécessaires que la communauté internationale tout entière doit mettre pour permettre aux jeunes et aux jeunes diplômés de pouvoir accéder au marché du travail.
    - M. Jean-Paul Lecoq. Et Ben Ali ?
    - Mme Michèle Alliot-Marie. Le deuxième problème est effectivement celui des décès et des violences constatées à l’occasion de ces manifestations.
    - M. Maxime Gremetz. Cinquante-deux morts !
    - Mme Michèle Alliot-Marie. On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis.  Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type.
    - M. Roland Muzeau. Quelle honte !
    - M. Pierre Gosnat. Et Ben Ali ? Répondez à la question !
    - Mme Michèle Alliot-Marie. C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
    -M. Jacques Desallangre. Quelle duplicité !

    *

    Le Canard enchaîné révéla  qu'entre Noël et le jour de l'An 2010,  Alliot-Marie et son conjoint Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement - ainsi que des membres de leur famille, utilisèrent un  jet privé appartenant  à un dénommé Aziz Milad pour rejoindre à Tabarka leur lieu de villégiature appartenant également à Aziz Milad.
     

    Pour en revenir à Aziz Milad, il était ce directeur de la compagnie aérienne Nouvelair, présenté par Alliot-Marie comme une victime du clan Ben Ali alors au pouvoir en Tunisie. 

    " Il aurait  été spolié par Belhassen Trabelsi - beau-frère de Zine Ben Ali - qui lui aurait pris 20% de sa compagnie aérienne, qu'il possédait totalement. Aziz Miled, aujourd'hui en exil au Canada, a retrouvé, après le départ de Ben Ali, la présidence de l'entreprise qu'il avait cédée à Belhassen Trabelsi, signe selon l'entourage de Michèle Alliot-Marie qu'il est plus proche du nouveau régime que de l'ancien." (Reuters)

    La victime Aziz Milad - tout comme le grand Rabbin de Tunisie - appelait pourtant en 2010 son bourreau de Ben Ali à se présenter à l'élection présidentielle de 2014. Il cosignait avec 64 autres personnalités un appel  où l'on pouvait y lire :

    « Nous nous permettons en tant que patriotes, au-delà des classifications politiques et idéologiques, d’appeler le dépositaire de la confiance en toute sincérité, à parachever ce qu’il a accompli, la marche, en dépit de l’immensité de ses acquis, demande encore la vision et le leadership de celui qui a fait montre de ses compétences à réaliser et changer. »

    « La Tunisie,  a encore besoin de vous, de vos visions perspicaces pour la gestion de ses affaires et la conduite de son avenir. C’est pourquoi, nous vous adjurons de vous porter candidat à un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014. Par cet appel, nous disons oui à la stabilité et à la continuité qui sont à la base de toute action politique réussie. Nous disons oui aussi à davantage de développement, oui à la paix sociale, à l’équilibre de la société, oui à la dignité et à la souveraineté nationale.»

    Et les signataires concluaient ainsi :

    «Toutes les profondes mutations autour de nous et celles à venir soulignent l’indispensable recours pour la Tunisie à un commandement de la taille de celle du Président Zine el Abidine Ben Ali, avec tout son poids et toute sa sagesse. Nous sommes conscients que l’ultime décision demeure la vôtre, mais ce à quoi nous aspirons à travers notre initiative, c’est de nous accorder l’exercice de notre droit à la poursuite de l’espoir et de la confiance dans l’avenir de la Tunisie et celui de son peuple ce qui ne saurait s’accomplir sans la poursuite de votre leadership et de votre action afin de consolider davantage la stabilité, le progrès et la prospérité.»

    Le 20 août 2010, la presse tunisienne aux ordres publiait un autre texte, "l’appel des mille " où un millier de personnalités  développaient avec force éloges fleuris des "arguments" en faveur du " raïs " :

    "En symbiose avec la volonté populaire qui est l’essence même de la Démocratie ; partant du fait que le principe électoral est à la base du régime républicain ; eu égard à l’évolution politique vers le pluralisme et la démocratie, laquelle évolution constitue une plateforme cognitive pour l’alternance au pouvoir dans un climat de concurrence pluraliste ouverte…

    Et compte tenu du rôle historique assumé par le Président Zine El Abidine Ben Ali dans les progrès réalisés par la Tunisie et son accession à des classements mondiaux avancés dans tous les domaines ; eu égard, particulièrement, à son rôle déterminant et avant-gardiste dans l’édification d’une démocratie éclairée assurant à notre pays la stabilité et le développement continu en symbiose avec une contribution populaire large et consensuelle… Et étant convaincus que le Changement, à ce stade de son processus, est encore porteur de vastes horizons et de grandes ambitions pour le pays, ce qui rend nécessaire et impérieuse la permanence de Zine El Abidine Ben Ali aux commandes du projet national tendant à assurer stabilité, quiétude et pérennité à la Tunisie…


    Compte tenu, donc, de ce qui a précédé, nous lançons cet appel à son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali pour qu’il se porte candidat à la présidentielle de 2014-2019 et pour qu’il continue cette marche commencée avec son peuple. Tout en étant conscients des lourdes responsabilités que cela induit, nous espérons que son Excellence. M. le Président répondra favorablement à cet appel et qu’il répondra à l’appel du devoir pour la Tunisie, pour la préservation de son invulnérabilité, de ses acquis et de ses réussites.

