Carré manchot & Akiyo Ka
Lyiannaj, Ti Jan
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Lyiannaj, Ti Jan
Action collective
La police, invitée surprise de l’entretien préalable à licenciement d’un salarié sans papiers
Si le code du travail prévoit que salariés et employeurs peuvent être assistés lors d’un entretien préalable à licenciement, le même code ne prévoit pas que la police puisse assister l’employeur et mettre un terme à la procédure !
Saliou B. travaille avec un nom d’emprunt, comme nombre de personnes sans papiers, pour une entreprise de nettoyage dont le siège est situé à Vanves (92). Il travaille à temps partiel environ 2 heures par jour, en CDI.
Lors de la signature du contrat, Saliou ne présente aucun papier, pas même la photocopie de la pièce d'identité d'emprunt. L'entreprise ne fait pas de vérifications et le contrat est signé en janvier 2014.
A partir de juin 2014, des retards de paiement de ses heures de travail amènent le salarié à se plaindre auprès de son employeur. Celui-ci devient bizarrement très pointilleux sur l’identité de son salarié. Il bloque le versement de ses salaires mais ne lui demande pas de cesser son activité.
Après 6 mois durant lesquels Saliou B. a continué de travailler sans être payé, il se décide à réclamer par courrier le paiement de ses salaires et la rectification des bulletins de paie, et informe son employeur qu’il saisira le conseil de prud’hommes si ses droits ne sont pas rétablis.
L’employeur, pour toute réponse, le convoque à un entretien préalable à licenciement le 17 décembre au matin ! Mais l'employeur ne s'est pas contenté de convoquer son salarié ; il a également prévenu la police, et dix minutes après le début de l'entretien, une voiture de police arrive sur place. C’est l’arrestation du salarié qui met fin à l’entretien. Il est ensuite placé en garde à vue pour usurpation d’identité, puis transféré au centre de rétention de Plaisir (78) d’où il risque d’être expulsé de France à tout moment.
Les organisations signataires dénoncent l’attitude de la police et rappellent que celle-ci a omis de placer en garde à vue le véritable délinquant : l’employeur, qui lui reste libre. Est-il prévu qu'il fasse l'objet de poursuites ?
En effet, la dissimulation, même partielle, d’heures de travail constitue un délit, et a pour conséquences un manque à gagner en cotisations perdues pour les organismes sociaux et la protection sociale.
Par ailleurs, l’article L.8252-2 du code du travail prévoit que le salarié étranger dépourvu de titre de séjour a les mêmes droits au paiement des salaires que les autres salariés. Il a aussi le droit à être entendu lors d’un entretien préalable pouvant aller jusqu’à son licenciement.
La police a, dans ce cas, permis à l’employeur de continuer à s’exonérer de ses obligations. Son intervention dans cette affaire a de fait empêché la victime de faire valoir ses droits devant la justice prud'homale ou pénale.
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En empêchant ce salarié de faire valoir ses droits, et en permettant à l’employeur de continuer à contrevenir au code du travail, la police donne un signal symbolique inquiétant : en plus de devoir se cacher, les salariés sans papiers devront-ils renoncer à faire valoir leurs droits ?
Les employeurs coupables d'abus et exploitation d'une main-d'œuvre par nature vulnérable seront-ils désormais protégés par les forces de police ?
Dans un État de droit, cette attitude est inacceptable. Nous demandons la libération immédiate de Saliou B. et la saisine des services de l’inspection du travail pour qu’une enquête soit menée, le salarié rétabli dans ses droits et l'employeur poursuivi pour les infractions qu'il a commises.
Paris, 22 décembre 2014
Organisations signataires :
CGT-UD-Paris
CGT-UD-92
CNT-Solidarité ouvrière-Nettoyage-Région parisienne
Gisti
Sud-Travail-Ile-de-France
Syndicat de la magistrature (SM)
Union syndicale Solidaires
En 1765, sous le règne de louis XIV, alors que la Bretagne connaît des difficultés économiques importantes, une insurrection paysanne éclate dans la partie occidentale de la province : des paysans bretons se révoltent contre l'imposition de taxes royales et seigneuriales et, plus généralement, contre le poids de la féodalité et des privilèges nobiliaires. Le mouvement, qui menace de s'étendre au reste de la province, entraîne de la part du pouvoir royal une répression impitoyable.
