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Zèbres en cavale - Page 35

  • Quelle union nationale ?

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    Dessin et commentaire

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    Dessin donné par Charb à la Pla­te­forme des ONG pour la Palestine en 2002 pour la Cam­pagne « Occu­pation : pas d’Accords ! ».

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    Dix ans plus tard, et concernant toujours le boycott et les boycotteurs des produits israëliens, Michèle Alliot-Marie, alors ministre d’Etat sarkozyste de la justice et garde des sceaux, mettait les points sur les "i" dans son discours au dîner de l’antenne bordelaise du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) du 18 février 2010.

    "Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs, politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël. Je souhaite que le parquet fasse preuve de davantage de sévérité à ce sujet. J’ai donc adressé une circulaire aux parquets généraux, leur demandant d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination. J’entends que tous les auteurs d’actes soient poursuivis dès qu’ils auront été identifiés et notamment quand les appels auront été faits sur Internet. A cet égard, je salue la détermination du parquet dans l’affaire de l’individu qui avait appelé au boycott de produits israéliens par voie d’affichettes dans un centre commercial de Mérignac. »

    Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu, puis des dizaines de Tunisiens révoltés contre la dictature de ben Ali tombaient sous les balles. Profitant des fêtes, Michèle Alliot-Marie s'en allait réveillonner en Tunisie. A son  retour dans la patrie des droits de l'Homme, notre inoxydable  proposait à l'Assemblée nationale que la France de droite aide le Ben Ali à sécuriser sa Tunisie agitée par une méchante insurrection.

    " Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité."


    ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la... par SuperBeurkMan

  • Réinvestir le crime : le magasin aux accessoires légaux

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    " ll s'agit de savoir à cette heure si la République Française en est là. Je m'empresse de dire bien haut que, s'il ne s'agissait que de la République telle que l'ont faite vingt-cinq ans d'opportunisme, telle que nous la connaissons sous les espèces d'un Président-parvenu qui joue au souverain, d'un premier ministre sournoisement brutal qui essaye d'adapter à sa lourde main la poignée du glaive de la raison d'État, d'un Parlement où tout est représenté, sauf la conscience et l'âme de la France, il ne vaudrait sans doute pas beaucoup la peine de se préoccuper bien vivement du sort de cet édifice branlant. (Francis de Pressensé -1899)

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    Troisième république : 1893-1894

    arton1748-a6890.jpg" Un léger frisson troubla la quiétude des majorités, d'ordinaire si sereine d'inconscience, le jour où les "lois scélérates furent inscrites dans le Code.

    Mais bientôt chacun, dans son for intérieur, se morigéna et, afin de n'avoir pas à s'indigner de tout l'arbitraire que ces lois nouvelles faisaient prévoir, se fit une raison : 

    " A quoi bon s'effrayer ? Les lois scélérates étaient un tonnerre de parade. On allait reléguer ça dans le magasin aux accessoires légaux et elles ne seraient guère qu'un croquemitaine pour grands enfants... croquemitaine d'apparence rébarbative, mais en réalité bénin, — bonne pâte, carton-pâte."

     Emile Pouget

     Réinvestir le crime.

    La IIIème république, issue du Second empire et de la répression de la Commune de Paris, établit  le monopole politique d'une " bourgeoisie aussi égoïste et moins décorative que l'ancienne noblesse et de la corruption croissante d'une société asservie au capitalisme." ( Frédéric  de Pressensé)

    En quelques années, les anciens carbonari qui ont lutté contre le régime de la Restauration se sont métamorphosés en gardiens d'un régime à qui ils doivent leur carrière, leur fortune et la réalisation future de leurs sordides ambitions. 

    Les revendications sociales les plus élémentaires sont de longue date assimilées à une insurrection contre l'ordre établi — et L'Etat de droit n'a de cesse d'affirmer sa capacité de répression comme en témoigne le massacre de Fourmies du 1er mai 1891. 

    Sadi-Carnot, intronisé par ses pairs président de la république pour un mandat de 7 ans (3 décembre 1887),se présente comme le sauveur d'un régime malmené par l'épisode antiparlementariste du général Boulanger et le scandale politico-financier de Panama (1882) — scandale vite escamoté mais qui continue de jeter le discrédit sur des élites politiques et des parlementaires bienveillants  envers  des  milieux  d'affaires  véreux.  

    Pour  redorer le blason d'une  jeune république de 23 ans — déjà corrompue — et se rapprocher du peuple, Sadi Carnot met en scène son pouvoir : il diffuse ses portraits aux quatre coins du pays, il participe aux nécessaires œuvres de charité et multiplie ses déplacements dans les provinces  à la manière de Napoléon III — inspiré de l' Ancien régime.

    C'est  lors d'un de ces "voyages de souveraineté" à Lyon qu'il est assassiné le 24 juin 1894 par Santo Caserio, un anarchiste italien.

