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Politique - Page 9

  • Intégrité et exemplarité ?

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    " Les moyens mis à la disposition des ministres sont réservés à l’accomplissement de leur mission. Seules les dépenses directement liées à l’exercice des fonctions sont prises en charge par l’État. "

    Charte de déontologie des membres du Gouvernement

    Il faudra corriger la charte : "les moyens mis à la disposition des enfants du premier ministre sont réservés à l'accomplissement de leur mission". l

    3992716853.pngAlors que les courants et sous-courants du PS, réunis à Poitiers ce week-end pour le 77e congrès du parti, négociaient leurs places au sein du futur conseil national, Manuel Valls s'envolait samedi soir dans un avion de la République pour assister à la finale de la Ligue des Champions entre la Juventus de Turin et le « Barça », club dont Valls, né dans la capitale catalane, est un inconditionnel. Médiapart

    3992716853.pngOn objectera qu'aucun texte n'interdisait formellement à Valls d'aller applaudir son cher club catalan aux frais des contribuables français. Mais si (bis). Il y a bien un texte. On peut le consulter facilement en ligne sur un obscur site Internet, celui de l'Elysée. C'est une charte élaborée par le mouvement anticorruption Anticor, et signée (c'est indiqué en dessous) par les membres de l'actuel gouvernement. Laquelle charte, donc, stipule (article 5) que "les moyens mis à la disposition des ministres sont réservés à l’accomplissement de leur mission. Seules les dépenses directement liées à l’exercice des fonctions sont prises en charge par l’Etat". Ce texte n'a, il est vrai, aucune valeur contraignante. Il est là pour faire joli. D'ailleurs, le déplacement de Valls, a-t-il sérieusement assuré, était parfaitement professionnel : il s'agissait d'aller toutes affaires cessantes s'entretenir du Mondial 2016 avec Michel Platini, l'homme qui pas plus tard que la semaine dernière appelait Blatter à la démission, pour cause de corruption. Après une réunion aussi harassante, si on n'a pas le droit de se détendre en regardant un beau match !  Aéro-Valls, par Daniel Schneidermann - Arrêts sur images.

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    L’escapade berlinoise de Manuel Valls est-elle une « faute politique » ? Le Monde.fr Par Jérémie Baruch, Samuel Laurent et Maxime Vaudano

     

  • Renault et la condition ouvrière turque

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    "Le patronat de la métallurgie (dont Renault fait partie) et le syndicat pro-patronal et pro-gouvernemental Türk Metal-is ont signé un accord pour 3 ans (de 2014 à 2017) avec des hausses de salaires d’environ 3% alors que l’inflation dépasse les 20% par an en Turquie." J-P Mercier CGT

    Mercredi 27 mai 2015, les ouvriers de l’usine Renault de Bursa, en Turquie, en grève depuis le 14 mai ont repris le travail. Ils demandaient une augmentation de  leur salaire de 60 %. Ils n'ont pas obtenu satisfaction mais les propositions de Renault-Oyak qu'ils ont accepté en disent long sur les conditions qui leur sont faites. :

    1. Personne ne sera licencié pour faits de grève.

    2. Renault retire sa plainte déposée contre les travailleurs accusés de menées criminelles.

    3. Oyak Renault  reconnaît la liberté d'affiliation syndicale à  tous les salariés.

    4. Dans un délai d'un mois, après  analyse des salaires, il y aura une augmentation des salaires Elle sera appliquée avec une  augmentation plus importante pour les bas salaires que  pour  les salaires plus élevés.

    5. Une prime de 1000 livres turques [ 350 € ] sera versée à tous les salariés d'ici à la fin de la semaine.

    6. A la fin de l'année, une prime de rendement d'un minimum  net de  600 livres [200€] sera versée à tous.

    7. Les travailleurs, qui n'étaient pas membres du syndicat pourront élire librement leurs porte-paroles, responsables de la communication entre l'entreprise et les travailleurs. Jusqu'à cette élection, les porte-paroles actuels sont reconnus par Renault Oyak.

    8. 480 livres [170 €] seront versées par les banques qui assurent le paiement des salaires.

    9. Oyak Renault ne demandera rien concernant d'éventuels dommages survenus pendant le mouvement, et de la même manière les travailleurs n'intenteront pas  d'actions judiciaires et ne feront pas de réclamations contre l'Oyak Renault pour les faits  qui se seraient  déroulés pendant les événements. Source NPA

    Le journal Le Point nous apprend également que, suite à ce mouvement, le patronat a eu chaud ainsi que la classe politique turque :

    " La contestation avait (...) gagné les filiales turques des constructeurs italien Fiat et américain Ford, paralysant largement un secteur considéré comme une locomotive de l'industrie turque à la veille des élections législatives du 7 juin. Le travail a repris dès la fin de la semaine dernière chez les concurrents de Renault après la signature d'accords d'augmentation de salaires. Spécialisée dans la carrosserie et l'assemblage de voitures telles que la Clio et la Fluence, l'usine Renault de Bursa est l'une des plus importantes de Turquie et affiche une capacité de production de 360 000 véhicules par an."