Manipulant l'Histoire, une bande organisée par le patronat breton ultralibéral se réclame aujourd'hui des "Bonnets rouges" et entend se faire passer pour progressiste - voire révolutionnaire !
Par les historiens Alain Croix (Nantes), André Lespagnol (Rennes), Fañch Roudaut (Brest).
Tribune parue dans Ouest-France et le Télégramme du 22 novembre 2013
Nous sommes en 1675, sous le règne de Louis XIV, dans les campagnes de Basse-Bretagne. À un moment où, par ailleurs, de nombreuses villes à l’est de la province, Rennes surtout, connaissent aussi une révolte dite « du Papier timbré ».
Pourquoi cette révolte des Bonnets rouges ? Alors que la Bretagne connaît, pour la première fois depuis près d’un siècle, de sérieuses difficultés économiques, les charges qui pèsent sur les paysans s’alourdissent : versements aux seigneurs surtout, taxes royales aussi, dont la multiplication donne une impression d’accablement fiscal. Ces taxes, réelles (sur le tabac, par exemple) ou imaginaires (l’instauration de la gabelle sur le sel) sont même ce qui met le feu aux poudres.
Les révoltés s’organisent de manière assez remarquable : rédaction de « codes », ancêtres des cahiers de doléances de 1789, élection de députés dotés d’une chemise et d’un bonnet rouge. La mobilisation des troupes pour la guerre de Hollande permet à la révolte de durer quatre mois, chose inouïe dans la France du roi absolu et dans une province réputée pour sa tranquillité.
Il est facile d’établir des parallèles avec notre époque, et aussi des différences : l’essentiel n’est pas là.La révolte, en effet, vise tous ceux qui, de près ou de loin, peuvent être perçus comme des exploiteurs : seigneurs, agents du fisc, clergé même. Les codes paysans réclament la suppression des corvées (seigneuriales surtout), la diminution des prélèvements sur les récoltes (les seigneurs encore, le clergé aussi), et un juste tarif pour divers services du quotidien : les messes et le vin, les actes devant notaire et le tabac…
Ils ne s’en prennent jamais, bien au contraire, à un roi supposé ignorer les abus que connaît son royaume. Cette révolte, qui oppose des paysans bretons à leurs exploiteurs bretons, est avant tout sociale : il est symbolique que le révolté le plus connu, Sébastien Le Balp, soit assassiné par un seigneur, le marquis de Montgaillard.
Gommer cette fondamentale dimension sociale est un travestissement de l’histoire. Délibérément, certains au moins des animateurs du collectif Bonnets rouges veulent détourner la très légitime colère des victimes (agriculteurs, éleveurs en particulier, salariés d’une partie de l’industrie agro-alimentaire) contre « Paris », responsable de tous les maux. Alors qu’une part essentielle de responsabilité incombe à certains chefs d’entreprise et à certains syndicalistes agricoles qui n’ont pas voulu voir venir l’effondrement d’un modèle économique devenu dépendant de subventions européennes, ou qui l’ont très bien vu venir sans chercher à faire évoluer manières de produire et types de production. Selon une recette éprouvée, ils tentent de détourner une profonde et légitime colère sociale vers « les autres », tous les autres mais pas eux. Avec la connivence de quelques élus.
Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer cette escroquerie intellectuelle : syndicats de salariés, désormais unanimes, un syndicat agricole comme la Confédération paysanne, certains partis politiques, certains journalistes, certaines personnalités. Nous voulons leur apporter notre soutien.
Manipuler l’histoire, tomber dans le populisme, n’a jamais aidé à résoudre de vrais problèmes. La preuve en est dans les efforts de récupération du mouvement par l’extrême droite, ce qui devrait faire réfléchir.Oui, il y a de quoi lakaat e voned ruz, « mettre son bonnet rouge », c’est-à-dire piquer une colère noire, selon l’expression imagée du breton. Encore faut-il tourner sa colère vers les vrais responsables.
Alain Croix (Nantes), André Lespagnol (Rennes), Fañch Roudaut (Brest).
La dernière grande révolte paysanne en France, celle de Bretagne en 1675, a lieu sous le règne de Louis XIV. Elle démarre dans les villes avec des protestations anti-fiscales ( d’où son nom de révolte du papier timbré ) : Rennes, Nantes, Saint-Malo, Guingamp, Fougères, Dinan, Morlaix seront concernées.
Puis, début juin, elle s'étend aux campagnes de Cornouaille, où elle se transforme en une révolte antiseigneuriale, beaucoup plus radicale, dite des "Bonnets rouges" ou encore "Torreben" ( casse-tête).