    Ce présicide,  est  utilisé à des fins de sanctification laïque du régime. 

    En 1893 et 1894, le gouvernement exploite la panique provoquée par quelques attentats d'anarchistes « individualistes » qui mettent en pratique la « propagande par le fait ». Ces actes, admis par une partie des militants anarchistes ne viset pas les personnes – du moins jusqu'à l'attentat d'Emile Henry, du 12 février 1894, et ses victimes anonymes.

    Sous le prétexte de défendre l'ordre social et la sécurité publique, le pouvoir puise alors dans le " magasin aux accessoires légaux " et initie des lois d'exception accompagnées de peines plus que draconiennes.

    Dans l'incapacité d'apporter une réponse à la question sociale, il va «réinvestir le crime de telle sorte qu'il puisse unir la population autour du régime.» ( Karelle Vincent )  

    *

    1893-1894 :  l'arbitraire et l'injustice.

    Les trois lois connues sous le terme générique de « lois scélérates », élaborées dans la précipitation, furent votées en sept mois. Fondées sur l'arbitraire et l'injustice elles se complétaient et violaient tous les principes du droit.

     « Elles abrogent les garanties conférées à la presse en ce qu'elles permettent la saisie et l'arrestation préventive ; elles violent une des règles de notre droit public en ce qu'elles défèrent des délits d'opinion à la justice correctionnelle ; elles violent les principes du droit pénal en ce qu'elles permettent de déclarer complices et associés d'un crime des individus qui n'y ont pas directement et matériellement participé ; elles blessent l'humanité en ce qu'elles peuvent punir des travaux forcés une amitié ou une confidence, et de la relégation un article de journal. » ( Léon Blum)

    Dans la pratique elles s'appuyèrent sur des magistrats zélés qui renchérissaient sur les textes légaux, ajoutaient la relégation au châtiment principal et faisaient peu de cas d'un point de droit absolu qui est que les lois n'ont pas d'effet rétroactif.

    Dans certains cas, la disproportion de la peine était telle qu'elle incitait le procureur ou le jury à intercéder pour une grâce ou une révision.  Par la loi du 28 juillet 1894,  tout condamné à plus d'un an de prison pour des délits « anarchistes » était  reléguable à une deuxième condamnation.  

    *

    Loi du 12 décembre 1893 :  saisie et arrestation préventive. 

    La loi du 12 décembre 1893 avait pour objet de modifier celle du 29 juillet 1881 sur la presse. Le prétexte en fut l'attentat de l'anarchiste Vaillant qui, le 9 décembre 1893, lança une bombe dans l'hémicycle de la Chambre des députés — cet acte qui ne fit aucune victime et n'interrompit même pas la séance du jour lui vaudra pourtant d'être guillotiné, Sadi Carnot lui refusant  la grâce présidentielle.

    Casimir-Perier se saisit de l'occasion pour soumettre au vote un ensemble de mesures répressives dont voici l'esprit : 

    « Alors que la loi sur la presse ne punit que la provocation directe aux faits qualifiés crimes, le nouveau texte frappait la provocation indirecte, c'est-à-dire l'apologie. Les pénalités étaient élevées. Dans tous les cas — exception faite pour les délits contre la sûreté intérieure de l'Etat  le juge pouvait, contrairement au principe posé par l'article 49 de la loi du 29 juillet 1881, ordonner la saisie et l'arrestation préventive. » (Léon Blum)

     *

    Loi du 18 décembre 1893 : l'intention et l'entente.

    Cette loi portait sur les associations de malfaiteurs. 

    Elle « lésait un des principes généraux de notre législation. La loi française pose en principe que le fait coupable ne peut être puni que quand il s'est manifesté par un acte précis d'exécution. Aux termes de ce nouveau texte, la simple résolution, l'entente même prenait un caractère de criminalité. » (Léon Blum)

    Le mot d'entente avait été choisi à dessein parce qu'il permettait de frapper aussi bien le présumé coupable que son entourage : famille, amis ou simples connaissances.

    « C'est sur ce mot d'entente que la discussion porta. Elle fut brève. M. Charpentier vint protester contre la précipitation avec laquelle le gouvernement demandait à la Chambre de créer ainsi à la fois un nouveau mot et un nouveau crime. MM. Jourde, de Ramel, Goblet montrèrent. que tout peut être considéré comme une entente, une lettre, une conversation, le hasard d'une rencontre, La Chambre ne les écouta pas. M. Flandin répondit qu'on voulait précisément atteindre des groupes non organisés, des concerts fortuits, des associations provisoires, et qu'à dessein l'on avait choisi le mot le plus vague qu'offrit la langue. Un amendement de M. Jourde tendant a  remplacer le mot entente par les mots «résolution d'agir concertée et arrêtée», fut repoussée par 406 voix contre 106.  406 voix contre 39 votèrent aussitôt après l'ensemble du projet de loi.  » ( Léon Blum)

    *

    Loi du 28 juillet 1894 : délits de plume et de parole.  

