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Politique - Page 6

  • Surveillance de masse

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    La surveillance de masse, trou noir des libertés :  La Quadrature du net

    logo.pngParis, le 2 octobre 2015 — Sans surprise, l'Assemblée nationale a voté hier la surveillance internationale de masse sans apporter de modification majeure au texte. Un seul député, Sergio Coronado, est venu défendre les libertés fondamentales dans un hémicycle presque vide.

    Le même jour, le Gouvernement adoptait un décret relatif à la composition de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement. Cette loi instaurant la surveillance de masse en France entrera en vigueur demain, le 3 octobre 2015, banalisant ainsi l'État d'exception, au détriment d'un État de droit moribond. Votée en extrême urgence et comme une simple rustine à la Loi Renseignement, elle met pourtant la France en état de surveiller les communications du monde entier sans qu'il ne puisse y avoir de contrôle effectif de cette surveillance.

    « Le Sénat discutera et votera à son tour la proposition de loi sur la Surveillance internationale le 27 octobre, après un passage en commission des lois le 21 octobre. Aura-t-il à coeur de redonner un peu de vérité à l'image de la France comme pays des droits de l'Homme ? Il peut encore stopper ce processus délétère d'abandon des libertés fondamentales, au bénéfice de l'ensemble des citoyens français et du monde », déclare Agnès de Cornulier, coordinatrice de l'analyse juridique et politique de La Quadrature du Net.

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    Les organisations citoyennes condamnent la proposition de loi sur la surveillance de masse

    Lettre ouverte signée par des associations citoyennes du monde entier contre la proposition de loi française relative à la surveillance internationale.

    Mesdames, Messieurs les députés,

    Les organisations de défense des droits civiques signataires de la présente lettre appellent les parlementaires français à rejeter la proposition de loi relative aux mesures de surveillance des communications électroniques internationales. Cette proposition met en péril le droit à la vie privée des individus à travers le monde.

    Avec cette nouvelle proposition de loi, l'Assemblée Nationale est sur le point d'adopter de nouvelles mesures disproportionnées de surveillance des communications internationales. Basée sur le principe de collecte massive des données, la proposition de loi vise à légitimer les pratiques contraires aux droits civils et humains mises en place par les services de renseignement, et notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni telles que révélées par Edward Snowden. Dans la mesure où une grande partie du trafic Internet mondial transite à travers les câbles sous-marins français, cette loi intégrerait la France dans le système de surveillance mondial.

    Cette proposition s'ajoute à celle sur le renseignement adoptée en juin 2015 qui autorise, entre autres, le Gouvernement à surveiller sans autorisation judiciaire les conversations téléphoniques et électroniques des usagers. La loi sur le renseignement autorise également l'installation de boites noires sur les infrastructures des fournisseurs d'accès à Internet afin de collecter massivement les méta-données de millions de personnes innocentes. En juillet, le Conseil constitutionnel avait censuré une mesure sur la surveillance internationale faisant partie de cette loi, et la nouvelle proposition cherche à réintégrer le programme de surveillance internationale. Cette proposition doit être votée le 1er octobre par l'Assemblée nationale.

    Nous sommes particulièrement inquiets des éléments suivants :

    • la proposition permettrait une surveillance de masse de millions de personnes en France et à l'étranger;
    • les mécanismes de contrôle sont insuffisants et manquent d'indépendance. La collecte massive de données sera conduite sous la seule autorité du Premier ministre, avec un contrôle uniquement a prosteriori par l'autorité de contrôle (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement, CNCTR). Ces mesures ne permettent pas de garantir la protection de la vie privée et le respect des droits et libertés;
    • a période prévue pour la conservation des données est injustifiée, excessive (un an pour le contenu, six ans pour les méta-données et huit ans pour les communications chiffrées) et en contradiction avec les principes posés par la Cour de Justice de l'Union européenne dans son arrêt du 8 avril 2014 invalidant la directive européenne sur la conservation des données;
    • la finalité des mesures est beaucoup trop large, comme par exemple « les intérêts essentiels de la politique étrangère » et « les intérêts économiques et scientifiques essentiels de la France »;
    • les termes flous laissent la possibilité d'utiliser de nouvelles technologies de surveillance qui auraient pour conséquence une extension du champ d'application de la proposition de loi sans la participation démocratique des institutions;
    • seuls les avocats, journalistes, parlementaires et magistrats établis en France pourront théoriquement bénéficier d'une forme de protection, bien que la nature privée ou professionnelle de leur communication ne pourra être établie qu'après le traitement des données. De plus, la loi ne les protège pas d'une collecte massive et d'une exploitation de leurs communications.

