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  • Canal Plus : délit d'irrévérence et secret des affaires

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    « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu'il est donc préférable d'éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l'encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs. » (Le bras droit de Bolloré)

    Le journal des idées de Jacques Munier : Où sont passés les Guignols ?

    inrocks.jpgExtrait : "Ce courant d’air frais dans la vie politique, ce miroir irrévérencieux et sans complaisance tendu au pouvoir nous manque. Sous le titre « A tchao bonsoir. Comment la World Company a tué Canal » on peut suivre dans l’enquête des Inrockuptibles la chronique de « l’été meurtrier » qui a eu raison de cette tranche pétillante, réactivant jour après jour l’esprit de la caricature – une tradition bien française dans la ligne de Daumier, d’Hara Kiri et de Charlie hebdo.

    « Il faut éviter l’irrévérence car c’est segmentant. Il ne faut pas diviser la société française » prétend le bras droit de Vincent Bolloré, le nouveau patron de la chaîne. Pourtant le rire est une catharsis, l’arme de tous ceux qui subissent le pouvoir et ses pantalonnades tragi-comiques.

    Une nouvelle formule devrait démarrer au milieu du mois d’octobre mais selon le boss, « ce n’est pas la politique française qui va être virale sur le net. Il faut injecter des figures de la pop culture ». On aura donc droit à Kim Kardashian ou Justin Bieber, et il est désormais interdit de moquer Cyril Hanouna, qui devra – je cite – se « faire passer pour un demeuré » tout seul comme un grand dans sa lucarne, sur l’autre chaîne du groupe. C’était pourtant la garantie et la légitimité des Guignols de pouvoir se moquer tous azimuts en commençant par les leurs. Pierre Lescure, Alain De Greef, et même l’ex-patron Bertrand Meheut avaient leur marionnette. Nul doute que celle de Vincent Bolloré, qu’on surnomme désormais « le grand saigneur » dans les couloirs de la chaîne cryptée, ne soit escamotée à jamais." (Jacques Munier)

    *

     Les pages Débats du Monde relaient la tribune du collectif « Informer n’est pas un délit » et de Reporters sans frontières, alors que Vincent Bolloré est auditionné aujourd’hui par le CSA :

    Bollore.JPGNous, membres du collectif « Informer n’est pas un délit » et Reporters sans frontières (RSF) interpellons le CSA parce que nous estimons que le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du Groupe Canal +, Vincent Bolloré.

    Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre.

    Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du Groupe Canal +, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes:

    1/ Pourquoi un documentaire consacré au Crédit Mutuel et programmé par Canal + le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?

    2/ Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal + le 28 septembre 2015 vient il d'être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé?

    3/ Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d'investigation de Canal +, est-il actuellement "gelé" sur ordre de la direction de Canal +?

    4/ Comment justifier qu’un reportage sur l’OM, diffusé sur Canal +, ait été retiré du site internet, au motif qu’ « on ne se fâche pas avec ses partenaires » selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise?

    5/ Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré :

    « La direction tient avant tout à défendre les intérêts du Groupe Canal + et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs ».

    6/ Allez vous vous servir de Canal + pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs» ? 

    7/ Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?

    8/ Les intérêts du Groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal + ou d’Itélé pourrait-t-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin dont Vincent Bolloré est actionnaire ?

    En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal +  avait accepté qu'une Charte garantissant l’indépendance éditoriale des chaînes du Groupe soit annexée à la convention de Canal +.  Aujourd’hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.

    Signataires 

    SDJ de l’Agence TV Press / SDJ BFM TV / SDJ France 2 / SDJ France 24  / SDJ Les Echos  / SDJ L’Equipe   / SDR L’Obs  / SDR Le Monde  /  SDJ Les Inrocks  / SDJ Mediapart  / SDJ du Parisien-Aujourd’hui en France  / SDJ RTL  / SDJTélérama  / SDJ Premières Lignes  / Reporters Sans Frontières

    Fabrice Arfi – Journaliste, Mediapart - Claude Baudry - Linda Bendali, Journaliste - Frédéric Boisset, Journaliste - Denis Boutelier, Producteur - Christophe Brulé, Journaliste - Jean-Pierre Canet, Journaliste - Benoit Collombat, Journaliste - Jennifer Deschamps, Journaliste - Lionel Feuerstein, Journaliste France 2 - Xavier Harel, Journaliste - Mathias Hillion, Journaliste - Romain Icard, Réalisateur - Nolwenn Le Fustec, Journaliste Réalisatrice - Nicolas Jaillard, Rédacteur en chef - Alexandre Lagarde - Thomas Lafarge, Journaliste - Wandrille Lanos, Journaliste - Thomas Laurenceau, Rédacteur en Chef 60 millions de consommateurs - Séverine Lebrun, Journaliste Envoyé Spécial - Elise Lucet, Journaliste, France 2 - Marie Maurice, Journaliste - Valérie Montmartin, Productrice - Valentine Oberti, Journaliste - Virginie Marquet, Avocate - Arnaud Muller, L’Autre JT France 4 - Jean-Louis Perez, Producteur Réalisateur - Karim Rissouli, Journaliste - Nathalie Sapena, Journaliste Complément d’Enquêtes - Manuel Tissier, Grand Reporter France 2 - Nicolas Tonev, Journaliste - Raphaël Tresanini, Journaliste - Nicolas Vescovaci, Journaliste - Franck Weil-Rabaud