    La « loi tendant à réprimer les menées anarchistes » se présentait comme une réponse à l'assassinat de Sadi Carnot du 24 juin 1894. Elle muselait la presse  et l'opinion en réprimant toute forme de propagande — anarchiste ou pas —,  en créant l'équivalent d'une  double  peine  ainsi que d' une peine plancher et en envisageant d'interdire la reproduction des débats.  Le ministère la loi de 1894,  sera aussi le ministère de l’affaire Dreyfus.

    « Le lundi 9 juillet, le garde des sceaux, un sénateur du Vaucluse nommé Guérin, montait à la tribune, et donnait lecture d'un nouveau projet de loi destiné à atteindre ceux qui, « en dehors de tout concert et de toute entente préalable, font par Un moyen quelconque, acte de propagande anarchique » M. Guérin résumait en quelques mots la loi nouvelle. Il s'agissait non seulement des délits prévus par la loi du 12 décembre 1893 (délits de presse, délits publics), — mais de tous les actes de propagande, quels qu'ils fussent, des actes de propagande secrète, intime, confidentielle, résultant d'une conversation entre amis ou d'une lettre privée. Ces délits étaient désormais déférés non plus au jury, mais à la juridiction correctionnelle, « une répression rapide étant seule efficace ». L'emprisonnement devait être individuel sans qu'aucune diminution de peine ne pût s'ensuivre. Les tribunaux pouvaient décider que les condamnés seraient relégués à l'expiration de la peine. Les tribunaux pouvaient interdire la reproduction des débats. » (Léon Blum)

     

     *

    Le principe des lois d'exception  

    En quelques mois  le pouvoir mettait en place un dispositif législatif violant tous les principes du droit afin de museler  la presse, l'opinion et toute forme d'opposition. Il réactualisait les  lois de septembre, la loi de sûreté générale, et la loi des suspects antérieures.

    « Règle générale : quand un régime promulgue sa loi des suspects, quand il dresse ses tables de proscription, quand il s'abaisse à chercher d'une main fébrile dans l'arsenal des vieilles législations les armes empoisonnées, les armes à deux tranchants de la peine forte et dure, c'est qu'il est atteint dans ses œuvres vives, c'est qu'il se débat contre un mal qui ne pardonne pas, c'est qu'il a perdu non seulement la confiance des peuples, mais toute confiance en soi-même.» ( Francis de Pressensé

    Au regard des atteintes permanentes à la liberté d'expression, le manifeste sur les lois scélérates pourrait être remis à jour  — particulièrement dans leurs mécanismes juridiques qui autorisent tous les excès d'interprétation et d'application.

    " ll s'agit de savoir à cette heure si la République Française en est là. Je m'empresse de dire bien haut que, s'il ne s'agissait que de la République telle que l'ont faite vingt-cinq ans d'opportunisme, telle que nous la connaissons sous les espèces d'un Président-parvenu qui joue au souverain, d'un premier ministre sournoisement brutal qui essaye d'adapter à sa lourde main la poignée du glaive de la raison d'État, d'un Parlement où tout est représenté, sauf la conscience et l'âme de la France, il ne vaudrait sans doute pas beaucoup la peine de se préoccuper bien vivement du sort de cet édifice branlant. ( Francis de Pressensé)

     *

    Le manifeste  sur  les « lois scélérates ». 

    Rédigé par Francis de Pressensé, un juriste (Léon Blum), et Emile Pouget, le manifeste parut en brochure en 1899. Il réunissait les textes publiés antérieurement par ces trois auteurs dans la Revue blanche, accompagnés du texte des trois lois incriminées.

  • Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?

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    Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?

    par  Jacques-Marie BOURGET

    La suite de l’attentat contre Charlie Hebdo est comme une deuxième mort. Quand, face aux caméras de télévision, on ne trouve rien de mieux que Caroline Fourest et Philippe Val pour défendre la liberté de la presse, c’est qu’elle-même a décampé.

    L’attentat de Richard Lenoir n’en est pas seulement un contre un hebdomadaire et ses héros, il en cache un autre, celui qui fait crier des dizaines de milliers de français venus dans la rue pour défendre la « liberté de la presse ». Quelle liberté ? Celle de Dassault, de Lagardère, de Bergé, Pigasse et Niel, celle de Drahi ou Rothschild, de Pinault ou d’Arnaud ? Les hommes au bon cœur, en sortant de chez eux pour manifester la haine qu’ils éprouvent pour les ennemies de la liberté, n’ont pas imaginé qu’en allant ainsi user leurs semelles sur le froid macadam, ils cautionnaient le système. Celui qui fait que la presse est moribonde, étouffée par ses mensonges, par ses oublis, par ses réseaux et de son peu de goût pour cette maxime venu des États Unis, mais qui me plait quand même : le journaliste est là pour réconforter les faibles et affliger les puissants.