    Nous appelons ainsi le Parlement français à rejeter cette proposition de loi sur la surveillance internationale afin de protéger les droits fondamentaux de toute personne dans le monde. Le principe d'universalité des droits est un principe fondamental, en particulier au sein de l'Union européenne. Nous vous appelons à renforcer les garde-fous en faveur des libertés et droits fondamentaux, en rejetant cette proposition.

    Merci.

    Le texte : Un collectif d'associations de défense des libertés numérique

    Signataires :

    Access Alternative Informatics Association Amnesty International AKVorrat.at (Working Group on Data Retention Austria) Article 19 Association for Progressive Communications Australian Privacy Foundation Bits of Freedom Center for Democracy & Technology Code Red Chaos Computer Club (CCC) CPJ (Committee to Protect Journalists) Digitale Gesellschaft e. V. Digital Rights Foundation EFF Electronic Frontier Finland European Digital Rights (EDRi) FIDH FITuG Global Voices AdVox International Modern Media Institute IMMI Initiative für Netzfreiheit IT-Political Association OpenMedia.org Panoptykon Foundation Pen International Privacy International Reporters sans frontières (Reporter Without Borders) Vrijschrift World Wide Web Foundation Xnet

     

     

  • Canal Plus : délit d'irrévérence et secret des affaires

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    « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu'il est donc préférable d'éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l'encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. » (Le bras droit de Bolloré)

    Le journal des idées de Jacques Munier : Où sont passés les Guignols ?

    inrocks.jpgExtrait : "Ce courant d’air frais dans la vie politique, ce miroir irrévérencieux et sans complaisance tendu au pouvoir nous manque. Sous le titre « A tchao bonsoir. Comment la World Company a tué Canal » on peut suivre dans l’enquête des Inrockuptibles la chronique de « l’été meurtrier » qui a eu raison de cette tranche pétillante, réactivant jour après jour l’esprit de la caricature – une tradition bien française dans la ligne de Daumier, d’Hara Kiri et de Charlie hebdo.

    « Il faut éviter l’irrévérence car c’est segmentant. Il ne faut pas diviser la société française » prétend le bras droit de Vincent Bolloré, le nouveau patron de la chaîne. Pourtant le rire est une catharsis, l’arme de tous ceux qui subissent le pouvoir et ses pantalonnades tragi-comiques.

    Une nouvelle formule devrait démarrer au milieu du mois d’octobre mais selon le boss, « ce n’est pas la politique française qui va être virale sur le net. Il faut injecter des figures de la pop culture ». On aura donc droit à Kim Kardashian ou Justin Bieber, et il est désormais interdit de moquer Cyril Hanouna, qui devra – je cite – se « faire passer pour un demeuré » tout seul comme un grand dans sa lucarne, sur l’autre chaîne du groupe. C’était pourtant la garantie et la légitimité des Guignols de pouvoir se moquer tous azimuts en commençant par les leurs. Pierre Lescure, Alain De Greef, et même l’ex-patron Bertrand Meheut avaient leur marionnette. Nul doute que celle de Vincent Bolloré, qu’on surnomme désormais « le grand saigneur » dans les couloirs de la chaîne cryptée, ne soit escamotée à jamais." (Jacques Munier)

    *

     Les pages Débats du Monde relaient la tribune du collectif « Informer n’est pas un délit » et de Reporters sans frontières, alors que Vincent Bolloré est auditionné aujourd’hui par le CSA :

    Bollore.JPGNous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF) interpellons le CSA parce que nous estimons que le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du Groupe Canal +, Vincent Bolloré.

    Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre.

    Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du Groupe Canal +, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes:

    1/ Pourquoi un documentaire consacré au Crédit Mutuel et programmé par Canal + le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?

    2/ Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal + le 28 septembre 2015 vient il d'être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé?

    3/ Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d'investigation de Canal +, est-il actuellement "gelé" sur ordre de la direction de Canal +?

    4/ Comment justifier qu’un reportage sur l’OM, diffusé sur Canal +, ait été retiré du site internet, au motif qu’ « on ne se fâche pas avec ses partenaires » selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise?

    5/ Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré :

    « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du Groupe Canal + et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs ».

    6/ Allez vous vous servir de Canal + pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs» ? 

    7/ Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?

    8/ Les intérêts du Groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal + ou d’Itélé pourrait-t-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin dont Vincent Bolloré est actionnaire ?

    En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal +  avait accepté qu'une Charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du Groupe soit annexée à la convention de Canal +.  Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.

    Signataires 

    SDJ de l’Agence TV Press / SDJ BFM TV / SDJ France 2 / SDJ France 24  / SDJ Les Echos  / SDJ L’Equipe   / SDR L’Obs  / SDR Le Monde  /  SDJ Les Inrocks  / SDJ Mediapart  / SDJ du Parisien-Aujourd’hui en France  / SDJ RTL  / SDJTélérama  / SDJ Premières Lignes  / Reporters Sans Frontières

    Fabrice Arfi – Journaliste, Mediapart - Claude Baudry - Linda Bendali, Journaliste - Frédéric Boisset, Journaliste - Denis Boutelier, Producteur - Christophe Brulé, Journaliste - Jean-Pierre Canet, Journaliste - Benoit Collombat, Journaliste - Jennifer Deschamps, Journaliste - Lionel Feuerstein, Journaliste France 2 - Xavier Harel, Journaliste - Mathias Hillion, Journaliste - Romain Icard, Réalisateur - Nolwenn Le Fustec, Journaliste Réalisatrice - Nicolas Jaillard, Rédacteur en chef - Alexandre Lagarde - Thomas Lafarge, Journaliste - Wandrille Lanos, Journaliste - Thomas Laurenceau, Rédacteur en Chef 60 millions de consommateurs - Séverine Lebrun, Journaliste Envoyé Spécial - Elise Lucet, Journaliste, France 2 - Marie Maurice, Journaliste - Valérie Montmartin, Productrice - Valentine Oberti, Journaliste - Virginie Marquet, Avocate - Arnaud Muller, L’Autre JT France 4 - Jean-Louis Perez, Producteur Réalisateur - Karim Rissouli, Journaliste - Nathalie Sapena, Journaliste Complément d’Enquêtes - Manuel Tissier, Grand Reporter France 2 - Nicolas Tonev, Journaliste - Raphaël Tresanini, Journaliste - Nicolas Vescovaci, Journaliste - Franck Weil-Rabaud

    Crée en janvier 2015, le Collectif Informer n’est pas un délit rassemble de nombreux journalistes issus de la presse écrite, de la télévision, de la radio et de l’internet.

    Suite au tollé soulevé par le projet de loi portant sur le « secret des affaires » et menaçant gravement la liberté d’informer, le collectif avait obtenu du ministre de l’économie Emmanuel Macron le retrait du texte litigieux.

    Le combat mené par le collectif INPD s’est ensuite poursuivi à Bruxelles, pour contrer un projet de directive européenne ciblant, entre autres, les sources des journalistes.

    Les membres du collectif se préoccupent également de la mainmise de certains industriels dans les différents médias et les atteintes à la liberté éditoriale qui en découlent.

    Le collectif a pour vocation de défendre les principes de liberté d’expression, du secret des sources et de lutter contre tout agissement qui pourrait y porter atteinte dans un environnement économique chaque jour un peu plus pressurisant pour les journalistes.