  • La guerre d'Algérie et les silences du Panthéon

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    3992716853.png …Je n’ai pas « choisi » les gens à sauver : j’ai sauvé délibérément tous ceux que j’ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. Je n’ai ni cherché ni (certes) désiré les périls représentés par l’entreprise qui me fut proposée en juillet 1957: exactement, c’est l’entreprise qui est venue me tirer par la main. « Il se trouve» que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; «il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et «il se trouve » qu’elles correspondaient en moi à des blessures ; «il se trouve», enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C’est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu’aucune n’a cassé, que je n’ai ni rompu avec la justice pour l’amour de la France, ni rompu avec la France pour l’amour de la justice."

    G. Tillion, Lettre ouverte à Simone de Beauvoir, 1964-
    A la recherche du vrai et du juste
    , p.259.

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    Germaine Tillion est entré au Panthéon. Cette résistante au régime de Vichy et au fascisme, fonda le réseau du Musée de l’homme, un des premiers réseaux de la Résistance intérieure, où gravitaient également Pierre Brossolette et Geneviève De Gaulle-Anthonioz.

    C’est en organisant, avec le réseau Gloria SMH, l’évasion de Pierre de Vomécourt que Germaine Tillion fut arrêté par les Allemands. Accusée de cinq chefs d’inculpation punis de mort, elle fut déportée en Allemagne au camp des femmes de Ravensbrück sous le régime N.N. (Nacht und Nebel - Nuit et brouillard), c’est-à-dire condamnée à être exterminée.

    3992716853.png Si j’ai survécu » écrit-elle dans  Ravensbrück, " je le dois à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à la coalition de l’amitié." " Le groupe donnait à chacun une infime protection (manger son pain sans qu’on vous l’arrache, retrouver la nuit le même coin de grabat), mais il donnait aussi une sollicitude amicale indispensable à la survie. Sans elle, il ne restait que le désespoir, c’est-à-dire la mort."

    En 1950, elle contribua avec  David Rousset, Alfred Balachowsky et  Louis Martin-Chauffier  à la création de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire, qui dénonçait l’existence des goulags staliniens en URSS.

    Au lendemain des premiers attentats de novembre 1954,  en Algérie, elle est missionnée par le gouvernement français pour observer le sort fait à la population civile des Aurès qu'elle avait rencontrée en 1934 lors de sa première mission ethnographique. Les bouleversements économiques survenus chez les paysans Chaouïa entraîne alors une misère qui les pousse vers la périphérie des villes et qui les clochardise.

    3992716853.png La clochardisation, c’est le passage sans armure de la condition paysanne (c’est à dire naturelle) à la condition citadine (c’est-à-dire moderne). J’appelle « armure » une instruction primaire ouvrant sur un métier. En 1955, en Algérie, j’ai rêvé de donner une armure à tous les enfants, filles et garçons." (La traversée du mal, p.97)

    Convaincue de la nécessité de l’instruction pour combattre cette extrême misère elle élabora sous le couvert du Gouverneur général, Jacques Soustelle, un plan d’éducation populaire.  En 1955, les Centres sociaux éducatifs - qui fonctionneront jusqu'en 1962 -, furent ouverts pour les ruraux musulmans algériens déplacés. Le 15 mars 1962, un commando delta de l'O.A.S. assassinera six de ses inspecteurs.

    3992716853.png Ils étaient six, Algériens et Français mêlés. Tous inspecteurs de l’éducation nationale, réunis le 15 mars 1962, trois jours avant la signature des accords d’Evian, à Château-Royal dans le quartier d’El Biar, près d’Alger. Parmi eux, Max Marchand, leur responsable, un Normand passionné d’Algérie, et Mouloud Feraoun, l’écrivain kabyle. Ils dirigent des centres sociaux lancés en 1955 par Germaine Tillion, où l’on crut jusqu’au bout à l’alphabétisation et à la formation professionnelle des jeunes et des adultes pour apprendre, enfin, à vivre ensemble un peu moins mal. Un commando Delta de tueurs de l’OAS, commandé semble-t-il par l’ex-lieutenant Degueldre, les déchiqueta à l’arme automatique, ce jour-là, comme des chiens, dos au mur, pour qu’un dernier espoir s’éteigne. " (Jean-Pierre Rioux)

    Germaine Tillion a dénoncé la torture en Algérie, vite devenue un crime à grande échelle, et s'est efforcée d’empêcher les exécutions capitales comme les attentats aveugles contre la population civile:

    3992716853.png C’est en janvier 1957 que la guerre d’Algérie prend un tournant irréversible, lorsque Robert Lacoste confie tous les pouvoirs de police à l’armée. Tournant dramatique car à partir de ce moment-là, de Paris, la République française, va cesser d’être obéie en Algérie. Il est vrai que ce que l’on voyait le plus, à Alger, à Oran, Constantine, c’étaient des Français terrifiés, pauvres, éloquents, très semblables aux jeunes soldats qui venaient les défendre. Les Algériens " d’avant 1830 ", ils étaient ailleurs, pas aussi évidents. Le 13 mai 1958 ne sera qu’un épisode de cette dissidence qui s’amorce dès les premiers attentats urbains. Dès lors tout va dégénérer. Et particulièrement avec la torture qui est censée protéger les citadins des attentats. 