    Le pompon, comme le cordon du poêle que l’on doit tenir en ce jour de deuil, c’est le débarquement de Sarkozy à l’Élysée. Sarko is back, la belle image. Sorti du bavardage inutile avec Hollande, de son moment de connivence entre professionnel de la politique, on a pu entendre le nouveau président de l’UMP dauber sur « le système de sécurité français qui n’est pas adapté ». Il faut oser.

    Qui a organisé l’islam de France autour de l’UOIF au point que ce chef d’œuvre vient d’être couché par les Émirats Arabes Unis sur la liste des organisations terroristes ? Qui a soufflé sur le feu en Syrie avant de semer le chaos en Libye pour en faire deux nouvelles patries du djihad ? Principalement Sarkozy et ses compères du Qatar.

    Après la tuerie de Charlie le temps est venu, non point d’ouvrir les prisons et de donner plus des fusils aux gendarmes. Le temps est venu d’un mea culpa. Il faut qu’un tribunal international juge tous les politiciens, essentiellement ceux de Washington, de Ryad et de Doha, qui ont inventé et nourri le djihad et son esprit, celui qui nous frappe aujourd’hui.
    Rappelons nous combien Ben Laden était un gentil garçon quand, aux côtés de la CIA, il se battant en Afghanistan contre les soviétiques.
    Rappelons-nous l’indifférence occidentale aux tueries perpétrées en Algérie par les sbires du GIA, dès qu’ils sont rentrés au pays leur campagne afghane terminée.
    Rappelons-nous que les États-Unis refusent toujours de publier 28 pages du rapport officiel sur les attentats du 11 septembre. Feuillets qui mettent en cause la complaisance de l’Arabie Saoudite pour les guérilleros ailés de Manhattan.

    Peine perdue, demain nous passerons le micro à des Zemmour ou des Houellebecq puisqu’il semble que ce soit avec ces remèdes que les médias, et ceux qui les possèdent, entendent faire rendre gorge aux mahométans tout en sauvegardant la liberté de la presse.

    Jacques-Marie Bourget

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    http://www.legrandsoir.info/ah-bon-quelle-liberte-de-la-presse.html
  • UJFP: Être ou ne pas être Charlie...

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    43479-ujfp-logo,bWF4LTY1NXgw.jpg

    "L’Union Nationale" et "l’Union Sacrée" que l’émotion autour du massacre qui vient d’être commis essaie de nous imposer, manipulent les sentiments d’horreur et de révolte légitimes au service d’autres significations bien plus complexes et douteuses. La liberté d’expression n’est pas menacée en France, même la plus raciste. Nous ne sommes pas dans le camp de ceux qui soutiennent le racisme d’État ou les interventions impérialistes. Nous n’acceptons pas le "choc des civilisations" et la logique "terrorisme/antiterrorisme". Nous refusons d’avance toutes les nouvelles lois "sécuritaires" et toutes les nouvelles formes de discrimination ou d’injonction à l’égard des musulmans que cette union nationale ne peut manquer de produire. .UJFP

    Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question

    UJFP - Union Juive Française pour la Paix : http://www.ujfp.org/spip.php?article3760

    vendredi 9 janvier 2015

    3992716853.pngDans le chaos provoqué par l’attentat monstrueux qui a coûté la vie à douze êtres humains, il n’est pas facile de se situer. Entre ceux qui expriment uniquement douleur et colère justifiées, ceux qui « craignent les amalgames » et ceux qui appellent à l’union nationale (et internationale) contre l’Islamisme radical sous la bannière du slogan « je suis Charlie ».

    Bien sûr, le crime appelle douleur et colère, mais contre quoi exactement ?

    Ce massacre ignoble est revendiqué par des individus qui se disent membres de Al Qaida. La nécessité absolue de combattre les mouvances obscurantistes de l’islamisme radical ne doit pas nous rendre amnésique. Ces courants qui s’imposent par la terreur affirment commettre leurs crimes au nom de l’Islam. Leur développement a été rendu possible par les interventions impérialistes, le démembrement des États et l’utilisation par l’Occident de ce courant contre les forces progressistes. En France, la situation sociale insupportable que vit la population issue de l’immigration post-coloniale, le racisme d’État, l’islamophobie, les discriminations, la stigmatisation ou les contrôles au faciès portent une responsabilité évidente dans l’essor de ce courant qui touche en réalité une frange marginale d’une jeunesse de toutes origines mais sans horizon.