En Bretagne les droits seigneuriaux sont très lourds, le système foncier est précaire et les agents de l'État ainsi que la noblesse, à travers les États de Bretagne, ont beaucoup d’intérêts en commun et pressurent la paysannerie.
Comme les requêtes adressées au pouvoir restent sans réponse, La révolte se radicalise un peu plus et la réaction du pouvoir est à la mesure du crime des révoltés : plus de six mille soldats avance de Hennebont vers Quimperlé avec à leur tête le Duc de Chaulnes, surnommé " gros cochon" dans la province et qui commentera son ouvrage de manière imagée et vantarde : “Les arbres commencent à se pencher sur les grands chemins du poids qu'on leur donne”.
Pour l'historien Arthur de la Borderie (1827-1901), qui était loin d'être un révolutionnaire :
“Ce grand déploiement de puissance publique ne servait, avant tout, qu'à recouvrir les entreprises d'une misérable vengeance personnelle… sur ce point, le doute n'est guère possible…. Le premier mobile du duc de Chaulnes fut le désir de se venger de ses propres injures …. Madame la gouvernante, qui avait eu dans l'injure une large part, en voulut une aussi grande dans le plaisir de la vengeance”.
Mme de Sévigné, une femme de cour et amie des "de Chaulnes", écrivait le 16 août 1675 :
" On dit que nos mutins demandent pardon ; je crois qu’on leur pardonnera moyennant quelques pendus. "
puis Le 24 septembre :
" Nos pauvres bas Bretons, à ce que je viens d’apprendre, s’attroupent quarante, cinquante par les champs, et dès qu’ils voient les soldats, ils se jettent à genoux et disent mea culpa : c’est le seul mot de français qu’ils sachent… On ne laisse pas de pendre ces pauvres bas Bretons. Ils demandent à boire et du tabac, et qu’on les dépêche."
Les admirateurs de Mme de Sévigné y voit une marque de sa pitié, mais à lire ses sentiments et réactions vis-à-vis des bas Bretons et de la Bretagne tout au long de sa prose, il est permis d'en douter. Il faut préciser que, outre son éducation et son attachement à sa classe sociale, Mme de Sévigné savait que ses lettres seraient lues, relues et commentées dans les salons et à la cour, ce qui explique le ton souvent ironique et blessant qui vise à mettre les rieurs de son côté.
D'autres réactions et commentaires de l'époque sur cette révolte:
> "Les massacres perpétrés en Bretagne en 1675 par les armées du Roi : un souvenir qui véhicule l'épouvante "- Agence Bretagne Presse
> La Révolte du papier timbré - Wikipedia
Bibliographie :
" Les Bonnets rouges ", collection 10/18 - 1975 : Arthur Le Moyne de La Borderie, La Révolte du Papier Timbré advenue en Bretagne en 1675 - Boris Porchnev, Les buts et les revendications des paysans lors de la révolte bretonne de 1675.
France-Inter et Là-bas.org
On est Breton ! On est le peuple ! Bonnets rouges et drapeaux bretons ont surgi à la Une, contre l’écotaxe, contre le chômage, contre les charges, contre tous les maux qui assaillent la Bretagne et donc contre Paris et donc contre la France ! À l’origine de ce mouvement, on trouve un collectif de patrons en lutte contre les "contraintes administratives et fiscales" en lien avec l’INSTITUT DE LOCARN, une sorte de DAVOS breton laboratoire de réflexions et centre de formation des élites locales. Réflexion sur l’Europe fédérale, réflexion sur le nationalisme breton... car "le problème de la Bretagne, c’est la France".
> France-inter : Vive la Bretagne libre ! Première partie
> France-inter : Vive la Bretagne libre ! Deuxième partie
Vivre, décider et travailler en Bretagne ! Les bonnets rouges n’ont pas seulement manifesté contre l’écotaxe, pas seulement contre la crise, mais aussi pour l’identité bretonne. L’élite des grands patrons bretons se retrouvent à l’Institut de Locarn, un think tank régionaliste en lutte contre l’État français et les "jacobinards". En lien étroit avec le monde politique, bien organisé, doté de fonds conséquents, le "lobby breton" avance ses pions méthodiquement. Mais des voix dissidentes se font entendre...