    Ce que nous avions stigmatisé quelques années auparavant chez les nazis, la France libérale, démocratique, socialiste l’applique à son tour et à sa manière. La preuve qu’aucun peuple n’est à l’abri d’une infection par ce mal absolu.

    Je suis alertée à Paris sur la torture dès février 1957 : plusieurs enseignants des Centres sociaux venaient d’être arrêtés et torturés sans qu’on puisse prouver leur responsabilité dans un délit quelconque. J’ai fait pour eux ce que j’ai pu et, avec quelques camarades survivants de la Résistance française, nous avons demandé à la Commission internationale qui avait enquêté sur les crimes de Staline de venir cette fois enquêter en France. Ce qu’elle a fait. Il s’agit de la commission créée par David Rousset : CICRC (Commission internationale contre le régime concentrationnaire)." (G. Tillion)

    Durant la guerre d'Algérie, Germaine Tillion est intervenue en faveur de membres du FLN ou de l’OAS. 

    3992716853.png  En juillet 1957, en pleine "Bataille d’Alger", elle favorise le premier contact entre les dirigeants du FLN (ce qui lui sera beaucoup reproché) et le gouvernement français qu’elle racontera dans Les Ennemis complémentaires. Dans ce livre, on trouve le récit des rencontres tumultueuses avec Yacef Saâdi, les dénonciations virulentes de la torture, les plaidoyers contre la peine de mort, une correspondance abondante avec le général de Gaulle après 1958, des interventions pour faire libérer de prison aussi bien des anciens « porteurs de valises » du FLN que des anciens membres de l’OAS. Elle rejette le terrorisme aveugle dirigé contre les civils européens, et exprime dans le même temps sa préférence pour une solution politique permettant de sortir du système colonial. (B.Stora)

    Parce qu’elle avait activement participé à l’élaboration du Programme du Conseil national de la Résistance, Germaine Tillion fut, notamment avec Raymond et Lucie Aubrac, signataire de l’Appel des Résistants aux jeunes générations  du 8 mars 2004.

     

    > Site consacré à Germaine Tillions http://www.germaine-tillion.org/

    > Un texte inédit de l’ethnologue Germaine Tillion : Vivre pour comprendre - Monde Diplo

    > Quand le Musée de l'homme inventait la Résistance  Jean-Marie Pottier / Slate

    > Lettre de Germaine Tillion au tribunal allemand  / Huffington post

    > Germaine Tillion et la guerre d'Algérie - LDH Toulon

    > l’Appel des Résistants aux jeunes générations - 8 mars 2004.

    > Germaine Tillion, une femme combattante, Benjamin Stora.

     

     En ces temps-là...François Mitterrand

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    3992716853.png Le manque de volonté politique des gouvernements français successifs de traduire en justice les responsables de ces crimes a contribué a présenter la torture, les exécutions sommaires et les "disparitions" comme des maux nécessaires. La lutte contre l'impunité constitue la pierre d'angle de l'éradication de la torture et des crimes contre l'humanité."

    Amnesty international

    Pendant les trois premières années de la guerre d’Algérie, de  1954 à 1957, François Mitterrand fut ministre de l’Intérieur puis ministre de la Justice. 

    3992716853.png A 39 ans, il prend ses fonctions de ministre de la Justice, le 2 février 1956, dans le gouvernement de Guy Mollet. C'est un homme politique confirmé, qui a déjà assumé sept portefeuilles ministériels depuis la fin de la guerre. Il connaît bien le problème algérien, puisqu'il était ministre de l'Intérieur quand l'insurrection a éclaté, quinze mois plus tôt, le 1er novembre 1954. Sa réaction d'alors est connue : « L'Algérie, c'est la France [...] ceux qui veulent l'en dissocier seront partout combattus et châtiés " (François Malye)

    A l'époque, pour la majeure partie de la classe politique, il n'était pas question d'envisager l'indépendance de l'Algérie. Quant à  La gauche traditionnelle, elle se refusait de prendre en  compte le nationalisme algérien et la question coloniale.

    Dès le 8 mai 1945, l'armée française avait massacré des milliers d'Algériens dans les régions de Sétif, Guelma et  Kherrata.

    3992716853.png Les forces politiques issues de la Résistance se laissent investir par le parti colonial. « Je vous ai donné la paix pour dix ans ; si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable », avait averti le général Duval, maître d’œuvre de la répression.

    Le PCF – qui a qualifié les chefs nationalistes de « provocateurs à gages hitlériens » et demandé que « les meneurs soient passés par les armes » – sera, malgré son revirement ultérieur et sa lutte pour l’amnistie, considéré comme favorable à la colonisation.

    En Algérie, après la dissolution des AML le 14 mai, les autonomistes et les oulémas accusent le PPA d’avoir joué les apprentis sorciers et mettent fin à l’union du camp nationaliste. Les activistes du PPA imposent à leurs dirigeants la création d’une organisation paramilitaire à l’échelle nationale. Le 1er novembre 1954, on les retrouvera à la tête d’un Front de libération nationale. La guerre d'Algérie a bel et bien commencé à Sétif le 8 mai 1945." (Mohammed Harbi)

    Face à l'insurrection, le gouvernement Mendès France choisit la politique de la répression. Lors d'un bref voyage d'inspection dans les Aurès (27-30 novembre 1954), François Mitterrand, en sa qualité de ministre de l'Intérieur, s'en fait le porte-parole.