    Bien sûr le crime risque de provoquer des amalgames. Mais ces amalgames sont-ils nouveaux ? Charlie Hebdo, qui a longtemps représenté pour nous l’impertinence, l’insolence de mai soixante-huit, Wolinski, Cabu, l’écologie, RESF, ne s’est-t-il pas justement distingué dans l’art graphique et politique de l’amalgame depuis des années ? Et que les choses soient claires, personne ici ne dit qu’il n’avait pas la liberté de le faire et il a eu toute liberté de le faire des années durant.

    Avoir la moindre complaisance ou compréhension pour des assassins de dessinateurs ou pour la mise à mort de gens en raison de leurs idées est insensé.

    Mais Charlie Hebdo a mené une bataille politique. Et occulter et faire oublier dans quel contexte il publiait ses caricatures faisait partie de sa bataille politique.

    Peut-on imaginer des caricatures émanant de journaux progressistes critiquant la religion juive pendant les années trente au moment de la montée de l’antisémitisme et de la persécution des juifs ? Et nous ne parlons pas ici de caricatures antisémites de l’époque mais de caricatures critiquant la religion juive.

    Comment la critique des religions pourrait-elle faire abstraction du rapport dominant/dominé ? Critiquer les religions cela se fait aussi dans un contexte, dans un moment politique qui n’est aucunement neutre à l’égard des musulmans. Les actes de Charlie Hebdo, et les caricatures et les articles sont des actes et ont participé au développement de l’islamophobie en France. Développement du mépris et du racisme à l’encontre de tous les musulmans, des lois chargées de protéger « la laïcité à la française » contre eux, des mosquées attaquées, des agressions physiques contre des gens "d’apparence musulmane". Leur désignation comme boucs émissaires de la crise économique et sociale, qu’ils subissent aussi et souvent en première ligne, à l’aide des « amalgames » est en marche depuis des années.

    Des ghettos et des discriminations, il n’en est pas question aujourd’hui, l’« union nationale » peut se faire avec le sang de tous ces morts, contre les musulmans, des mosquées brûlent déjà (encore), le terrain a été préparé de longue date.

    Le "suicide français" est en marche annonçait le mois dernier un autre Charlot.

    "L’Union Nationale" et "l’Union Sacrée" que l’émotion autour du massacre qui vient d’être commis essaie de nous imposer, manipulent les sentiments d’horreur et de révolte légitimes au service d’autres significations bien plus complexes et douteuses. La liberté d’expression n’est pas menacée en France, même la plus raciste. Nous ne sommes pas dans le camp de ceux qui soutiennent le racisme d’État ou les interventions impérialistes. Nous n’acceptons pas le "choc des civilisations" et la logique "terrorisme/antiterrorisme". Nous refusons d’avance toutes les nouvelles lois "sécuritaires" et toutes les nouvelles formes de discrimination ou d’injonction à l’égard des musulmans que cette union nationale ne peut manquer de produire. .

    Alors aujourd’hui craindre l’amalgame nous semble plus qu’insuffisant. La France se dit un État de droit, les criminels doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes. Mais leur crime va bien au-delà, il vient en réalité de libérer la politique de l’amalgame, et du bouc émissaire. En ce sens les bourreaux comme les victimes de l’attentat étaient partie prenante de la guerre des civilisations. En ce sens, si les assassins nous font horreur, Charlie n’était pas et n’est pas pour autant notre ami et « nous ne sommes pas Charlie ». Si notre solidarité et notre profonde compassion vont à tous les journalistes, salariés, policiers, victimes innocentes de cette tragédie et à leurs familles, l’union qu’il faut construire aujourd’hui est celle d’une France qui accepte d’être enfin celle de tous ses citoyens, musulmans inclus. La bataille contre le terrorisme passera par la bataille pour l’égalité, la justice, la reconnaissance de la France d’aujourd’hui dans toute sa diversité source d’immense richesse. Pour qu’au bout de cette nuit, le jour se lève, nous devons être aujourd’hui des musulmans.

    Bureau national de l’UJFP 9 janvier 2015

    Nous apprenons à l’instant la prise d’otage d’un supermarché casher de la Porte de Vincennes, à Paris, qui semble liée à une attaque de plus grande envergure. Plus que jamais notre travail à l’UJFP sera de construire du « commun » autour des valeurs universelles que nous venons d’énoncer. Comme juifs, nous serons toujours du côté du dominé, du racisé, du discriminé, qu’il soit musulman, Rrom, juif...

    Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - 21 ter rue Voltaire, 75011 PARIS
    Téléphone : 07 81 89 95 25 / E-mail : contact@ujfp.org :
    Site WEB :
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  • M'PEP: Partout en France, se mobilier contre la barbarie

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    270651_142258225961932_976858221_n.jpg?oh=f9341e9276eb0e60bdbd5854b3d970bd&oe=55357FDF&__gda__=1430207502_cca360ce5b532f9beff535ab57aa7985C’EST LE PEUPLE TOUT ENTIER QUI DOIT SE MOBILISER, PARTOUT EN FRANCE, CONTRE LA BARBARIE

     Communiqué du Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP).

