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Fleur Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues du ministère de l’intérieur et de celui de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».
Suite à des ratés et des erreurs manifestes dans la couverture médiatique des massacres du 11 janvier, le CSA avait communiqué sur leTraitement des attentats par les télévisions et les radios. Au prétexte d’antiterrorisme et de préservation de l’ordre public, le gouvernement a saisi cette balle au bond pour montrer à tous de quel bois il se chauffe en temps de guerre fantasmée et d'élections à venir.
Rappelons que le CSA est inféodé au pouvoir politique et assujetti aux entreprises médiatiques. A la tête du CSA, Olivier Schramek, l'ex-directeur de cabinet de Lionel Jospin, a été nommé par Hollande. Nicolas About, président du groupe centriste du Sénat. fut nommé en 2011 par Gérard Larcher, président du Sénat.
L’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) rappelle dans un communiqué qu'il " ne saurait y avoir une approche d’exception au nom de l’antiterrorisme et de la préservation de l’ordre public" et que les journalistes ne sont pas des auxiliaires de justice.
Il ne saurait y avoir une approche d’exception au nom de l’antiterrorisme et de la préservation de l’ordre public. Le maintien de l’ordre républicain ne saurait se faire au prix de l’abandon des valeurs de la République et de la démocratie. La liberté d’expression et le droit du public à être informé sont consubstantiels à la démocratie et à toute république démocratique.
Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours.
L’ODI souligne que, même si tout n’est pas parfait dans la couverture médiatique, les questions liées aux pratiques professionnelles des journalistes ne peuvent être traitées que dans un organisme autonome. A ce titre, l’ODI rappelle qu’il est une association tripartite regroupant des journalistes professionnels (associations et syndicats), des entreprises et syndicats d’entreprises de médias, des associations représentant le public, dont le but est l’observation et la réflexion sur la déontologie du journalisme.
Gérard Filoche, bureau national du PS, explique en quelques mots la loi Macron ainsi que la déliquescence de son parti qui dérégule le droit du travail.
" Mais c'est nous, parce que nous marchons, parce que nous luttons pour un idéal nouveau, c'est nous qui sommes les vrais héritiers du foyer des aïeux ; nous en avons pris la flamme, vous n'en avez gardé que la cendre. "
" Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe..."
Jean Jaurès
D'Aubry à Parisot, de la droite à la gauche, nul ne tarissait d'éloges sur Strauss-Kahn, le grand patron du FMI qui avait su faire preuve d'un "leadership exceptionnel ". Celui qui, habillé médiatiquement et chaudement de l'étoffe d’un président, incarnait la social-démocratie mondialisée et sans tabous.
En ces heures, n'oublions pas quel fut le parcours de cette merveille dont nous fûmes menacés par les sondages avant d'en être libérés au détour une chambre d'hôtel.
Quelques étapes
1994 : Strauss-Kahn participe à la création du "Cercle de l'industrie", lobby des industriels français au sein de l'Union européenne. Y sont représentés : Rhône-Poulenc, Lafarge, Pechiney, Elf, L'Oréal, Bull, Schneider, Renault, Total…
" M. Lévy est au moins un ami, au mieux une main nourricière. Lors de la traversée du désert de M. Strauss-Kahn, entre 1993 et 1997, M. Raymond Lévy avait créé le Cercle de l’industrie, un groupe de pression patronal ayant pour objet de préserver les intérêts des grandes entreprises françaises à Bruxelles. Il en avait confié la vice-présidence - le bureau, la secrétaire et les notes de frais afférentes - à un homme de confiance. L’ancien ministre socialiste. " ( A gauche... mais proches des milieux d’affaires - Olivier Toscer - décembre 2003 )
1997 : ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie de Lionel Jospin, il supervise les ouvertures de capital (France Télécom, Air France, Thomson, EADS...) et les privatisations (Crédit lyonnais, GAN, CNP, CIC, Autoroutes du Sud de la France...) qui s'enchaînent à un rythme inégalé (42 milliards par an en moyenne contre 38 pour le gouvernement Balladur et 27 pour le gouvernement Juppé). En décembre, il annonce vouloir relancer la réflexion sur les fonds de pension.