    3992716853.png (...) Il faut que les populations comprennent qu'elles doivent nous aider, ou bien qu'elles s'exposent par la force des choses et malgré notre volonté à souffrir davantage de la situation présente. Sans le concours des populations rien n'est tout à fait possible, sans aucun doute, mais les premières victimes si elles n'agissent pas dans ce sens, ce sera (sic) elles. Et comme notre devoir est de les en prévenir, nous ne manquerons pas une occasion de le faire. Nous ne frapperons donc pas d'une manière collective, nous éviterons tout ce qui pourrait apparaître comme une sorte d'état de guerre, nous ne le voulons pas. Mais nous châtierons d'une manière implacable, sans autre souci que celui de la justice, et dans la circonstance, la justice exige de la rigueur, les responsables. Et tous ceux qui seront surpris agissant d'une façon évidente par le moyen des armes contre l'ordre doivent savoir que le risque pour eux est immense, dans leur vie, dans leurs biens et, si nous le regrettons puisque ce sont nos concitoyens, ils sont soumis, comme tout criminel, à la loi ; et la loi sera appliquée. Voilà ce que je vous dis, au nom du gouvernement." Extrait de l'allocution de F. Mitterrand dans les Aurès

     

    Au nom de la lutte contre la “subversion”, le droit de la guerre n'était pas appliquer en Algérie et les nationalistes n'étaient  pas considérer comme des combattants.

    3992716853.png Le 17 mars 1956 sont publiées au Journal officiel les lois 56-268 et 56-269, qui permettent de condamner à mort les membres du FLN pris les armes à la main, sans instruction préalable. Pourtant avocat de formation, François Mitterrand accepte d’endosser ce texte terrible : " En Algérie, les autorités compétentes pourront [...] ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens [...] si ces infractions sont susceptibles d’entraîner la peine capitale lorsqu’elles auront été commises. " (Source LDH)

    Plus de 1 500 condamnations à mort furent prononcées par la justice française. Entre 1956 et 1962,  222 militants du FLN furent exécutés  le plus souvent au terme d’une parodie de justice au regard de la légalité républicaine.

    3992716853.png (...) L’Histoire nous a enseigné que le système colonial n’exécutait pas les responsables politiques après jugement. On préférait, comme pour Ben M’Hidi, s’en débarrasser avant en les assassinant. Dans la réalité, ce sont surtout des pauvres bougres qu’on a guillotinés. Pour l’exemple, pour faire peur. " (Abdelkader Guerroudj, militant du parti communiste algérien, condamné à mort puis gracié)

    Victime parmi d'autres, Fernand Iveton, ouvrier, communiste, rallié au FLN et guillotiné pour l'exemple à Alger en 1957.

    3992716853.png En novembre 1956, il avait décidé de procéder au sabotage d'un tuyau dans l'usine à gaz où il travaillait, au moyen d'une bombe. Des précautions avaient été prises pour que l'explosion n'occasionne pas de victime mais uniquement des dégâts matériels. Arrêté le 14 novembre 1956, avant même qu'il ait pu installer la bombe, il fut d'abord torturé par des policiers, comme cela était alors la règle: décharges électriques sur le corps, supplice de l'eau."  (Libération)

    Des années plus tard Mitterrand  avouera : "J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là." Ses biographes insistent pour dire qu’il tenta  de sauver des condamnés à mort, ce que démentent les avis défavorables contenus dans les dossiers et autres archives.  Sylvie Thénault, dans son livre "Une drôle de justice", note que : " son désaccord avec les exécutions est loin de s’exprimer ou d’apparaître dans les documents d’époque. "

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    Entretien  de Philippe Robichon avec François Malyle - 1h

    > Les guillotinés de Mitterrand.  François Malye avec Philippe Houdart) / Le Point - 31/08/2001
     
    > La guerre d’Algérie a commencé à Sétif, Mohammed Harbi, Le Monde diplo
     
    > L'affaire Iveton, un silence français. Jean-Luc Einaudi, historien / Libération
     
    > Sharon Elbaz, « Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les Magistrats dans la Guerre d’Algérie », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 85 | 2001 - http://chrhc.revues.org/1762

    > Mitterrand et la guerre d'Algérie : "La force du côté de la France " -  Par Etienne Manchette Rue 89, vidéos de l'INA

    Allocution de Monsieur Mitterrand et interview du Caïd de M'Chounèche - Jalons INA

  • INA : Anticor dépose plainte pour détournement de fonds publics et favoritisme

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    29 mai 2015, par ANTICOR

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    3992716853.pngLe 28 avril dernier, Anticor exprimait une position claire après les révélations sur les frais de taxi de la présidente de l’INA : « Nous ne pouvons pas imaginer que Mme Saal soit maintenue dans ses fonctions et qu’elle ne fasse l’objet d’aucune poursuite. D’autant que l’INA perçoit, chaque année, 90 millions d’euros au titre de la contribution à l’audiovisuel public. En cas d’inaction persistante, nous saisirons nous-même le Procureur de la République.