     Le 9 janvier 2015.

    3992716853.png Le M’PEP continuera, plus que jamais, son combat pour la laïcité, la liberté d’expression et l’indépendance de la presse, contre le néolibéralisme, le libre-échange, l’Union européenne.

     Le peuple de France doit se lever pour combattre sans merci un ennemi qui doit être clairement désigné : le fondamentalisme islamique. Tel est le contenu sur lequel le peuple doit se rassembler. Dans ce combat, la laïcité est une arme décisive. Pourtant, depuis des années, la laïcité a été attaquée, directement ou sournoisement. On parle désormais de « fondamentalisme » ou « d’intégrisme » républicain, on ajoute « ouverte » à la laïcité sous le mauvais prétexte qu’elle serait « fermée ».

    La pensée laïque ne méprise pas les modes de représentation portés par les discours religieux mettant en jeu les forces de l’ « autre monde » (les dieux), mais leur dénie toute légitimité pour définir le lien politique dans la cité, notamment lorsqu’ils contestent les bases scientifiques du savoir.

    La laïcité est un instrument d’émancipation. L’individu peut alors s’extraire de sa détermination sociale : il ne se réduit pas aux caractéristiques hasardeuses et subies de son origine familiale, ethnique, religieuse ou de genre. La laïcité, dans son principe même, est une arme très efficace, qui prémunit notre société contre une dérive majeure confirmée par l’histoire : la tendance à l’invasion de l’autorité publique par le religieux.

    L’idée laïque a toujours permis de lutter contre une mainmise de l’ordre religieux et moral sur la loi qui se traduit inévitablement par une oppression arbitraire sur la liberté de conscience et d’expression, sur les religions minoritaires et sur la condition féminine. La loi de 1905 donne à la laïcité un contenu positif : la garantie de la liberté de conscience.

    L’Etat laïque permet à tous de choisir, ou non, une option spirituelle et religieuse, d’en changer ou d’y renoncer. Les religions ont pris une place exorbitante dans l’espace public, alors que les athées et les agnostiques, bien plus nombreux, sont ignorés.

     D’autre part, la barbarie islamiste a des causes profondes qu’il faut comprendre si on veut y mettre un terme en profondeur. Telle n’est pas la voie dans laquelle semblent s’engager les principaux partis politiques qui appellent aux rassemblements du 11 janvier.
    Ces partis auraient dû appeler le peuple – tout le peuple – à manifester, au-delà des appartenances partisanes et sans exclusion. Il doit être clair, toutefois, que si le peuple doit se rassembler pour combattre son ennemi, le débat politique doit se mener sur la responsabilité des uns et des autres dans la situation présente.

    La mondialisation néolibérale, en cours depuis le tournant des années 70 et 80 est la première cause de la montée du fondamentalisme islamiste. En aggravant les inégalités entre pays et à l’intérieur de chaque pays, les politiques néolibérales menées désormais sur la presque totalité de la planète génèrent pauvreté, misère matérielle et morale, déliquescence des liens sociaux, qui peuvent susciter chez certaines victimes de ces politiques une rage et une soif de donner un sens à leur vie en combattant le système qui leur paraît être à l’origine de leur exclusion.

    Au néolibéralisme, il faut ajouter les actions suicidaires menées par l’OTAN en Afghanistan, en Lybie, en Syrie, en Irak, au Yémen, et celles menées par les gouvernements israéliens contre le peuple palestinien.

    C’est toute la politique menée par l’Occident qui doit être revue de fond en comble. Tous les partis qui appliquent les politiques néolibérales, qui soutiennent l’OTAN et les gouvernements de l’Etat d’Israël ont une part de responsabilité dans la montée du fondamentalisme islamique. Marine Le Pen et le Front national ont également leur part de responsabilité quand ils ne cessent d’encourager les propos et comportements racistes à l’égard des Arabes et des Musulmans, quand l’immigré devient le bouc émissaire.

  • " Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse...?"

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    En ces temps politiques d'union nationale et de tartufferies diverses.

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    Un article de Jean Ortiz, parut dans le Grand Soir :

    3992716853.pngQu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Charlie Hebdo. Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux (Suivi de : Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle)

     Les monstres qui ont commis ce crime inqualifiable au siège de Charlie Hebdo, l’hebdo insoumis, provocateur, antiraciste, humaniste (mais qui fut injuste envers ce site où j’écris* ), sont des hommes formatés par des courants religieux fascisants, par des Etats théocratiques « fondamentalistes », «amis de la France », pour faire taire l’esprit critique, l’humour, l’anticonformisme, la pensée libre, la laïcité, la création sans rivages... Ils n’ont aucune excuse.