Le tout nouveau CCIB (Comité de Convergence des Intérêts Bretons) dénonce le " carcan administratif français "... dans ce comité de brimés figure Alain Glon, deuxième fortune de Bretagne, et qui en est d'ailleurs le co-fondateur avec Jacques Bernard, président de Produit en Bretagne¨.: Et pour cesser de pleurer dans les chaumines, on rappellera avec l'Humanité que le goupe Glon, c’est, dans l’agroalimentaire " un chiffre d’affaires, en 2012, de 1,8 milliard d’euros, 4 163 “collaborateurs” (entendez salariés) et 49 sites industriels en France et à l’international. " Miam ! Miam !
Alain Glon est aussi - et surtout - le président de l'Institut de Locarn qui regroupe les principaux des grands industriels de Bretagne qui ont une sainte horreur des contraintes - mais moins des aides publiques et jacobines ( Entre 2003 et 2013, Bruxelles a versé quelque 770 millions d’euros de subventions à la filière avicole.) Un institut éminemment apolitique, comme on le voit, inauguré en 1994 par Yvon Bourges, gaulliste puis président RPR du Conseil Régional de l'époque, et Otto de Habsbourg, proche de l'Opus déï, et membre de la Trilatérale au pouvoir diffus et opaque et où se croisent et s'entrecroisent les dirigeants des multinationales, les gouvernants des pays riches et les partisans du libéralisme économique.
- Le projet de l'Institut de Locarn a été exposé par son fondateur, Joseph Le Bihan, en 1993, sous le titre « Genèse de l'Europe unifiée dans le nouveau monde du XXIe siècle » : la France n'a plus d'avenir ; l’État-nation doit disparaître ; il faut liquider l'éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels, en finir avec l'héritage de la Révolution française, syndicalisme, laïcité, et autre boulets : « Nous allons réintégrer cette Europe de la civilisation et de la propreté qui existe déjà en Allemagne, en Suisse et dans certains pays nordiques. " Françoise Morvan
Rien que des hommes de progrès qui veulent en finir avec la République et ses lois contraignantes, surtout celles acquises de haute lutte et qui nous protègent de leurs dérives. Vous avez-dit Code du travail ? conventions collectives ? salaire minimum ?.... vite mon bonnet!
Lakaat e voned ruz : C'est nous qui mettons le bonnet rouge ! rouge et noir de de colère !
Contre la colère de ses manants affamés qui venaient pour le pendre, le Seigneur est sorti de son château en leur disant "Je suis avec vous, notre ennemi c'est le Roi !". Et tous ensemble se mirent à hurler "À bas le Roi ! Vive notre bon Seigneur !". Et tous, le Seigneur en tête, se mirent en marche, arborant des chapeaux ronds, des drapeaux bleus, des sabots noirs ou des bonnets rouges...
Cette histoire est de partout et de tous les temps. Ainsi, les puissants responsables de L'élevage intensif en Bretagne, soutenus par des subventions publiques depuis des années, réussissent à créer la confusion, en se posant en victimes de la catastrophe économique, humaine et environnementale qu'ils ont engendrée avec l'appui de puissants lobbies industriels et professionnels.
La lutte est en cours mais quelles sont les alternatives ? Aujourd'hui, chez un éleveur de porcs puis avec un aviculteur, qui veulent montrer que des évolutions sont possibles. "
Un reportage d'Anaëlle Verzaux.
Une Bretagne aux mains des patrons, de l’Église et des notables on n'en veut pas ! Même si c'est au nom et au son du "Vivre, décider et travailler en Bretagne".
Cette " Bretagne ni blanche ni rouge " mais toujours parée d'hermines, de duchesse Anne aux petits sabots, de saint Yves défenseur de la charité bien ordonnée, de label Breton et d'agro-industrie, on sait par expérience ce qu'elle sera : libérale, dérégulée intensive et polluée. La surprise ne sera pas très grande : c'est ce qu'elle est déjà en grande partie.
Quant aux futurs rassemblements de Bretons de souche qui vont "au-delà des divisions entre professions ou sensibilités politiques", laissons-les dans leur au-delà et méfions-nous comme de la peste et du choléra de cette fameuse et fumeuse Union sacrée, qui n'est jamais que le cache-sexe de la réaction et la porte ouverte à la régression sociale.
par
Le Tribunal de l’Union Européenne a annulé, le 17 décembre, l’inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes de l’UE. Une décision que nous ne commenterons évidemment pas, mais qui nous intéresse dans la mesure où les grands médias français l’ont rapidement relayée sur leurs sites internet. Des articles en général très factuels, sans appréciation positive ou négative de la décision de la justice européenne, mais dont l’iconographie semble dénoter un certain parti pris...