    Depuis, nous avons pris acte, avec satisfaction, de la démission de la présidente de l’INA.

    Par contre, nous nous étonnons qu’un mois après, aucune plainte n’ait été déposée par les autorités compétentes. Pire, la Ministre de la Culture a simplement annoncé « qu’il y aura peut-être des suites pénales »… Comment peut-on encore tergiverser alors que Mme Saal a elle-même reconnu avoir fait payer à l’INA des dépenses étrangères à ses fonctions ?

    De même, nous sommes surpris de l’absence de réaction après l’article du Canard Enchainé, publié le 6 mai 2015, faisant état de graves irrégularités lors de la passation de plusieurs marchés publics, toujours à l’INA, mais entre 2010 et 2014, sous la présidence de Mathieu Gallet.

    Pour que toute la lumière soit faite sur la gestion de cet établissement public, Anticor dépose plainte contre X pour détournement de fonds publics et délit de favoritisme."

    *

    selon le Monde, Agnès Saal a trouvé un point de chute au ministère de la Culture. Elle qui avait déjà brillé dans ce ministère sous Jospin, de 1997 à 2001, s'est vu convié la tâche de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un poste inédit ! Un poste sur mesure pour Agnès Saal. De la haute couture socialiste.

     

     

     

  • Gauche-droite et la souveraineté populaire bafouée

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    Rappel : les bons comptes...

    Le Texte du M'PEP pour les 10 ans de la victoire du NON au Traité constitutionnel européen.

    Il y a dix ans, lors du referendum du 29 mai 2005, à la question "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ?", 55% des français votèrent NON.

    En février 2008 plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles des élus de l'opposition, manifestèrent devant le château de Versailles où devait siéger le Parlement réuni en Congrès. Ils réclamaient un référendum sur le traité européen de Lisbonne. Lors de ce Congrès, protégé par les CRS, les députés et sénateurs, à la majorité des 3/5ème, donnèrent les moyens de sa politique à la droite Sarkoziste.

    Les socialistes bafouaient ainsi la volonté du peuple exprimée antérieurement par le NON au referendum  du 29 mai 2005 : le traité de Lisbonne a repris les termes du TCE (Traité Constitutionnel européen)  pourtant rejeté lors de ce refenrendum par 54,68% des suffrages exprimés :

    " Ils ont ainsi répondu à la fois aux vœux du Président de la République et des institutions européennes qui s’accordent quotidiennement sur des directives qui agressent les salariés, les employés, les jeunes et les vieux en attaquant les retraites, les services publics, l’emploi, les salaires… ou qui attaquent encore les conditions de vie tout simplement, l’affaire en cours des O.G.M. étant là pour en témoigner.[...]

    Si les socialistes qui ont voté oui ou qui se sont abstenu avaient voté non, cela aurait donné au total : 181+17+15+93+3+49+2= 360 !
    Le projet de réforme constitutionnelle aurait été rejeté. Nicolas Sarkozy aurait été mis en échec. Il n’aurait pu faire autrement que d’organiser un référendum. Le peuple aurait eu droit à la parole. Ce sont donc les responsables socialistes, les Hollande, Ayrault, Dray, Moscovici, Lang, Valls, Bianco, et quelques autres qui ont fait passer la modification constitutionnelle et par la même occasion le traité. (Traité européen : les Socialistes du "Oui" ont décidé de bafouer le peuple en soutenant Sarkozy. Jacques Cotta - Le Grand Soir. Février 2008)

    Ainsi, le recyclage de la Constitution européenne rejetée autorisait banquiers et marchés financiers à s’enrichir par l’endettement des Etats. la gauche, à la lecture de l'article 127, fut sans doute tétanisée d'admiration : Le Système européen de banques centrales qui " contribue à la bonne conduite des politiques menées par les autorités compétentes " " agit conformément au principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ". 

     *

    En octobre 2012, les députés adoptérent le TSCG ( Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) par 477 voix pour et 70 voix contre. Ce traité, rédigé par Sarkozy et Merkel - et dont pas une ligne n’ avait été changée - a gravé dans le marbre l’obligation de l’austérité et le renoncement à toute souveraineté. : les mesures d'austérités sont automatiques et sont imposées aux représentants des peuples, en contraignant leurs décisions budgétaires dictées par une instance non élue.

    Ce traité qui durcit les traités de Maastricht et de Lisbonne, nocif au plan politique, économique et social, a  pourtant recueilli une majorité de gauche des votes exprimés.