    *

    > Où sont passés les Guignols ?, le journal des idées de Jacques Munier

    > La chute de la maison Canal: comment Bolloré a imposé sa loi. Inrockuptibles

    > Tribune du collectif « Informer n’est pas un délit »

    > Enquête Télérama Stupeur et tremblements : Canal+ entre dans l'ère Bolloré

    > Informer n'est pas un délit - page facebook

  • Laboratoire SERVIER : obligations légales et morales

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    "Il ne s'agit pas de prendre la place de la justice mais des patients ont souffert et ils faut les indemniser. Il faut qu'ils disent à Servier : il n'y a qu'à cette condition que l'on peut continuer à travailler avec vous. Ca, je ne l'entends nulle part. Aujourd'hui, le scandale du Médiator c'est le silence des médecins, le silence des sociétés savantes, le silence des académies de médecines. Je ne l'accepte pas et je ne le pardonnerai jamais à mes pairs."

    Irène Franchon, Pneumologue

     

    30 médecins, philosophes et personnalités engagées, rappellent au laboratoire SERVIER et à la profession médicale leurs obligations légales et morales.

    Le site du MANIFESTE DES 30

    Manifeste2.jpg

     " Si les représentants du laboratoire SERVIER  déclarent devant les micros vouloir indemniser les victimes du médicament Mediator, leurs avocats sont engagés dans une guérilla juridique qui désespère les malades, dont certains sont mourants. Dans le même temps, certains médecins poursuivent leurs partenariats institutionnels avec SERVIER, malgré les éléments graves qui pèsent sur cette entreprise et son comportement inacceptable.

    * Citation extraite du serment d’Hippocrate prêté par tous les médecins français.

     2595204095.png Nous, signataires de ce manifeste, exhortons les professionnels de santé à  reconsidérer leurs liens avec le groupe pharmaceutique SERVIER, laboratoire mis en examen pour des comportements d’une extrême gravité à l’origine de milliers de maladies cardiaques graves et de décès.

    Début 2014,  le procureur de Paris annonçait la fin de l’enquête pénale menée par les juges d’instruction du Pôle Santé de Paris depuis le retrait du Mediator fin 2009. L’enquête et notamment le rapport d’expertise pénal confirmaient le dramatique bilan humain ainsi que l’existence d’éléments graves justifiant des mises en examen de l’entreprise SERVIER pour « tromperie aggravée avec mise en danger de l’homme”, “escroquerie”, “homicides et blessures involontaires”, “trafic d’influence et prise illégale d’intérêts”.

    Plutôt que de faire amende honorable, le laboratoire SERVIER poursuit depuis plusieurs années une guérilla judiciaire pour retarder à la fois le procès pénal et surtout l’indemnisation des victimes au civil. Trahissant ses engagements publics de réparation, il conteste sans relâche chaque étape du processus d’indemnisation jusqu’à contraindre récemment l’Etat (via l’Oniam*) à se substituer à lui et à indemniser des victimes avec des fonds publics !

    Alors que l’état de santé de nombreuses victimes ne cesse de se dégrader,  le laboratoire SERVIER pousse nombre d’entre elles au désespoir et à la conviction « qu’en fait, SERVIER attend leur mort ».  Cette attitude est contraire à l’éthique scientifique et pharmaceutique.

    Dans ces conditions, les signataires de ce manifeste déplorent que le laboratoire SERVIER reste un sponsor favorablement accueilli par une partie de la communauté médicale, certaines sociétés savantes et de nombreux leaders d’opinion médicaux.

    Ils appellent solennellement les médecins, soignants et leurs instances représentatives à réévaluer la pertinence des liens les unissant au laboratoire Servier,  et à vérifier si ces partenariats sont compatibles avec les principes fondamentaux de la déontologie médicale. »

     *Office National d’Indemnisation des victimes d’Accidents Médicaux.