Ces captures d’écran, réalisées dans la journée du 17 décembre sur les sites d’un bon nombre de grands médias français, parlent presque d’elles-mêmes :
Le Monde :
Libération :
Le Parisien :
Ouest-France :
Le Journal du dimanche :
L’OBS :
Europe 1 :
RFI :
BFMTV :
TF1/LCI
Etc.
Une iconographie, chacun l’avouera, d’une stupéfiante variété, et d’une neutralité totale eu égard à l’objet des différents articles...
Le Hamas est une organisation politique qui possède certes une branche armée, mais la lutte armée n’est qu’une des facettes des activités du mouvement qui, rappelons-le, est majoritaire au parlement palestinien et a dirigé le gouvernement à Gaza durant sept ans. Le Hamas a des activités multiples, qu’elles soient religieuses, politiques, caritatives, sociales... Comme le rappelle Aude Signoles, enseignante-chercheuse et spécialiste reconnue, dans le monde académique, des organisations et de la société palestiniennes,
" Comme dans n’importe quel mouvement politique, la branche armée ne représente qu’une minorité au sein du Hamas. La plus forte composante du Hamas est sa branche caritative. Historiquement, cela a toujours été le cas. À Gaza, par exemple, tout le monde connaît les membres du Hamas, ils sont sur le terrain depuis longtemps : ils apportent l’éducation, la santé, une assistance juridique aux familles. En cas de litiges entre familles, ce sont eux qui jouent le rôle de médiateurs. Le Hamas fait énormément de social. Il crée de nombreux clubs de jeunes, organise des actions sportives ou caritatives."
Il existe dès lors des centaines, des milliers probablement, de photos pouvant illustrer un article sur le Hamas : photos d’Ismail Haniyah, le dirigeant le plus connu du mouvement, de réunions du gouvernement Hamas à Gaza, de manifestations diverses, à Gaza et en Cisjordanie, de centres sociaux, de dispensaires, de drapeaux du Hamas, voire même de drapeaux palestiniens, etc. Et si le Hamas organise des défilés militaires, et met parfois en scène sa branche armée, rien n’oblige les sites et les journaux à choisir des photos prises lors de ces défilés.
Car de tels choix ne donnent pas seulement une image biaisée de ce qu’est le Hamas, mais ils ne sont, de plus, pas neutres. On admettra en effet que les photos reproduites ci-dessus contribuent largement à inciter les lecteurs à porter un jugement négatif sur le Hamas, qui apparaît avant tout comme un groupe paramilitaire et violent, dont les membres se promèneraient dans les rues avec des cagoules et des armes.
Critiquer le Hamas ? C’est évidemment le droit de tout un chacun ! Mais la moindre des choses serait alors d’offrir une véritable information et de véritables analyses (absentes de chaque article dont nous avons capturé le titre et la photo d’illustration), et non de se reposer sur des choix iconographiques qui, consciemment ou non, influencent le lecteur en ne lui offrant qu’une vision partielle, voire partiale, de la réalité.
Julien Salingue
Le 17 décembre 2010, alors que Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu suicide et devenait ainsi l'élément déclencheur de la révolution en Tunisie. Alors que des dizaines de Tunisiens révoltés tombaient sous les balles du dictateur Ben Ali, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre sarkozyste des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, s'en allaient fêter leur réveillon en Tunisie - Parmi d'autres adorateurs.
"Une dictature, la Tunisie ? L’Egypte, une dictature ? En voyant les médias se gargariser maintenant du mot "dictature" appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à l’Egypte de Moubarak, les Français ont dû se demander s’ils avaient bien entendu ou bien lu. Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes n’avaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux "pays amis" étaient des "États modérés" ? Le vilain mot de "dictature", dans le monde arabo-musulman, n’était-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l’ "effroyable tyrannie" de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ? Comment ? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région ? Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous l’auraient-ils caché ?" Ignacio Ramonet
Déliquescence de l’État, répression accrue et "essor économique". Pour être le " rempart contre la déferlante intégriste dans la région", le régime de Ben Ali avait carte blanche pour réduire au silence la moindre opposition par la censure de la presse, les arrestations arbitraires, la torture et les procès d'opinion.