    *Il s'agit du site Le Grand soir

     J’ai du mal à concevoir que des hommes aient pu à ce point s’aliéner, s’avilir, se fanatiser, se laisser manipuler, s’animaliser, pour produire une telle barbarie.

    Je suis en deuil. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... Cette « gueuse » que sociaux et néolibéraux n’ont de cesse, depuis plus de trente ans, de dépecer, de démonter, d’affaiblir par l’explosion des inégalités, le communautarisme, l’instrumentalisation du racisme, la concurrence à tout crin, par le rabougrissement de l’Etat, la multiplication des brisures sociales, la ruée contre les services publics et les biens communs, la casse de l’ascenseur social scolaire, jadis intégrateur, la pratique de l’amalgame délétère « Islam = terrorisme » , le « no future » pour des millions de jeunes Français, quelle que soit leur origine.

    Et on voudrait aujourd’hui que je défende, au nom de la douleur, ma République sociale et démocratique bras-dessus bras-dessous avec ses fossoyeurs, avec ceux qui, à force de déifier le marché, de le débrider toujours plus, de tout marchandiser, de dépolitiser, ont laissé le champ libre aux intégrismes de toutes sortes ?

    Oui, je crois à la nécessaire, à l’urgente unité populaire et républicaine, mais avec tous les Républicains sincères, tous ceux qui partagent ces valeur de base, la tolérance, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le débat sans corsets, la liberté sans demi-mesure, et notamment celle des médias ; oui, je crois à l’unité avec tous ceux qui défendent le pluralisme de l’information... pas avec les hypocrites qui pleurent aujourd’hui sur la République menacée et qui n’ont cessé d’attiser les haines raciales, les vieilles peurs, de stigmatiser l’autre, de détruire toute espérance progressiste...

    Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse alors que Charlie Hebdo était sur le point de déposer le bilan, que le pouvoir rend chaque jour la vie plus difficile, par des dispositions mortifères à « l’Humanité », au « Monde Diplomatique » ? De quelle liberté d’information parle-t-on ? De celle sous la coupe des marchands d’armes, des bétonneurs, des chiens de garde de l’oligarchie, du latifundium médiatique désinformateur, de la pensée unique et cynique.

    Oui, je crois à l’unité populaire et républicaine face à la barbarie, mais avec tous ceux qui consacrent beaucoup d’énergie à solidariser, à « faire pays » quand les autres l’atomisent, le livrent à la guerre de tous contre tous, le blessent, le défigurent, en font une jungle. Je me souviens que lorsque Charlie Hebdo nous gratifiait de quelques « unes » décapantes, les moralisateurs venaient faire la leçon à ces « dangereux agitateurs ».

    Alors, oui, je suis en deuil, je l’assume, je le revendique. Il y a danger, il faut se rassembler. Oui, j’ai mal, mais je ne veux pas partager ce deuil et cette douleur avec ceux qui ont contribué à créer le climat nauséabond et létal qui ronge notre pays depuis des années. Oui, l’islamisme, comme tous les intégrismes, est un danger. Mais qui arme et entraîne ces monstres ? Le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, ces Etats voyous, extrémistes, obscurantistes, valets de l’impérialisme français, qui blanchissent les milliards sales dans des paradis fiscaux, garantissent aux multinationales occidentales une chasse gardée pétrolière, piétinent les droits de l’homme et des femmes, combattent les laïques et la gauche... Comment peut-on à la fois s’ériger en gendarme international contre les groupes terroristes, et livrer, par exemple, le Paris-Saint-Germain au Qatar ?

    Alors, oui, je manifesterai, le cœur et la colère gros, mais en prenant soin d’éviter les infréquentables. Je ne veux pas, je le redis, partager ce deuil et cette douleur avec eux.

    Jean Ortiz

     *

    Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle

    Tout ce que j’écrivais hier soir, à contre courant, sous le titre : « Je ne veux pas partager mon deuil et ma colère avec eux » s’avère de plus en plus fondé, justifié. La récupération politicienne de la douleur n’a guère attendu que le sang sèche...

    Quel est le statut de la manifestation « historique » de dimanche ? Qui sont les organisateurs ? Si l’on s’en tient aux médias, c’est F. Hollande et M. Valls qui l’organisent, qui invitent, dans un souci désintéressé d’ « unité nationale »... et nullement de remontée dans les sondages. La lutte contre le terrorisme, nécessaire, sert de prétexte à l’ « union sacrée », à la relégation des questions sociales, des causes et des ravages de la crise, des fruits pourris de la violence, du terrorisme, sert à l’abdication devant les inégalités, source d’affrontements, devant la pauvreté, l’exclusion, l’affaiblissement de la laïcité, l’obscurantisme, qui gagnent du terrain...