    26 août  2015

     

  • Grèce : concessions à perpétuité

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    Renonciations et capitulation

     « Il existe une conspiration globale en vue de la destruction de mon pays. Elle a débuté en 1975, visant la culture grecque moderne, puis en déformant l’histoire récente de notre pays et notre identité nationale, et aujourd’hui en cherchant à nous détruire physiquement par le chômage, la faim et la misère. Si le peuple grec ne montre pas la volonté de se lever et d’arrêter ces gens, il y a un réel risque de voir s’éteindre la Grèce. Je crois que ceci va arriver d’ici dix ans. De nous tous, les Grecs, ne subsistera que la mémoire de notre civilisation et de nos combats dans l’histoire pour la liberté. (Mikis Théodorakis)

    C'est avec le soutien de l'opposition, socialistes et conservateurs notamment, ainsi que des 13 députés du petit parti de droite souverainiste Anel, que le Parlement grec a donné son feu vert à la proposition d'accord soumise aux créanciers du pays par le gouvernement d'Alexis Tsipras. Ces propositions  reprennent dans une large mesure le programme de réformes voulu par les créanciers et rejeté par plus de 61% des Grecs lors du référendum. Mais ça ne suffira pas aux créanciers.
    Seuls, dix députés de Syriza se sont abstenus et deux d'entre eux ont voté contre ce plan d'accord  -la majorité gouvernementale compte 149 députés Syriza.

    le 24 mai 2015, lors de la réunion du Comité Central de Syriza la "Plateforme de Gauche" présentait une motion qui a accueilli 44% des voix. Celle-ci proposait, entre autres, la " rupture " des négociations avec la Troïka, le non paiement de la dette, et un "plan alternatif" pour le pays incluant la nationalisation des banques, le rétablissement des droits des travailleurs, etc. (Sources)

    La Grèce et l'absurde,  par Jacques Cotta - M'PEP

    3992716853.pngTout laissait penser à un sursaut salvateur pour tous les peuples d’Europe venant de Grèce. Les conditions étaient requises. Et pourtant…

    " L’offensive grecque au compte du peuple grec d’abord, mais aussi de tous les peuples d’Europe, aura donc fait long feu. Mais comment et pourquoi une telle issue ? Alors que le peuple grec à plus de 60% avait répondu clairement NON à un nouveau plan d’austérité, comment et pourquoi Alexis Tsipras, le leader de Syriza chef du gouvernement, a-t-il accepté un plan qui globalement va au-delà des exigences les plus folles de la Troïka, l’UE, la BCE et le FMI.

    Acceptation du recul de l’âge de la retraite à 67 ans, reprise des privatisations d’entreprises publiques qui étaient bloquées depuis son arrivée au pouvoir, augmentation de la TVA, etc. Comment et pourquoi ? L’explication qui se veut complaisante avec la « gauche de la gauche » grecque tient en quelques mots : il fallait nous dit-on « éviter la sortie de l’Euro ». Donc tout accepter des exigences de la Troïka avec un semblant de négociation pour permettre à chacun, Tsipras en Grèce, Merkel en Allemagne, de sauver la face.

    S’il fallait encore démontrer l’incompatibilité existante entre les aspirations des peuples qui désirent vivre simplement et dignement et l’appartenance à l’UE et à l’Euro, la Grèce viendrait tragiquement tomber à pic ! Il n’y aurait donc aucune solution autre que le corset étouffant de l’Euro ? Aucune solution autre que l’abandon de toute souveraineté au profit du capital financier, dont les crises successives indiqueraient la fin de l’histoire ? Avec ces questions et l’esquisse de réponses qui méritent sans aucun doute discussion, il n’est pas inutile de passer au crible la politique affirmée par les institutions internationales et par toutes les forces, de « gauche » comme de « droite », et de tenter d’en dégager, à la lumière grecque, la véritable nature. Lire l'article...

  • Acceptez les coups de hache car il faut sauver la hache...

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    Après le Jour du NON

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    Grèce / dossier de presse : articles sur investig'action

    " La fête nationale du 28 octobre, s’appelle Le jour du non. Elle commémore la date à laquelle, durant la Deuxième Guerre mondiale, le général Yannis Metaxás prononça son célèbre :" NON !" à l’ultimatum de l’ambassadeur italien à Athènes. Il refusa ainsi d’accepter l’entrée des troupes de l’armée italienne dans le territoire hellène ; la guerre commença immédiatement. Quand quelqu’un en Grèce dit " le moment du Non est arrivé ", il fait référence à quelque chose de vraiment sérieux"  Nines Maestro
     

    > A l’heure grecque : pourquoi ne pas supprimer le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ? par  Robert Charvin.

