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antiterrorisme

  • Tarnac, Charlie et Cie : antiterrorisme et usage de la peur

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    Antiterrorisme : du bon usage de la peur

    " L’antiterrorisme est la pointe avancée, l’avant-garde conceptuelle et pratique d’une politique de la peur qui tend à infiltrer tous les recoins de la société. Cette politique de production simultanée de peurs et de contrôles censés les juguler est condamnée à s’inventer sans cesse de nouveaux ennemis : après le terroriste, le jeune des quartiers populaires et le jeune tout court, l’enfant, l’internaute, le fou, l’immigré, l’étranger, le musulman, le rom.."

    Serge Quadrupanni

    L’arsenal législatif de lutte contre le terrorisme est régulièrement mis à jour. Il répond à un mode de gestion de la société qui utilise des figures présentées comme dangereuses : le « terroriste » (ou plus exactement celui qui a des intentions terroristes), l’étranger et le jeune (qu'il soit ou non de banlieue) – avant de s’attaquer à celles et ceux qui contestent l'injustice du système capitaliste.

    La  Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme (16 mai 2005), définit ainsi les actes de terrorisme comme ceux qui " par leur nature ou leur contexte, visent à intimider gravement une population, ou à contraindre indûment un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque, ou à gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d’un pays ou d’une organisation internationale.

    Au fur et a mesure de l'empilement de lois et de la multiplications de fichiers liberticides, l’État d’exception devient peu à peu la règle. La liste des atteintes aux fameux droits de la personne est effarante : dans cette logique de suspicion, et même sans délit avéré, un coupable potentiel peut être arrêté par précaution et envoyé en prison dans l'indifférence quasi générale. Ainsi les jeunes de l'Affaire de Tarnac se sont vus accusés essentiellement d'actes qu'ils pourraient commettre.

    > voir aussi sur le site de France diplomatie : La France et la lutte contre le terrorisme

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    La terrorisation démocratique
    Claude Gulon

    arton73-0208b.gif" L’affaire dite « de Tarnac », en novembre 2008, a révélé au grand public l’existence d’un arsenal législatif censément destiné à lutter contre le terrorisme. Mis en place à partir de 1986 par les gouvernements de gauche comme de droite, il a trouvé une nouvelle légitimité depuis les attentats du 11 septembre 2001 et de nouveaux moyens dans les dispositifs européens. Bien avant Tarnac, il a permis d’arrêter, dans l’indifférence générale, des centaines de prétendus « islamistes », le plus souvent relâchés après de longs mois de détention. Ce sont maintenant des militants révolutionnaires qui font les frais de textes sans cesse révisés et durcis.
    L’auteur présente ici la définition européenne du terrorisme, puis il analyse les mécanismes et la signification de cette « terrorisation démocratique » qui concerne et vise les étrangers et les jeunes (deux figures dangereuses combinées), mais aussi tous ceux qui peuvent, à un moment ou un autre, contester l’injustice du système capitaliste. "

    > Editions Libertalia

    Conférence donnée par Claude Guillon lors des Journées Libertaires de Pau 2012 sur le thème de la Terrorisation démocratique,

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    La Politique de la peur

    Serge Quadrupanni

    La Politique de la peur, (Le Seuil, février 2011) dresse le panorama complet des mécanismes à l’œuvre depuis vingt ans et qui établissent le contrôle social comme unique modalité du pouvoir. Imaginer la menace, identifier l’ennemi, tester la société : faire de la peur une doctrine… 

    Pour les dirigeants politiques qui tentent vainement de gérer l’économie globale, la politique de la peur permet de compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé. C’est enfin une « politique de civilisation » qui est à la fois la négation de la politique et de la civilisation.

    9782021011678.jpgSerge Quadrupanni : La peur est au principe de la conception du monde sur quoi repose le néo-libéralisme : « l’homme est un loup pour l’homme ». C’est l’idée que chaque individu poursuit des intérêts égoïstes et rationnels et que la somme de ces intérêts, exprimés à travers la concurrence, aboutit au meilleur des mondes possibles. Cette conception a pris la forme d’un programme délibérément mis en œuvre à partir des offensives reagano-thatchériennes (relayées en France à partir des années 1980 par tous les partis de gauche et de droite) et étendue à travers la planète par les organismes internationaux échappant à tout contrôle des peuples : FMI, Banque mondiale, Commission européenne, etc. Nos sociétés exsudent la peur, que ce soit la crainte de la précarité, au travers des relations de travail où la brutalisation et la concurrence exacerbée deviennent des principes de management, dans les développements anxiogènes de la technoscience (des OGM à Fukushima). En conséquence, il n’est pas étonnant que le sécuritaire (concentration des peurs diffuses sur des boucs émissaires à travers des dispositifs idéologiques, politiques et techniques) et l’humanitaire (le Care, le Welfare qui subsiste malgré tout – compassion sans frontière) soient les deux axes sur lesquels s’expriment les puissances constituant ce que j’appelle l’empire : la constellation de pouvoirs s’efforçant de gérer la civilisation capitaliste planétaire. Et plus cet effort gestionnaire peine à maîtriser ce qu’on appelle l’économie, plus le sécuritaire reste une valeur refuge pour les hommes politiques car il présente cet avantage de s’auto-entretenir : il soigne la peur en redoublant ce qui la produit. ( l'interview sur le site perspectives gorziennes)