Pudiquement la "Commission de privatisation" des socialistes fut rebaptisée Commission d'évaluation des participations et des transferts pour ne pas effrayer le "peuple de gauche". Et là où Alain Juppé, le prédécesseur de Jospin, avait accumulé échec sur échec, le Parti Socialiste menait avec succès sa course aux " adaptations " dictées par le capitalisme sous couvert de ce fameux "pragmatisme" qui anesthésient les militants et les électeurs.
A cette époque Strauss-Kahn a été suspecté - avant d'être relaxé deux ans plus tard par la justice - pour les conditions dans lesquelles il avait reçu des rémunérations de la MNEF en tant qu'avocat : 600 000 francs d'honoraires très controversés. Le 2 novembre 1999, DSK était contraint de démissionner de Bercy. " Qu'avais-tu besoin de cet argent ? " lui aurait demandé Lionel Jospin, premier ministre.
1999 : il baisse le taux d'imposition des stock-options de 40 % à 26 %, ce qui représente un bénéfice de 4 milliards de francs pour 12 000 privilégiés. Le Ministre des Finances de la "gauche plurielle", voulait ainsi défaire ce qu Alain Juppé avait mis en place en relevant le taux d’imposition de 26 % à 40 % !
2003 : Strauss-Kahn fonde, avec Michel Rocard, le club de réflexion À gauche, en Europequi soutient très tôt et de façon inconditionnelle le Traité constitutionnel européen. En mai 2005, il sort un DVD en faveur du « oui ».
2007 : Il devient directeur général du FMI sur proposition de Jean-Claude Juncker - homme politique luxembourgeois, un des architectes du traité de Maastricht- de Romano Prodi - ancien président de la Commission européenne-, et avec le soutien actif de Nicolas Sarkozy et l’accord de George W. Bush, président des États-Unis.
Le FMI qui, avec ou sans lui, continuera à imposer des programmes d’austérité aux pays en difficulté, mettra en pièces les services publics, la sécurité sociale et s’accommodera des déséquilibres des pays à l’origine de la crise.
" la grande et difficile réforme des retraites annoncée récemment vise à réduire à terme le déficit du système des retraites; elle met à juste titre l'accent sur le relèvement de l'âge du départ effectif à la retraite, en faisant passer progressivement de 60 à 62 ans l’âge légal du départ en retraite et de 65 à 67 ans l’âge légal minium ouvrant droit à une pension complète. Cependant, la France a encore du chemin à parcourir pour atteindre ses objectifs budgétaires à moyen terme. Le rééquilibrage des finances publiques devrait être fondé sur des prévisions macroéconomiques réalistes et l'adoption d'une règle budgétaire appropriée en renforcerait la crédibilité. Outre la maîtrise des dépenses de l'administration centrale et du système de sécurité sociale, il importe de poursuivre les efforts en cours pour limiter les dépenses des collectivités locales. " ( extrait du bulletin du FMI)
2010 : Martine Aubry adresse un satisfecit au FMIste Strauss-Kahn ce " formidable ministre de l'Economie et des Finances" : "Je pense que si la personne dont vous parlez n'était pas à la tête du FMI, la situation serait peut-être pire qu'aujourd'hui donc je m'en réjouis." Le FMI dont il est fait mention est bien le "prêteur de la dernière chance", toujours en situation de monopole dans les pays où il "s'invite. Les coupes drastiques dans les salaires de la fonction publique et les retraites sont la partie la plus spectaculaire des mesures qu'il préconise. Une vision du socialisme à visage libéral que défend la social-démocratie :
"La libéralisation du commerce associée à des taux d’intérêt élevés constitue une méthode presque infaillible pour détruire les emplois et répandre le chômage − aux dépens des pauvres. (...) L’austérité budgétaire appliquée aveuglément dans une situation inadaptée peut faire monter le chômage et rompre le contrat social." (Joseph Stiglitz, La Grande Désillusion)
2011 : Michel Rocard, Premier ministre sous François Mitterrand de 1988 à 1991, voit dans le patron du FMI le candidat social-démocrate idéal pour réguler une économie de marché mondialisée. Et de lire l'avenir à haute voix :