Le régime avait atteint sa vitesse de croisière :
Diplomatie française
Merveilleuse et inoxydable, Alliot-Marie. Elle fut sis fois ministre, sans discontinuer de 2002 jusque sous Sarkozy, premier dignitaire de la Ve République à inaugurer successivement quatre ministères dits " régaliens." Ministre des Affaires étrangères, elle vanta devant les députés, le 11 janvier 2011, les compétences de la France de droite pour venir en aide à Ben Ali et sécuriser une Tunisie agitée par une méchante insurrection.
" Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité. "
ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la... par SuperBeurkMan
Assemblée nationale - Séance du mardi 11 janvier 2011
Tunisie : les deux problèmes à régler selon la droite,avant la chute du dictateur.
- M. Jean-Paul Lecoq. (...) Madame la ministre des affaires étrangères, comment justifiez-vous cette incohérence de notre pays : d'un côté la France appelle au respect de la démocratie en Côte d'Ivoire alors que de l'autre elle soutient de manière indéfectible la dictature de M. Ben Ali ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
- M. Arnaud Montebourg. C’est vrai !
- M. le président. La parole est à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.
- Mme Michèle Alliot-Marie. Monsieur le député, oui la Tunisie comme l’Algérie connaissent en ce moment des mouvements sociaux de grande ampleur et qui touchent particulièrement les jeunes. Face à cela, plutôt que de lancer des anathèmes,…
- M. Maxime Gremetz. Des anathèmes ? Il faut appeler un chat un chat !
- Mme Michèle Alliot-Marie,. …notre devoir est de faire une analyse sereine et objective de la situation. Parlons du fond, tout d’abord. Il est vrai que dans ces deux pays, il y a énormément d’attentes – notamment de la part des jeunes, et en Tunisie particulièrement de jeunes formés – de pouvoir accéder au marché du travail.
- M. Michel Lefait. En France aussi !
- Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. Or c’est un problème pour ces pays. C’est bien la raison qui nous porte à souligner le bien-fondé de la volonté du Président de la République de répondre, dans le cadre du G8 et du G20, aux préoccupations et aux besoins de ces pays. Il s’agit, en particulier, de toutes les conditions nécessaires que la communauté internationale tout entière doit mettre pour permettre aux jeunes et aux jeunes diplômés de pouvoir accéder au marché du travail.
- M. Jean-Paul Lecoq. Et Ben Ali ?
- Mme Michèle Alliot-Marie. Le deuxième problème est effectivement celui des décès et des violences constatées à l’occasion de ces manifestations.
- M. Maxime Gremetz. Cinquante-deux morts !
- Mme Michèle Alliot-Marie. On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis. Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type.
- M. Roland Muzeau. Quelle honte !
- M. Pierre Gosnat. Et Ben Ali ? Répondez à la question !
- Mme Michèle Alliot-Marie. C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
-M. Jacques Desallangre. Quelle duplicité !
Pour en revenir à Aziz Milad, il était ce directeur de la compagnie aérienne Nouvelair, présenté par Alliot-Marie comme une victime du clan Ben Ali alors au pouvoir en Tunisie.
La victime Aziz Milad - tout comme le grand Rabbin de Tunisie - appelait pourtant en 2010 son bourreau de Ben Ali à se présenter à l'élection présidentielle de 2014. Il cosignait avec 64 autres personnalités un appel où l'on pouvait y lire :
« Nous nous permettons en tant que patriotes, au-delà des classifications politiques et idéologiques, d’appeler le dépositaire de la confiance en toute sincérité, à parachever ce qu’il a accompli, la marche, en dépit de l’immensité de ses acquis, demande encore la vision et le leadership de celui qui a fait montre de ses compétences à réaliser et changer. »
« La Tunisie, a encore besoin de vous, de vos visions perspicaces pour la gestion de ses affaires et la conduite de son avenir. C’est pourquoi, nous vous adjurons de vous porter candidat à un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014. Par cet appel, nous disons oui à la stabilité et à la continuité qui sont à la base de toute action politique réussie. Nous disons oui aussi à davantage de développement, oui à la paix sociale, à l’équilibre de la société, oui à la dignité et à la souveraineté nationale.»