    Manifestement, le chef de l’Etat et le premier ministre font une OPA sur la manifestation, en instrumentalisant la douleur et l’émotion. Comment peut-on manifester pour défendre la République, aux côtés du néo-franquiste Mariano Rajoy, qui combat en Espagne le rétablissement de la République, qui fait une loi pour criminaliser les mouvements sociaux, qui s’accommode de 130 000 Républicains « disparus » dans des fosses communes, qui subventionne le parc thématique fasciste du « Valle de los Caidos » (Patrimonio real), qui s’en prend aux droits des femmes, qui contraint près de 50% des jeunes diplômés au chômage et à l’exil ? Lui offrir un vernis de défenseur de la démocratie, à quelques mois d’élections générales, où la gauche de gauche (Podemos, Izquierda Unida...) peut gagner, ce n’est pas aider l’alternative possible. Quant à la présence de Merkel, Cameron, Renzi, des sabreurs de l’Union Européenne, il faudra se boucher le nez et les oreilles. Oui, il y a « hold-up » sur l’indignation populaire contre la haine, la violence, l’intolérance...

    Jean Ortiz

    URL de cet article 27742 :
    http://www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-je-ne-veux-pas-partager-mon-deuil-et-ma-douleur-avec-eux-suivi-de-dimanche-la-manifestation-historique.html
  • LO : Contre l'attentat barbare et ceux qui l’exploitent

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    Lutte Ouvrière partage la profonde indignation provoquée par l’attentat commis le 7 janvier à Paris. Nous exprimons notre émotion et notre solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo et avec les proches des victimes, que pour certaines nous connaissions, ce qui nous touche d’autant plus.

    Cet attentat est un acte ignoble. Il a visé des journalistes pour ce qu’ils ont dessiné et écrit, ainsi que ceux qui les protégeaient. Ceux qui emploient de telles méthodes ne sont pas seulement des ennemis de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, ils sont par là même des ennemis des travailleurs, de leur liberté de s’exprimer et de s’organiser. Quelle que soit l’idéologie dont ils se réclament, leurs méthodes visent à imposer la dictature sur une population ou une fraction de population. Le terrorisme, qu’il soit employé par les États ou par des groupes cherchant à constituer un pouvoir d’État, vise à faire taire toute expression divergente, et il frappe toujours et surtout la liberté des opprimés de lutter contre l’exploitation qu’ils subissent.

    En même temps, nous ne pouvons qu’être choqués par l’exploitation politique qui est faite maintenant de cet évènement par différents partis politiques et surtout par le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls. En appelant à l’unité nationale à partir de cet événement, il cherche à restaurer dans l’opinion un crédit qu’il a largement perdu de par toute sa politique. Il veut en particulier justifier, par cet attentat attribué à ce qu’on appelle des « djihadistes », les interventions de l’armée française en Afrique et au Moyen-Orient.

    En agissant ainsi et alors qu’il prétend les défendre, le gouvernement trahit la mémoire des journalistes assassinés eux-mêmes. Ils étaient non seulement des ennemis irréductibles des idéologies religieuses, mais aussi des anti-militaristes opposés à toutes les expéditions militaires. Mais de plus, par une opération qui au fond est symétrique de celle que voudraient faire les « djihadistes », le gouvernement voudrait imposer sa politique comme la seule possible. Or les manœuvres et les opérations militaires des puissances impérialistes, menées en Afrique et au Moyen-Orient pour faire prévaloir les intérêts des grandes sociétés occidentales, portent elles-mêmes une lourde responsabilité dans le développement de bandes armées sans contrôle qui agissent dans ces pays, mais qui cherchent aussi à agir ici.

    C’est pourquoi Lutte Ouvrière ne participera pas à des manifestations visant à faire prévaloir une unité nationale dans laquelle pourront se retrouver différentes forces politiques, du Parti socialiste à la droite et au Front national. L’instrumentalisation de l’attentat à Charlie Hebdo de leur part, pour des objectifs auxquels les journalistes assassinés eux-mêmes étaient opposés, est indécente, sans oublier la façon dont certains de ces partis chercheront à l’exploiter dans un sens raciste et xénophobe. Il n’est pas question de nous retrouver au côté de partis qui portent une grande part de responsabilité dans la situation de crise et dans la montée de la barbarie à laquelle on assiste et dont l’attentat à Charlie Hebdo n’est qu’une manifestation de plus.

    Lutte Ouvrière exprime encore une fois toute son indignation, sa solidarité avec les victimes et leurs proches, et continuera à lutter pour la liberté d’expression et de critique, à commencer par la liberté des travailleurs et de tous les exploités de lutter contre cette société capitaliste d’exploitation et d’injustice, que toute la politique de ce gouvernement vise à maintenir.