" J’ai longtemps dit le contraire, mais je pense désormais, en citoyen français, qu’il vaut mieux rapatrier Strauss-Kahn, et qu’il puisse agir à travers l’écoute dont bénéficie encore la France sur la scène internationale. Non seulement comme membre du Conseil de sécurité mais aussi du fait de son indépendance forte à l’égard des États-Unis. François Hollande ou Martine Aubry ne seraient pas sur une ligne bien différente mais, contrairement à Strauss-Kahn, il leur faudrait un certain temps d’apprentissage, et on ne peut pas perdre le moindre temps, il y a urgence. "
Même année, même pronostic de Pierre Moscovici qui, avant d'être hollandiste, était strausskahnien. Interwiever par les Echos, il déclare à propos de son présidentiable " mentor " d'alors:
" Il faut toujours regarder ce que pense l'opinion et se garder d'être arrogant ou de détenir une certitude immuable. Je pense néanmoins que la popularité de Dominique Strauss-Kahn n'est pas friable. Ce n'est pas par caprice ou foucade que les gens espèrent son retour, c'est parce qu'il est le président que les Français attendent. Tant en ce qui concerne la capacité à rétablir l'image de la France en Europe, dans le monde, à trouver des solutions face à la crise, à relancer la croissance et l'emploi ou à instaurer plus de justice sociale. Une fois que l'on a identifié ces enjeux et que l'on se demande qui est le mieux placé, chaque fois la réponse est : Dominique Strauss-Kahn."
Puis c'est l'arrêt en plein vol dans un hôtel de New-York et la chute du héros du PS.
"Mais le véritable scandale pour le Parti Socialiste est celui qu’il n’a même pas encore commencé à reconnaître : qu’il avait placé ses espoirs électoraux dans un champion du capitalisme financier mondial, le président du FMI. Quelle que soit l’issue des poursuites à New York, l’éclatement de la bulle DSK marque la totale dégénérescence du Parti Socialiste en France, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la vie sexuelle de ce dernier." ( Diana Johnstone)
Fin du parcours politique du " bon candidat " fabriqué par les grands médias et vite remplacé par Hollande.
" Le coup de théâtre du Sofitel l'ayant mis hors-jeu, il a fallu désigner rapidement un remplaçant : ce fut François Hollande, qui a entre autre en commun avec DSK d'avoir fait Sciences-Po et HEC. Alors que les sondages qui mettaient au pinacle DSK comme « candidat favori de la gauche » laissaient Hollande dans les choux (un mirifique 5%), sa cote a vite été dopée par les couvertures, éditoriaux et émissions, pour aboutir au même score que DSK."
"Au printemps 2012, en pleine campagne des élections présidentielles, une équipe de choc s'invite chez les notables de la presse parisienne pour les interroger sur le traitement de faveur dont ils gratifient François Hollande depuis les premiers jours de sa candidature. En plébiscitant le prétendant socialiste au détriment des autres candidats, les responsables de l'information ne sont-ils pas en train de préempter l'issue du jeu électoral ?" (Pierre Carles- documentaire "DSK, Hollande, etc.")
" Le PS doit rester sur son propre axe. Ses alliances sont connues, les écologistes et la gauche qui a envie de gouverner le pays en étant consciente des contraintes du moment! Le PS ne doit pas ignorer que, compte tenu de la situation écrasante de l'endettement du pays, il faudra demander des efforts, pouvant être partagés de manière plus juste. "
Pierre Moscovici
Dans le Doubs le PS a réussi malgré tout à se maintenir au second tour. Et il n'en attendait pas tant. Mais qu'importe le résultat, qu'importe le taux d'abstention (plus de 60%), qu'importe le score du FN qui arrive en tête avec seulement 12,5% des inscrits....Rompue à l'exercice du pouvoir, la social-démocratie a réponse à tout et en appelle au "front républicain" et à " l'esprit du 11 janvier'' qui flotte sur les sondages.