Et les signataires concluaient ainsi :
«Toutes les profondes mutations autour de nous et celles à venir soulignent l’indispensable recours pour la Tunisie à un commandement de la taille de celle du Président Zine el Abidine Ben Ali, avec tout son poids et toute sa sagesse. Nous sommes conscients que l’ultime décision demeure la vôtre, mais ce à quoi nous aspirons à travers notre initiative, c’est de nous accorder l’exercice de notre droit à la poursuite de l’espoir et de la confiance dans l’avenir de la Tunisie et celui de son peuple ce qui ne saurait s’accomplir sans la poursuite de votre leadership et de votre action afin de consolider davantage la stabilité, le progrès et la prospérité.»
Le 20 août 2010, la presse tunisienne aux ordres publiait un autre texte, "l’appel des mille " où un millier de personnalités développaient avec force éloges fleuris des "arguments" en faveur du " raïs " :
"En symbiose avec la volonté populaire qui est l’essence même de la Démocratie ; partant du fait que le principe électoral est à la base du régime républicain ; eu égard à l’évolution politique vers le pluralisme et la démocratie, laquelle évolution constitue une plateforme cognitive pour l’alternance au pouvoir dans un climat de concurrence pluraliste ouverte…
Et compte tenu du rôle historique assumé par le Président Zine El Abidine Ben Ali dans les progrès réalisés par la Tunisie et son accession à des classements mondiaux avancés dans tous les domaines ; eu égard, particulièrement, à son rôle déterminant et avant-gardiste dans l’édification d’une démocratie éclairée assurant à notre pays la stabilité et le développement continu en symbiose avec une contribution populaire large et consensuelle… Et étant convaincus que le Changement, à ce stade de son processus, est encore porteur de vastes horizons et de grandes ambitions pour le pays, ce qui rend nécessaire et impérieuse la permanence de Zine El Abidine Ben Ali aux commandes du projet national tendant à assurer stabilité, quiétude et pérennité à la Tunisie…
Compte tenu, donc, de ce qui a précédé, nous lançons cet appel à son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali pour qu’il se porte candidat à la présidentielle de 2014-2019 et pour qu’il continue cette marche commencée avec son peuple. Tout en étant conscients des lourdes responsabilités que cela induit, nous espérons que son Excellence. M. le Président répondra favorablement à cet appel et qu’il répondra à l’appel du devoir pour la Tunisie, pour la préservation de son invulnérabilité, de ses acquis et de ses réussites.
> La revue du Web de Thomas Cluzel
Bertrand Delanoë, alors maire de Paris et toujours natif de Bizerte, confiait en mars 2010 tout le bien qu'il pensait de la Tunisie et de son président : " un pays qui a vraiment enregistré des résultats remarquables sur le plan économique et social, notamment depuis que le Président Ben Ali a pu , à partir de 1987, entamer un certain nombre de réformes." A l'époque il confirmait aussi , grâce à ses dons de visionnaire, que la Tunisie est " non seulement sur la bonne voie mais elle réussit mieux que les pays comparables et parfois même mieux que des pays dits développés en terme de croissance."
Il faut dire, à sa décharge, qu'en août 1997, la France de la cohabitation Chirac-Jospin, avec Hubert Védrinne aux Affaires étrangères, confirmait son soutien " au modèle démocratique tunisien " et ses 2000 prisonniers politiques selon Amnesty international. Mais Jospin corrigeait la mauvaise impression que l'on pouvait avoir : "il ne faut pas confondre les temps, il ne faut pas confondre l'attitude qu'on adopte en routine diplomatique face à des États qui sont de toute nature et une proposition extrêmement choquante alors que le peuple s'est mis en mouvement en Tunisie"...
Mais un lieu parisien porte désormais le nom de Mohamed Bouazizi, en vertu d’une décision prise à l’unanimité par le Conseil de Paris, le 8 février 2011...
Embarrassé par l'ami gênant, L’Internationale socialiste se décidait enfin , le 11 janvier 2011, d’exclure le parti politique du président tunisien déchu de Ben Ali. L'annonce fut faite dans un communiqué lapidaire sans un mot ni une explication supplémentaire.
" Officiellement, le rôle du Fonds monétaire international est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ».
Le FMI fournit des crédits aux pays en difficulté. Mais en contrepartie, il exige des politiques de rigueur, de libéralisation des services publics, de privatisations, de désengagement de l’État, nommés « Plans d’ajustement structurels ».