    Crée en janvier 2015, le Collectif Informer n’est pas un délit rassemble de nombreux journalistes issus de la presse écrite, de la télévision, de la radio et de l’internet.

    Suite au tollé soulevé par le projet de loi portant sur le « secret des affaires » et menaçant gravement la liberté d’informer, le collectif avait obtenu du ministre de l’économie Emmanuel Macron le retrait du texte litigieux.

    Le combat mené par le collectif INPD s’est ensuite poursuivi à Bruxelles, pour contrer un projet de directive européenne ciblant, entre autres, les sources des journalistes.

    Les membres du collectif se préoccupent également de la mainmise de certains industriels dans les différents médias et les atteintes à la liberté éditoriale qui en découlent.

    Le collectif a pour vocation de défendre les principes de liberté d’expression, du secret des sources et de lutter contre tout agissement qui pourrait y porter atteinte dans un environnement économique chaque jour un peu plus pressurisant pour les journalistes.

    *

    > Où sont passés les Guignols ?, le journal des idées de Jacques Munier

    > La chute de la maison Canal: comment Bolloré a imposé sa loi. Inrockuptibles

    > Tribune du collectif « Informer n’est pas un délit »

    > Enquête Télérama Stupeur et tremblements : Canal+ entre dans l'ère Bolloré

    > Informer n'est pas un délit - page facebook

  • Le retour de la Grande muette

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    Presse aux ordres et au pas

    500347_le-ministre-de-l-interieur-manuel-valls-d-et-la-ministre-de-l-economie-numerique-fleur-pellerin-le-11-janvier-2013-a-nanterre.jpgFleur Pellerin a évoqué un travail commun avec ses collègues du ministère de l’intérieur et de celui de la justice pour « établir des procédures » : « où on peut s’installer, où on peut mettre ses caméras et comment faire, quelles informations, comment valider les informations qu’on peut donner à la télévision sans mettre en danger la vie d’autrui ».

    voir l'article du Monde

    Suite à des ratés et des erreurs manifestes dans la couverture médiatique des massacres du 11 janvier, le CSA avait communiqué sur le Traitement des attentats par les télévisions et les radios. Au prétexte d’antiterrorisme et de préservation de l’ordre public, le gouvernement a saisi cette balle au bond pour montrer à tous de quel bois il se chauffe en temps de guerre fantasmée et d'élections à venir. 

    Rappelons que le CSA est inféodé au pouvoir politique et assujetti aux entreprises médiatiques. A la tête du CSA, Olivier Schramek, l'ex-directeur de cabinet de Lionel Jospin, a été nommé par Hollande. Nicolas About, président du groupe centriste du Sénat. fut nommé en 2011 par Gérard Larcher, président du Sénat.

    L’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) rappelle dans un communiqué qu'il " ne saurait y avoir une approche d’exception au nom de l’antiterrorisme et de la préservation de l’ordre public" et que les journalistes ne sont pas des auxiliaires de justice.

    3992716853.pngL’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) tient à souligner les points suivants :

    1. Il ne saurait y avoir une approche d’exception au nom de l’antiterrorisme et de la préservation de l’ordre public. Le maintien de l’ordre républicain ne saurait se faire au prix de l’abandon des valeurs de la République et de la démocratie. La liberté d’expression et le droit du public à être informé sont consubstantiels à la démocratie et à toute république démocratique.

    2. Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de l’action publique. Tenter de les réduire à ce rôle serait attentatoire aux libertés fondamentales, pousserait à la censure et à l’autocensure, conduirait à faire le silence sur des informations d’intérêt public comme, par exemple, l’action des forces de l’ordre, des projets de réforme ou des négociations en cours.

    3. L’ODI souligne que, même si tout n’est pas parfait dans la couverture médiatique, les questions liées aux pratiques professionnelles des journalistes ne peuvent être traitées que dans un organisme autonome. A ce titre, l’ODI rappelle qu’il est une association tripartite regroupant des journalistes professionnels (associations et syndicats), des entreprises et syndicats d’entreprises de médias, des associations représentant le public, dont le but est l’observation et la réflexion sur la déontologie du journalisme.

    ODI Paris, le 13 février 2015