Le PS avait sorti l'habituelle badine et menacé les électeurs épuisés qui ne veulent plus voter pour ce parti de notables discrédités : "S'il n'y a pas un rassemblement dès le premier tour, il y a un vrai risque que la gauche ne soit pas au 2e tour", déclarait Frédéric Barbier, suppléant de Pierre Moscovici qui mène carrière à Bruxelles. A l'avance les coupables étaient désignés pour justifier l'éventuelle déculottée : le PS a en effet perdu plus de près de 10 000 électeurs en deux ans et demi et n'aura mobilisé que 11% des inscrits.
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Il est assez ironique que le Parti socialiste continue de faire les frais du discrédit attaché à la gauche, alors qu’il ne ménage pas ses efforts, c’est le moins qu’on puisse dire, pour échapper à cette étiquette infamante. De l’unanimisme qui prévaut désormais, et dont on peut mesurer l’ampleur à la généralisation d’un certain vocabulaire (" assistanat ", " victimisation", "angélisme ", " culture de l’excuse ", " tabous "…), le PS offre évidemment l’illustration la plus caricaturale. En dépit des gamelles électorales qui ont toujours sanctionné ses stratégies d’alignement sur le centre et la droite, ses représentants conjuguent, sans crainte du ridicule, les discours volontaristes sur la nécessaire reconstruction de la gauche et l’alignement systématique — par souci d’apparaître " crédibles " — sur les valeurs de la droite. "
Rendez-vous Place du Général-Brocard, de midi à 14 h. Place du Général-Brocard, 75008 Paris Métro Courcelles ou Charles de Gaulle Etoile
La place est située au carrefour de l'Avenue Hoche, de l'Avenue Van-Dyck et de la Rue de Courcelles. Sur place nous aurons des chasubles, et des pancartes.
Arabie Saoudite : Raïf Badaoui, blogueur et militant libéral saoudien, a fondé le site web “Free Saudi Liberals”, a été arrêté en juin 2012 et inculpé de cybercrime, d’apostasie et de désobéissance à son père, ce qui constitue un crime dans le royaume.
Il a été condamné à dix ans de prison, à une amende d’un million de riyals (266.000 dollars) et à 1.000 coups de fouet, qui lui seront infligés sur une période de cinquante semaines. Il ne survivra pas à ces séances répétées de torture.
Raif Badawi est la dernière victime en date de la campagne féroce visant à réduire au silence les militants pacifiques en Arabie saoudite. Les autorités semblent déterminées à écraser toutes les formes de dissidence par tous les moyens à leur disposition, notamment en infligeant de lourdes peines de prison et des châtiments corporels aux militants. » Amnesty Belgique
Dimanche dernier, le ministre d’État aux Affaires étrangères du Royaume d’Arabie saoudite, Nizar al-Madani, était présent à la " marche républicaine " en compagnie François Hollande. Nicolas Sarkozy, lundi 12 janvier sur RTL, a déclaré que "’s agissant de l’ensemble des invités de Hollande à la manifestation, je crois qu’il a eu raison d’inviter les représentants de l’Arabie saoudite, Monsieur Orban… Ça permettait, y compris à des gouvernements avec qui nous ne sommes pas d’accords, de voir ce qu’il se passe en France."
Je vous écris au sujet de Mr Raif Badawi, blogueur et prisonnier d'opinion saoudien.
Raif Badawi a été condamné le 7 mai 2014 par le tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet, cette condamnation est assortie d’une interdiction de voyager pendant 10 ans à l'issue de sa peine, d'une interdiction d'utiliser les médias et d'une amende d'1million de riyals saoudiens (environ 226 000euros).
Je suis consterné-e d’apprendre que ce 9 janvier, il a été fouetté publiquement devant la mosquée Al-Jafali à Djedda. Je vous demande d'annuler la condamnation à la flagellation de Raif Badawi sans plus tarder. Ce châtiment viole l’interdiction de la torture et de tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant, inscrite dans le droit international. Raif Badawi est un prisonnier d'opinion détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d'expression. Je vous exhorte par conséquent à veiller à ce que le verdict de culpabilité et la peine prononcés à son égard soient annulés et à le libérer immédiatement et sans condition.