    L'indépendance des peuples, leur droit à disposer d'eux-mêmes, l'égale souveraineté des États font l'objet d'une contestation de fait de plus en plus vive de la part des puissances occidentales.

     " La Nation souveraine et l’État indépendant, qui n’ont pas encore épuisés leur rôle historique, doivent néanmoins ne pas constituer un handicap pour le processus de mondialisation : les mondialisés, qu’ils soient grecs ou autres, doivent se soumettre de fait aux mondialisateurs étasuniens ou européens.

    Ces mondialisateurs politico-affairistes sont dans l’obligation de tricher avec les citoyens de leurs pays, avec l’opinion dans les relations internationales, tout en séduisant par divers moyens une intelligentsia aux ordres pour renouveler les doctrines légitimatrices[5] .

    Ces tricheurs poursuivent donc leur travail de destruction de facto (et non de jure) de la souveraineté nationale, comme le démontre l’exemple grec, après tant d’autres événements de même nature, tout en lui rendant hommage... pour la forme."

    > Les 10 vérités du peuple grec au monde, par Salim Lamrani

    Lors du référendum historique du 5 juillet 2015, les Grecs ont envoyé un message de rejet à l’oligarchie politique et financière de l’Europe et un message d’espoir aux peuples du monde.

    " 1. NON à l’Europe de l’austérité, à l’Europe des banques et de l’oligarchie et à l’Europe égoïste. Les politiques d’austérité sont politiquement coûteuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Loin de relancer la croissance, la réduction des dépenses, la diminution des salaires et des pensions de retraite, le démantèlement des services publics, y compris d’éducation et de santé, la destruction du code du travail et des acquis sociaux conduisent inévitablement à une contraction de la consommation.'
     
    La population grecque a commis quelques fautes capitales, que l'UE ne ne peut tolérer. Elle a porté au pouvoir un gouvernement de gauche, elle veut rompre avec la politique de démolition néolibérale et elle a le culot de vouloir organiser une consultation populaire.
    "Pour Thomas Piketty l’ironie veut que les économies soient imposées par deux pays, l’Allemagne et la France, qui ont eux-mêmes tiré profit de remises de dettes après la Seconde Guerre mondiale, mesure qui a permis la croissance économique en Europe. Martin Wolf, chef économiste au Financial Time, ajoute qu’aucune démocratie ne sortira indemne d’une dépression de cette ampleur. La dernière fois que l’Allemagne avait eu à affronter une telle dépression, Hitler était arrivé au pouvoir."  Marc Vandepitte
     
    Le peuple grec donne l’exemple à l’Europe et au monde : avec courage et lucidité le peuple grec a rejeté l’ignoble diktat de la finance internationale et européenne. Il a remporté une première victoire en affirmant que la démocratie n’existe que si elle sait se placer au service du progrès social.
    " L’euro n’est pas viable : Le sous-système de l’euro viole les règles élémentaires d’une gestion possible et saine de la monnaie. Il impose des règles communes de prétendue « compétitivité » à des économies trop inégales pour en supporter les conséquences. L’euro a permis d’annihiler les progrès antérieurs accomplis dans le cadre de l’émergence de systèmes productifs constitués largement de petites et moyennes entreprises pour ouvrir un marché exclusif aux razzias des monopoles financiers. L’Espagne en fournit l’exemple tragique. D’autres, la Finlande et même la France en sont à leur tour les victimes. L’Euro n’est plus que l’instrument d’une réédition de l’Europe allemande. La crise n’est pas celle de la dette grecque, mais bel et bien celle de l’Europe et de l’Euro.
     

    Nines Maestro

    Le peuple grec, et en particulier sa classe ouvrière, fait face à des moments décisifs qui affectent par la même occasion le reste des peuples européens, et spécifiquement le peuple espagnol dont les élections générales sont imminentes.