Il dispose également d’un rôle de conseil et de formation... pour mener des politiques ultralibérales. Le FMI est dénoncé pour ses actions au niveau international par des centaines d’organisations actives dans les pays du Sud et du Nord. "(M'PEP)
Éloges de la part de Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, à l'issue de sa visite en Tunisie fin 2008 :
La Tunisie de Ben Ali, un modèle« C'est avec plaisir que j'ai visité la Tunisie à l'occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Banque Centrale de Tunisie. Cette institution, un pilier de la gestion dynamique de l'économie tunisienne, a contribué à l'accélération de la croissance et à la stabilité économique. La crise financière très grave que connaît le monde requiert l'action claire et globale de tous nos pays ainsi qu'une coordination étroite des politiques conduites par chacun d'eux, et le rôle des banques centrales est à cet égard fondamental.
« Au cours de mon séjour à Tunis, j'ai eu le privilège de rencontrer Son Excellence le Président Ben Ali et le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, M. Taoufik Baccar.
« Les entretiens que nous avons eus ont témoigné de notre vision commune des réalisations de la Tunisie et de ses principaux défis à relever. Les politiques économiques mises en _uvre par les autorités et leur approche pragmatique des réformes structurelles ont produit des gains sensibles et la crise financière mondiale n'a pas eu d'impact financier direct sur la Tunisie. Dans l'immédiat, le défi principal est de limiter l'impact d'un ralentissement prévu de l'économie mondiale. A moyen terme, la création d'emplois et la croissance du revenu seront déterminantes pour le relèvement du niveau de vie.
« Nos entretiens ont également confirmé que le programme de réforme de la Tunisie progressait à rythme soutenu et que les perspectives du pays étaient favorables. J'ai félicité les autorités tunisiennes pour la création d'un comité qui suivra les impacts de la conjoncture économique et financière mondiale et prescrira des mesures pour en atténuer d'éventuels effets négatifs sur l'économie tunisienne ainsi que pour la célérité qui a caractérisé l'action de la Banque Centrale de Tunisie dès l'apparition de la crise. J'ai noté la bonne poursuite du renforcement de la situation du secteur bancaire et encouragé les autorités à persévérer dans cette réforme hautement prioritaire, compte tenu de la libéralisation graduelle du compte de capital. J'ai félicité les autorités pour leurs efforts d'avancement de l'intégration régionale qui pourrait potentiellement aider les pays du Maghreb à affronter l'adversité de l'environnement international actuel. » ( Fonds monétaire international : communiqué de presse n° 08/291 (F))
" Vous aussi en France vous avez des centrales nucléaires encore plus vieilles que celles qu'il y a au Japon : elles peuvent aussi exploser."
Naoto Matsumura
Naoto Matsumura, un agriculteur surnommé "le dernier homme de Fukushima", vit à Tomioka entre les deux centrales Daii Chi et Daii Ni. Il est resté dans la zone interdite pour sauver des animaux abandonnés après la catastrophe nucléaire.
"Au bout de 3 jours je suis sorti de ma maison ce qui m'a frappé c'est le silence. J'ai vu un pauvre chien attaché, il n'avait rien à manger ni à boire. Je l'ai donc nourri et un autre chien à côté a commencé à aboyer pour me réclamer aussi de le nourrir. Et c'est comme ça que je me suis aperçu qu'il y avait des milliers d'animaux abandonnés autour de Fukushima".
Au Japon près de 16 000 personnes ont perdu la vie après celle de Fukushima.
Le 11 mars, dans l''émission de radio La tête au Carré, Mathieu Vidard a reçu Naoto Matsumura, ainsi que le géographe Gilles Fumey qui revient de Nagoya et le bio acousticien Thierry Lengagne qui était à Fukushima en juin 2013.
> Fukushima (1/7): le dernier homme Photographe : Antonio Pagnotta
en 2010, près de 180.000 Allemands quittèrent l’Église catholique. Soit 40% de plus par rapport à 2009. Le révérend Dominik Schwaderlapp, vicaire général de l'archevêché de Cologne, expliqua alors que cette débâcle reflétait " le manque de confiance dont souffre l’Église en raison des affaires d'abus sexuels. "
En 2013, le nombre de catholiques est passé sous la barre des 30 % de la population allemande. Près de 180 000 catholiques ont à nouveau quitté l’Église catholique, une forte chute qu'on explique en particulier par le scandale financier dans le diocèse de Limbourg.
Précisons que le nombre de pratiquants protestants est aussi en baisse continu depuis plusieurs années.
Toutes ces statistiques allemandes ne sont possibles que parce que les croyants doivent informer les autorités de leur départ : ce sont elles en effet qui se chargent de collecter les taxes versées à l’Église...
Petillon