Par ailleurs, je suis profondément préoccupé-e par le nombre de militants persécutés en Arabie Saoudite, pour avoir ouvertement exprimé leurs points de vue sur internet. Je vous appelle donc à cesser d’accuser, de poursuivre et de condamner des militants simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion.
Je vous prie de croire, Votre Majesté, Votre Excellence, à l’expression de ma haute considération.
La droite en rêvait, le Parti Socialiste va tenter de faire passer une loi qui, sous couvert de protéger les entreprises de l’espionnage industriel, vise à faire taire les journalistes d'investigation économique. Le texte prévoit des mesures annexes qui sont une atteinte à la liberté d'informer: procès à huis-clos, saisie éventuelle de journaux et magazine en kiosques, etc... trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende ça en refroidirait plus d'un. La peine pourra être portée à sept ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende en cas d’atteinte à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France. La tentative de ce délit doit être passible des mêmes peines.
Il y a un loup dans la loi Macron. Le projet de loi actuellement discuté à l’Assemblée nationale contient un amendement, glissé en catimini dans le texte, qui menace d’entraver le travail d’enquête des journalistes et, par conséquent, l’information éclairée du citoyen. Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme un «secret des affaires» dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France.
Selon le texte, le «secret des affaires» recouvre «une information non publique, qui fait l’objet de mesures de protection raisonnables» et qui a «une valeur économique». Notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique du pays.
Le texte, qui a été préparé sans la moindre concertation, laisse la libre interprétation aux seules entreprises de ce qui relèverait désormais du «secret des affaires». Autrement dit, avec la loi Macron, vous n’auriez jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS ou HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit lyonnais, ou de l’affaire Amésys, du nom de cette société française qui a aidé une dictature à espionner sa population. Et on en passe… La simple révélation d’un projet de plan social pourrait, en l’état, elle aussi, tomber sous le coup de la loi Macron.
Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la nation qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Une disposition spéciale prévoit même que la justice puisse empêcher la publication ou la diffusion d’une enquête. Dans le cas où le journaliste viole ce «secret des affaires», il encourt trois ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. La mise est doublée en cas d’atteinte à «la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France». Une triple notion suffisamment vague pour autoriser toutes les dérives liberticides.
Même tarif pour les lanceurs d’alerte, les fameuses sources sans lesquelles certaines affaires ne sortiraient pas. Ce texte inacceptable est mis au vote alors même qu’une loi prévoyant le renforcement de la protection des sources des journalistes a été discrètement enterrée l’été passé.
Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. Et comme disait George Orwell : «Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques.» C’est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte.
A l'attention des députés: Nous vous appelons à modifier l'amendement qui instaure un "secret des affaires" pour qu'il ne puisse être opposé à la liberté d'informer de la presse ou museler les lanceurs d'alertes. Il en va de notre démocratie.
Fabrice Arfi (Mediapart), Patrick Boitet (Un œil sur la planète), Cash Investigation (Premières Lignes), Tony Comiti (Tony Comiti Prod.), Guilaine Chenu et Françoise Joly (Envoyé spécial), Complément d’enquête (France 2), Hervé Demailly (Conférence des écoles de journalisme), Laurent Léger (Charlie Hebdo), Elise Lucet (France 2), François-Xavier Ménage (Capital), Paul Moreira et Luc Hermann (Premières lignes), Christophe Nick (Yami 2), Antoine Peillon (La Croix), Edwy Plenel (Mediapart), Pièces à conviction (France 3), Spécial investigation (Canal+), Zone interdite, Enquête exclusive
Les sociétés des journalistes et les sociétés des rédacteurs de :
AFP, BFM, CAPA TV, Europe 1, L’Expansion, L’Express, La Vie, Les Echos, Le Figaro, Le Monde, Libération, France 2, i-Télé, Les Inrocks, Radio France, RFI, RMC, France Inter, France 24, TFI
Les agences de presse et sociétés de production :
Brothers Films, Dreamway, Magneto Presse, Mano à Mano, Memento, Nilaya Productions, Presse and Co, Stp productions, Tv Presse, Upside, Yami 2, Spica