    > La revue du Web de Thomas Cluzel

    Ben Ali et la gauche

    Bertrand Delanoë, alors maire de Paris et toujours natif de Bizerte, confiait en mars 2010  tout le bien qu'il pensait de la Tunisie et de son président : " un pays qui a vraiment enregistré des résultats remarquables sur le plan économique et social, notamment depuis que le Président Ben Ali a pu , à partir de 1987, entamer un certain nombre de réformes." A l'époque il confirmait aussi , grâce à ses dons de visionnaire, que la Tunisie est  " non seulement sur la bonne voie mais elle réussit mieux que les pays comparables et parfois même mieux que des pays dits développés en terme de croissance."

    Il faut dire, à sa décharge, qu'en août 1997, la France de la cohabitation Chirac-Jospin, avec Hubert Védrinne aux Affaires étrangères, confirmait son soutien " au modèle démocratique tunisien " et ses 2000 prisonniers politiques selon Amnesty international. Mais Jospin corrigeait la mauvaise impression que l'on pouvait avoir : "il ne faut pas confondre les temps, il ne faut pas confondre l'attitude qu'on adopte en routine diplomatique face à des États qui sont de toute nature et une proposition extrêmement choquante alors que le peuple s'est mis en mouvement en Tunisie"...

    Mais un lieu parisien porte désormais le nom de Mohamed Bouazizi, en vertu d’une décision prise à l’unanimité par le Conseil de Paris, le 8 février 2011...

    Embarrassé par l'ami gênant, L’Internationale socialiste se décidait enfin , le 11 janvier 2011, d’exclure le parti politique du président tunisien déchu de Ben Ali. L'annonce fut faite dans un communiqué lapidaire sans un mot ni une explication supplémentaire.

     

    Ben Ali et le FMI

    " Officiellement, le rôle du Fonds monétaire international est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ».
    Le FMI fournit des crédits aux pays en difficulté. Mais en contrepartie, il exige des politiques de rigueur, de libéralisation des services publics, de privatisations, de désengagement de l’État, nommés « Plans d’ajustement structurels ».
    Il dispose également d’un rôle de conseil et de formation... pour mener des politiques ultralibérales. Le FMI est dénoncé pour ses actions au niveau international par des centaines d’organisations actives dans les pays du Sud et du Nord. "(M'PEP)

    Éloges de la part de Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, à l'issue de sa visite en Tunisie fin 2008 :

    « C'est avec plaisir que j'ai visité la Tunisie à l'occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Banque Centrale de Tunisie. Cette institution, un pilier de la gestion dynamique de l'économie tunisienne, a contribué à l'accélération de la croissance et à la stabilité économique. La crise financière très grave que connaît le monde requiert l'action claire et globale de tous nos pays ainsi qu'une coordination étroite des politiques conduites par chacun d'eux, et le rôle des banques centrales est à cet égard fondamental.

    « Au cours de mon séjour à Tunis, j'ai eu le privilège de rencontrer Son Excellence le Président Ben Ali et le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, M. Taoufik Baccar.

    « Les entretiens que nous avons eus ont témoigné de notre vision commune des réalisations de la Tunisie et de ses principaux défis à relever. Les politiques économiques mises en _uvre par les autorités et leur approche pragmatique des réformes structurelles ont produit des gains sensibles et la crise financière mondiale n'a pas eu d'impact financier direct sur la Tunisie. Dans l'immédiat, le défi principal est de limiter l'impact d'un ralentissement prévu de l'économie mondiale. A moyen terme, la création d'emplois et la croissance du revenu seront déterminantes pour le relèvement du niveau de vie.

    « Nos entretiens ont également confirmé que le programme de réforme de la Tunisie progressait à rythme soutenu et que les perspectives du pays étaient favorables. J'ai félicité les autorités tunisiennes pour la création d'un comité qui suivra les impacts de la conjoncture économique et financière mondiale et prescrira des mesures pour en atténuer d'éventuels effets négatifs sur l'économie tunisienne ainsi que pour la célérité qui a caractérisé l'action de la Banque Centrale de Tunisie dès l'apparition de la crise. J'ai noté la bonne poursuite du renforcement de la situation du secteur bancaire et encouragé les autorités à persévérer dans cette réforme hautement prioritaire, compte tenu de la libéralisation graduelle du compte de capital. J'ai félicité les autorités pour leurs efforts d'avancement de l'intégration régionale qui pourrait potentiellement aider les pays du Maghreb à affronter l'adversité de l'environnement international actuel. » ( Fonds monétaire international : communiqué de presse n° 08/291 (F))

    La Tunisie de Ben Ali, un modèle