    " La dureté de la crise et la faiblesse de son propre pouvoir ne permettent pas au capitalisme de prendre une voie plus facile, et moins encore un mode qui pourrait représenter une corrélation de forces plus favorables à la classe ouvrière. Augmenter les impôts des plus riches pour tenter d’aider un peu 45% des retraités vivant au-dessous du seuil de pauvreté et soutiennent leur famille entière, ça ne convient pas !

    La lutte de classes est sans merci. Syriza ne l’a pas compris et perdra une occasion précieuse de préparer son peuple à l’inévitable.

    La Troïka veut montrer très clairement qui est le détenteur réel du pouvoir et de l’implacable dictature du capital ; au peuple grec, aux autres peuples de l’Europe et spécialement à ceux qui sont en première ligne, tel l’État espagnol. La Troïka nous donne un grand avertissement afin de nous intimider et de nous tenir coi. Pas de demi-mesures. C’est tout ou rien."

  • Grèce et le triangle infernal

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    " Aucune mesure n’est venue contrecarrer les intérêts croisés de  l’establishment politique, des oligarques et des banques, ce triangle établi dans notre pays depuis des décennies." Alexis Tsipras

    Alexis Tsipras, extrait du discours de Strasbourg (séance plénière du Parlement européen, 8 juillet 2015)

    3992716853.pngSi la Grèce se trouve aujourd’hui au bord de la faillite, c’est parce que les gouvernements qui se sont succédés durant des décennies ont créé un État clientéliste, facilité la corruption, toléré ou encouragé la collusion du pouvoir politique avec le pouvoir économique, laissé le champ libre à la fraude fiscale des grandes fortunes. Selon une étude du Crédit Suisse, 10% des Grecs détiennent 56% de la richesse nationale. Alors que la crise et les politiques d’austérité battaient leur plein, ces 10% ont été épargnés : leur contribution aux charges a été sans commune mesure avec celle du reste de la population. Ces injustices patentes n’ont pas été rectifiées mais aggravées par les plans d’aide et les mémorandums. Aucune de ces soi-disant réformes n’a malheureusement amélioré les mécanismes de perception fiscale qui se sont effondrés, en dépit des efforts remarquables déployés par quelques fonctionnaires intègres et aux abois. Aucune mesure n’est venue contrecarrer les intérêts croisés de  l’establishment politique, des oligarques et des banques, ce triangle établi dans notre pays depuis des décennies. Aucune réforme n’a amélioré le fonctionnement et l’efficacité de l’appareil d’État, qui s’est habitué à servir des intérêts particuliers plutôt que l’intérêt commun. Les propositions que nous déposons se concentrent, elles, sur de véritables réformes qui ont pour ambition de changer la Grèce. Il s’agit de mesures que les gouvernements précédents, l’ancien système politique et les initiateurs des plans de sauvetage ne voulaient pas mener en Grèce. Tels sont les faits.

    Lutte contre la structure oligopolistique et les pratiques des cartels ― en particulier sur le marché télévisuel, anarchique et hors de contrôle ; renforcement des mécanismes de contrôle des dépenses publiques et du marché du travail, dans le but de réprimer l’évasion et la fraude fiscales ; modernisation de l’administration publique : telles sont les priorités du programme de réformes de notre gouvernement ; nous attendons bien sûr que nos partenaires souscrivent à ces priorités."

    Traduit du grec par Dimitris Alexakis

    Sources > 

  • Le carnaval des irresponsables

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    " Après les désaccords de ces derniers jours sur le dossier grec, Angela Merkel et François Hollande ont donné lundi soir à l’Elysée une brève conférence de presse, lors de laquelle ils se sont montrés unis pour appeler Athènes à "la responsabilité". Le Monde

    On s'en voudrait de faire tache dans le décor et les dîners mondains de nos élites, mais la mortalité infantile en Grèce a augmenté de 43% entre 2008 et 2010. Les chercheurs notent également une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, qu’ils ont attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals. > source

    Il est temps, en effet, d'appeler Athènes à la "responsabilité"

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