    D'autre part par cette opération, le gouvernement Hollande-Ayrault est  revenu sur ses engagements électoraux en soumettant sa ratification au Parlement. Hollande avait juré, dans sa proposition n°11 :

    " … Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre 2011 en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la Banque centrale européenne dans cette direction…"

    On sait que les promesses fallacieuses n'engagent que ceux et celles à qui elles sont destinées, mais les conséquences que l'on a déjà connues dans  l'histoire :

    "C’est ainsi que l’on détruit la démocratie. Le mensonge électoral nourrit la colère et produit le mépris pour une classe politique qui affiche sa solidarité profonde contre le peuple. Bientôt montera le vieux cri de l’anti-parlementarisme : " tous pourris " ! On dira, c’est le populisme qui monte. Et l’on se trompera, car ce sera alors devenu la stricte vérité. " Jacques Sapir

    2015 - Depuis dix ans, dans toute l’Europe " les plans de misère, de destruction et de chômage, mis en œuvre par les gouvernements de toutes couleurs politiques, ont dressé contre eux, à répétition, des grèves, des grèves générales, des mobilisations ouvrières et populaires de tous ordres. Le rejet est général, qui, sur le terrain déformé des élections, s’est exprimé à nouveau, dimanche dernier en Espagne, frappant les partis qui appliquent les plans de Bruxelles et du capital financier." POI

    *

    A lire, sur le site Acrimed, une revue de presse sur les mauvais traitements médiatiques du référendum de 2005 :

    3992716853.pngC’était il y a 10 ans. Le 29 mai 2005, une majorité d’électeurs et d’électrices (54.67%) rejetait le Traité Constitutionnel Européen (TCE). Une véritable gifle pour les adorateurs de la déesse « Union européenne », cet horizon indépassable et incontestable du progrès humain.

    Ils n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts, éditocrates et médiacrates en tête, pour convaincre les masses sceptiques (et donc incultes) qu’il n’y avait pas d’alternative au « Oui » : pluralisme à son zénith, avec les multiples débats entre partisans du « Oui » et adversaires du « Non », exercices de « pédagogie » destinés à éclairer les esprits (forcément) obscurcis des opposants au TCE, multiplication des sondages contradictoires, etc.

    Un concentré, en somme, des pratiques les plus déontologiques de ces chantres de la démocratie et de la liberté d’expression et d’opinion, sur lesquelles il est utile de revenir 10 ans après. Car force est malheureusement de constater que rien, ou presque, n’a changé. Il suffira pour s’en convaincre de se reporter, par exemple, à notre rubrique consacrée à la Grèce, où l’on constatera que les mêmes méthodes sont toujours employées par une caste décidément incapable de la moindre autocritique.

    Nous avons donc regroupé une partie importante de nos articles de l’époque [1], afin que chacun et chacune puisse se replonger dans l’atmosphère pré-référendum ou, pour les plus jeunes, la découvrir. Un moyen de constater que l’observation critique des médias qui avait, à l’époque, contribué (modestement) à rompre l’unanimisme ambiant, demeure plus que jamais une nécessité." (Acrimed)

     

  • Mai 1967, émeutes et massacres en Guadeloupe

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    " Lorsque les nègres auront faim, ils reprendront le travail !"

    "Ce fut le carnage et, durant trois jours, des dizaines de blessés furent transportés dans les cliniques et les hôpitaux de la ville. La préfecture annonça officiellement huit morts. Mais il y eut des disparus, on trouva des cadavres sur la ligne de chemin de fer qui conduisait la canne à l’usine Darboussier, située à la darse de Pointe-à-Pitre, près de la place de la Victoire et de la sous-préfecture. Les cannes sortant des champs y étaient acheminées par rails. Les militaires canardaient les maisons où se tenaient les veillées mortuaires et d’autres morts innocentes furent à déplorer. L’incompréhension était grande. La répression militaire visait indistinctement les gens de la population et les militants des organisations syndicales et politiques. Il suffisait d’être à Pointe-à-Pitre ce jour-là pour risquer sa vie et être blessé." LDH

    "...dans les mois précédents, des incidents racistes, une élection volée par des achats massifs de voix, et, en toile de fond, la misère des bidonvilles et un coût de la vie exorbitant pour des autochtones qui ne bénéficient pas, comme les expatriés blancs, de primes de vie chère. A Paris, Jacques Foccart, le sinistre «Monsieur Afrique» du général de Gaulle, a la Guadeloupe à l’œil : il est issu d’une riche famille de planteurs, et a grandi sur l’île. Quant aux services secrets américains, hantés par la perspective d’un nouveau Cuba, ils grenouillent dans les départements français des Caraïbes où couve une agitation indépendantiste." François-Xavier GOMEZ

    *

    Le 24 mai 1967, en Guadeloupe, en ces jours de commémoration de l’abolition de l’esclavage en France, débutait la grève des ouvriers du bâtiment qui réclamaient 2% d’augmentation et la parité en matière de droits sociaux.

    L’importance de la mobilisation et l'extrême tension pousse le patronat à convoquer  enfin une réunion de négociations pour le 26 mai à la Chambre de commerce de Pointe-à-Pitre. Y participeront, en présence de l’inspection du travail, la délégation syndicale de l' UCGT et la délégation patronale.

    Suite à l'ajournement des négociations, en raison de l’opposition du représentant patronal de la SOGOTRA, puis de l'arrivée de renforts de CRS devant la CCI et de l'ordre donné de tirer sur la foule, la situation dégénère vite.