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     La construction médiatique des « djihadistes »

    Saïd Bouamama

    3992716853.pngUn nouveau terme est entré dans le vocabulaire du français moyen ces derniers mois, celui de « djihadiste ». Quotidiennement, les grands médias abordent le sujet et diffusent des grilles explicatives qui forgent les opinions publiques, orientent les réactions, suscitent des prises de positions. Des « experts » et des « spécialistes » aux noms savants sont appelés à la rescousse pour offrir une caution scientifique aux affirmations médiatiques.  Au-delà de l’apparente diversité des points de vue se cache une unicité d’analyse. En dépit du vernis d’objectivité des articles et des reportages, quatre récurrences idéologiques sont repérables : l’essentialisation de l’islam, l’injonction à la justification adressée à tous les musulmans, la négation des causes internes aux pays occidentaux et la justification de la guerre. Ces quatre discours médiatiques diffusés sur fond de sensationnalisme ne sont pas anodins. Ils ont une fonction sociale et politique. Ils contribuent à produire une réalité sociale et politique lourde de conséquences."

    > Sur le site investig'action 2014 : http://michelcollon.info/La-construction-mediatique-des.h...

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    Les lois scélérates  de 1893-1894
    sous la Troisième République

    En 1893 et 1894, le gouvernement exploitait la panique provoquée par quelques attentats d'anarchistes « individualistes » qui mettaient en pratique la « propagande par le fait ». Ces actes, admis par une partie des militants anarchistes, ne visait pas les personnes – du moins jusqu'à l'attentat aveugle d'Emile Henry,  le 12 février 1894.

    Sous le prétexte de défendre l'ordre social et la sécurité publique, le pouvoir puisait dans le « magasin aux accessoires légaux » et initiait des lois d'exception accompagnées de peines plus que draconiennes.

    Dans l'incapacité de trouver une réponse à la question sociale, il allait « réinvestir le crime de telle sorte qu'il puisse unir la population autour du régime.» ( Karelle Vincent )

     

    Les lois scélérates  de 1893-1894 sous la  IIIème République

     

  • Antiterrorisme : l'arsenal des lois

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    La France dispose d'un arsenal impressionnant de lois antiterroristes et possède des pouvoirs très étendus. Ainsi  des personnes peuvent être inculpées et déclarées coupables sur la base d'éléments à charge faibles et indirects comme dans le cas "d'association criminelle en relation avec une entreprise terroriste" .

    Traditionnellement les autorités réinvestissent le crime, et se donnent des pouvoirs exagérément étendus et vagues qui risque de porter atteinte au droit et aux libertés de mouvement et d'expression,

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    Attentats de Paris, l’onde de choc - L’empilement des lois antiterroristes
    Monde diplomatique.

    Depuis 1986, le Parlement français n’a cessé de renforcer l’arsenal judiciaire contre le « terrorisme ». Plusieurs mesures rognant les libertés publiques et annoncées comme provisoires ont été par la suite entérinées définitivement.

    9 septembre 1986. Première loi ayant pour objet spécifique la « lutte contre le terrorisme ». Définition des infractions « en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Les poursuites relèvent de la compétence de magistrats de Paris.

    30 décembre 1986. Les cours d’assises jugeant les crimes terroristes sont composées exclusivement de magistrats, et ne font pas appel à des jurés.

    22 juillet 1992. Le nouveau code pénal précise la liste des infractions constituant des « actes de terrorisme ».

    16 décembre 1992. La notion d’association de malfaiteurs devient applicable aux actes de terrorisme.

    8 février 1995. En matière de terrorisme, la prescription des délits passe de dix à vingt ans, et celle des crimes à trente ans.

    22 juillet 1996. Les peines de prison encourues pour les infractions liées au terrorisme sont alourdies.

    30 décembre 1996. Les perquisitions et saisies sont autorisées de nuit.

    29 décembre 1997. Le président de la cour d’appel peut décider que les audiences se tiennent en tout autre lieu que le tribunal.

    15 novembre 2001. Les infractions pouvant relever du terrorisme sont étendues au blanchiment et aux délits d’initié. Autorisation « à titre temporaire » de la fouille des véhicules à des fins de recherche. Peine complémentaire de confiscation.

    18 mars 2003. La possibilité de fouiller des véhicules devient permanente. Extension des compétences des officiers de police judiciaire.

    9 mars 2004. Moyens d’investigation policière supplémentaires pour l’infiltration, la perquisition, l’interception des télécommunications. Garde à vue portée à quatre-vingt-seize heures.

    23 janvier 2006. Garde à vue extensible à six jours, aggravation des peines en cas d’« association de malfaiteurs à des fins terroristes » et assouplissement de l’encadrement de la vidéosurveillance.

    21 décembre 2012. Possibilité de poursuivre les actes de terrorisme commis par des ressortissants ou résidents français et l’incitation à commettre de tels actes.

    13 novembre 2014. Mise en place d’une interdiction administrative de sortie du territoire. Renforcement de la répression de l’apologie du terrorisme. Possibilité de blocage des sites Internet et de recherche de données dans des serveurs situés à l’étranger. Pénalisation des actes préparatoires.