    " Vendredi 26 mai, 20H00 : La décision est prise – par qui : Billote ? Foccard ?. – d’envoyer les "pots de fleurs" : jeeps militaires équipées d’une mitrailleuse. Cette décision se double d’un ordre clair : « Tirer sur tout ce qui bouge, qui est noir ou qui tire ses origines de cette couleur ». [2] Pointe à Pitre est en état de siège.

    Le massacre va alors virer à la boucherie

    Les artères de la ville sont dégagées ; plus aucun regroupement n’est admis ; badauds, passants, riverains essuient les rafales des meurtrières. Des centaines de guadeloupéens sont pris pour cible, mis en joue, blessés, mutilés, fauchés. Le jeune Camille Taret qui rentre du travail est abattu à deux pas du domicile de ses parents. Dans la nuit, la patrouille repasse alors que les parents et proches organisent la veillée : nouvelle rafale. Gildas Landre ne se relèvera pas.

    00H00 : un avion militaire en provenance de Martinique vomit d’autres assassins ; une nouvelle meute de militaires parachutistes français, chargée celle-ci de "finir le travail".

    02H00 du matin : Le silence se fait. Les rues sont vides, nettoyées de toute présence guadeloupéenne exception faite des quelques policiers et indics servant de guides aux chiens..." Filpac CGT

    Le lendemain, le 27 mai, les lycéens de Pointe-à-Pitre descendent dans la rue pour soutenir la lutte des ouvriers. De nouveau, les forces de l’ordre font usage de leurs armes...

    Le refus du patronat de prendre en compte des revendications légitimes dans une Guadeloupe miséreuse, la tentative de laisser pourrir la situation, le mépris de classe et de race, des provocations inutiles  et l'usage de la force entraîneront 2 jours d'émeute qui feront 87 morts (un  terrible bilan qui ne sera connu qu'en 1985, mais on parle aussi de 200 morts) et  qui seront suivis  d’une longue série de procès de Guadeloupéens.

    Quelques jours après les massacres, le patronat cédera : ce ne seront pas les 2% d'augmentation demandés mais 25 %...

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     Quadrillage militaire de Pointe-à Pitre ;
    quartier Dubouchage, quelques jours après les événements, fin mai 1967.
    Coll. J.P. Sainton.

    > "La grève des ouvriers du bâtiment" sur le site de l'UGTG

    >  " 26 mai 1967 : à propos d’un massacre « oublié » en Guadeloupe" -  Fédération des travailleurs des Industries du Livre, du Papier et de la Communication Cgt

    > " La Guadeloupe n'a pas oublié"  Par Jean-Moïse Braitberg sur le site Backchich

    > Mé 67 en Guadeloupe: une répression coloniale de plus? Entretien avec Jean-Pierre Sainton. Site Dormira jamais

    > Quarante ans de silence et toujours pas de bilan authentifié,  par Béatrice Gurrey - Le Monde

    > Guadeloupe, mai 1967 : un drame français. Ligue des droits de l'homme

    > «Mé 67», la mémoire d'un massacre en Guadeloupe  - 2015 Libération.

     

  • Tarnac, Charlie et Cie : antiterrorisme et usage de la peur

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    Antiterrorisme : du bon usage de la peur

    " L’antiterrorisme est la pointe avancée, l’avant-garde conceptuelle et pratique d’une politique de la peur qui tend à infiltrer tous les recoins de la société. Cette politique de production simultanée de peurs et de contrôles censés les juguler est condamnée à s’inventer sans cesse de nouveaux ennemis : après le terroriste, le jeune des quartiers populaires et le jeune tout court, l’enfant, l’internaute, le fou, l’immigré, l’étranger, le musulman, le rom.."

    Serge Quadrupanni

    L’arsenal législatif de lutte contre le terrorisme est régulièrement mis à jour. Il répond à un mode de gestion de la société qui utilise des figures présentées comme dangereuses : le « terroriste » (ou plus exactement celui qui a des intentions terroristes), l’étranger et le jeune (qu'il soit ou non de banlieue) – avant de s’attaquer à celles et ceux qui contestent l'injustice du système capitaliste.

    La  Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme (16 mai 2005), définit ainsi les actes de terrorisme comme ceux qui " par leur nature ou leur contexte, visent à intimider gravement une population, ou à contraindre indûment un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque, ou à gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale.

    Au fur et a mesure de l'empilement de lois et de la multiplications de fichiers liberticides, l’État d’exception devient peu à peu la règle. La liste des atteintes aux fameux droits de la personne est effarante : dans cette logique de suspicion, et même sans délit avéré, un coupable potentiel peut être arrêté par précaution et envoyé en prison dans l'indifférence quasi générale. Ainsi les jeunes de l'Affaire de Tarnac se sont vus accusés essentiellement d'actes qu'ils pourraient commettre.

    > voir aussi sur le site de France diplomatie : La France et la lutte contre le terrorisme

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    La terrorisation démocratique
    Claude Gulon

    arton73-0208b.gif" L’affaire dite « de Tarnac », en novembre 2008, a révélé au grand public l’existence d’un arsenal législatif censément destiné à lutter contre le terrorisme. Mis en place à partir de 1986 par les gouvernements de gauche comme de droite, il a trouvé une nouvelle légitimité depuis les attentats du 11 septembre 2001 et de nouveaux moyens dans les dispositifs européens. Bien avant Tarnac, il a permis d’arrêter, dans l’indifférence générale, des centaines de prétendus « islamistes », le plus souvent relâchés après de longs mois de détention. Ce sont maintenant des militants révolutionnaires qui font les frais de textes sans cesse révisés et durcis.
    L’auteur présente ici la définition européenne du terrorisme, puis il analyse les mécanismes et la signification de cette « terrorisation démocratique » qui concerne et vise les étrangers et les jeunes (deux figures dangereuses combinées), mais aussi tous ceux qui peuvent, à un moment ou un autre, contester l’injustice du système capitaliste. "

    > Editions Libertalia

    Conférence donnée par Claude Guillon lors des Journées Libertaires de Pau 2012 sur le thème de la Terrorisation démocratique,

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    La Politique de la peur

    Serge Quadrupanni

    La Politique de la peur, (Le Seuil, février 2011) dresse le panorama complet des mécanismes à l’œuvre depuis vingt ans et qui établissent le contrôle social comme unique modalité du pouvoir. Imaginer la menace, identifier l’ennemi, tester la société : faire de la peur une doctrine… 

    Pour les dirigeants politiques qui tentent vainement de gérer l’économie globale, la politique de la peur permet de compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé. C’est enfin une « politique de civilisation » qui est à la fois la négation de la politique et de la civilisation.

    9782021011678.jpgSerge Quadrupanni : La peur est au principe de la conception du monde sur quoi repose le néo-libéralisme : « l’homme est un loup pour l’homme ». C’est l’idée que chaque individu poursuit des intérêts égoïstes et rationnels et que la somme de ces intérêts, exprimés à travers la concurrence, aboutit au meilleur des mondes possibles. Cette conception a pris la forme d’un programme délibérément mis en œuvre à partir des offensives reagano-thatchériennes (relayées en France à partir des années 1980 par tous les partis de gauche et de droite) et étendue à travers la planète par les organismes internationaux échappant à tout contrôle des peuples : FMI, Banque mondiale, Commission européenne, etc. Nos sociétés exsudent la peur, que ce soit la crainte de la précarité, au travers des relations de travail où la brutalisation et la concurrence exacerbée deviennent des principes de management, dans les développements anxiogènes de la technoscience (des OGM à Fukushima). En conséquence, il n’est pas étonnant que le sécuritaire (concentration des peurs diffuses sur des boucs émissaires à travers des dispositifs idéologiques, politiques et techniques) et l’humanitaire (le Care, le Welfare qui subsiste malgré tout – compassion sans frontière) soient les deux axes sur lesquels s’expriment les puissances constituant ce que j’appelle l’empire : la constellation de pouvoirs s’efforçant de gérer la civilisation capitaliste planétaire. Et plus cet effort gestionnaire peine à maîtriser ce qu’on appelle l’économie, plus le sécuritaire reste une valeur refuge pour les hommes politiques car il présente cet avantage de s’auto-entretenir : il soigne la peur en redoublant ce qui la produit. ( l'interview sur le site perspectives gorziennes)

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     La construction médiatique des « djihadistes »

    Saïd Bouamama

    3992716853.pngUn nouveau terme est entré dans le vocabulaire du français moyen ces derniers mois, celui de « djihadiste ». Quotidiennement, les grands médias abordent le sujet et diffusent des grilles explicatives qui forgent les opinions publiques, orientent les réactions, suscitent des prises de positions. Des « experts » et des « spécialistes » aux noms savants sont appelés à la rescousse pour offrir une caution scientifique aux affirmations médiatiques.  Au-delà de l’apparente diversité des points de vue se cache une unicité d’analyse. En dépit du vernis d’objectivité des articles et des reportages, quatre récurrences idéologiques sont repérables : l’essentialisation de l’islam, l’injonction à la justification adressée à tous les musulmans, la négation des causes internes aux pays occidentaux et la justification de la guerre. Ces quatre discours médiatiques diffusés sur fond de sensationnalisme ne sont pas anodins. Ils ont une fonction sociale et politique. Ils contribuent à produire une réalité sociale et politique lourde de conséquences."

    > Sur le site investig'action 2014 : http://michelcollon.info/La-construction-mediatique-des.h...

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    Les lois scélérates  de 1893-1894
    sous la Troisième République

    En 1893 et 1894, le gouvernement exploitait la panique provoquée par quelques attentats d'anarchistes « individualistes » qui mettaient en pratique la « propagande par le fait ». Ces actes, admis par une partie des militants anarchistes, ne visait pas les personnes – du moins jusqu'à l'attentat aveugle d'Emile Henry,  le 12 février 1894.

    Sous le prétexte de défendre l'ordre social et la sécurité publique, le pouvoir puisait dans le « magasin aux accessoires légaux » et initiait des lois d'exception accompagnées de peines plus que draconiennes.

    Dans l'incapacité de trouver une réponse à la question sociale, il allait « réinvestir le crime de telle sorte qu'il puisse unir la population autour du régime.» ( Karelle Vincent )

     

    Les lois scélérates  de 1893-1894 sous la  IIIème République