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Strauss-Kahn, le bon candidat

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" Mais c'est nous, parce que nous marchons, parce que nous luttons pour un idéal nouveau, c'est nous qui sommes les vrais héritiers du foyer des aïeux ; nous en avons pris la flamme, vous n'en avez gardé que la cendre. "

 " Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe..."

Jean Jaurès

 strauss-kahn,ps

D'Aubry à Parisot, de la droite à la gauche, nul ne tarissait d'éloges sur Strauss-Kahn, le grand patron du FMI qui avait su faire preuve d'un "leadership exceptionnel ". Celui qui, habillé médiatiquement et chaudement de l'étoffe d’un président, incarnait la social-démocratie mondialisée et sans tabous.

En ces heures, n'oublions pas quel fut le parcours de cette merveille dont nous fûmes menacés par les sondages avant d'en être libérés au détour une chambre d'hôtel.

 Quelques étapes

1994 : Strauss-Kahn participe à la création du "Cercle de l'industrie", lobby des industriels français au sein de l'Union européenne. Y sont représentés : Rhône-Poulenc, Lafarge, Pechiney, Elf, L'Oréal, Bull, Schneider, Renault, Total…

 " M. Lévy est au moins un ami, au mieux une main nourricière. Lors de la traversée du désert de M. Strauss-Kahn, entre 1993 et 1997, M. Raymond Lévy avait créé le Cercle de l’industrie, un groupe de pression patronal ayant pour objet de préserver les intérêts des grandes entreprises françaises à Bruxelles. Il en avait confié la vice-présidence - le bureau, la secrétaire et les notes de frais afférentes - à un homme de confiance. L’ancien ministre socialiste. "  ( A gauche... mais proches des milieux d’affaires - Olivier Toscer - décembre 2003 )

 1997 : ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie de Lionel Jospin, il supervise les ouvertures de capital (France Télécom, Air France, Thomson, EADS...) et les privatisations (Crédit lyonnais, GAN, CNP, CIC, Autoroutes du Sud de la France...) qui s'enchaînent à un rythme inégalé (42 milliards par an en moyenne contre 38 pour le gouvernement Balladur et 27 pour le gouvernement Juppé). En décembre, il annonce vouloir relancer la réflexion sur les fonds de pension.

 Sous son impulsion le gouvernement Jospin privatisera davantage que les gouvernements de droite présidés par Balladur et Juppé. " ... les trois gouvernements de droite, entre 1986 et 1997, ont vendu la propriété publique pour 36 milliards d’euros. De son côté, le gouvernement Jospin a vendu pour 31 milliards d’euros... en cinq ans.

Pudiquement la "Commission de privatisation" des socialistes fut rebaptisée Commission d'évaluation des participations et des transferts pour ne pas effrayer le "peuple de gauche". Et là où Alain Juppé, le prédécesseur de Jospin, avait accumulé échec sur échec, le Parti Socialiste menait avec succès sa course aux " adaptations " dictées par le capitalisme sous couvert de ce fameux "pragmatisme" qui anesthésient les militants et les électeurs.

A cette époque Strauss-Kahn a été suspecté - avant d'être relaxé deux ans plus tard par la justice - pour les conditions dans lesquelles il avait reçu des rémunérations  de la MNEF en tant qu'avocat : 600 000 francs d'honoraires très controversés. Le 2 novembre 1999, DSK était contraint de démissionner de Bercy. " Qu'avais-tu besoin de cet argent ? " lui aurait demandé Lionel Jospin, premier ministre.

 1999 : il baisse le taux d'imposition des stock-options de 40 % à 26 %, ce qui représente un bénéfice de 4 milliards de francs pour 12 000 privilégiés.  Le Ministre des Finances de la "gauche plurielle", voulait  ainsi défaire ce qu Alain Juppé avait mis en place en relevant le taux d’imposition de 26 % à 40 % !

 2000 : il participe à la Conférence annuelle du Groupe de Bilderberg, un rassemblement des plus puissants hommes d'affaires, dirigeants et hommes de médias dans le monde. Le Groupe de Bilderberg c'est 120 milliardaires, banquiers, hommes politiques, industriels, universitaires, haut fonctionnaires, personnalités d'influence dans le monde du travail et de l'éducation et de journalistes. C'est la " nouvelle gouvernance"  qui se  passe très bien de la  démocratie. 

 2003 : Strauss-Kahn fonde, avec Michel Rocard, le club de réflexion À gauche, en Europe qui soutient très tôt et de façon inconditionnelle le Traité constitutionnel européen. En mai 2005, il sort un DVD en faveur du « oui ».

 2007 : Il devient directeur général du FMI sur proposition de Jean-Claude Juncker - homme politique luxembourgeois, un des architectes du traité de Maastricht-  de Romano Prodi - ancien président de la Commission européenne-, et avec le soutien actif de Nicolas Sarkozy et  l’accord de George W. Bush, président des États-Unis.

 Le FMI qui, avec ou sans lui, continuera à imposer des programmes d’austérité aux pays en difficulté, mettra en pièces les services publics, la sécurité sociale  et s’accommodera des déséquilibres des pays  à l’origine de la crise.

" la grande et difficile réforme des retraites annoncée récemment vise à réduire à terme le déficit du système des retraites; elle met à juste titre l'accent sur le relèvement de l'âge du départ effectif à la retraite, en faisant passer progressivement de 60 à 62 ans l’âge légal du départ en retraite et de 65 à 67 ans l’âge légal minium ouvrant droit à une pension complète.
Cependant, la France a encore du chemin à parcourir pour atteindre ses objectifs budgétaires à moyen terme. Le rééquilibrage des finances publiques devrait être fondé sur des prévisions macroéconomiques réalistes et l'adoption d'une règle budgétaire appropriée en renforcerait la crédibilité. Outre la maîtrise des dépenses de l'administration centrale et du système de sécurité sociale, il importe de poursuivre les efforts en cours pour limiter les dépenses des collectivités locales. " ( extrait du bulletin du FMI)

2010 : Martine Aubry adresse un satisfecit au FMIste Strauss-Kahn ce " formidable ministre de l'Economie et des Finances" :  "Je pense que si la personne dont vous parlez n'était pas à la tête du FMI, la situation serait peut-être pire  qu'aujourd'hui donc je m'en réjouis."   Le FMI dont il est fait mention est bien le "prêteur de la dernière chance",  toujours en situation de monopole dans les pays où il "s'invite. Les coupes drastiques dans les salaires de la fonction publique et les retraites sont la partie la plus spectaculaire des mesures qu'il préconise.  Une vision du socialisme à visage libéral que défend la social-démocratie :

"La libéralisation du commerce associée à des taux d’intérêt élevés constitue une méthode presque infaillible pour détruire les emplois et répandre le chômage − aux dépens des pauvres. (...) L’austérité budgétaire appliquée aveuglément dans une situation inadaptée peut faire monter le chômage et rompre le contrat social." (Joseph Stiglitz, La Grande Désillusion)

2011 : Michel Rocard, Premier ministre sous François Mitterrand de 1988 à 1991, voit dans le patron du FMI le candidat social-démocrate idéal pour réguler une économie de marché mondialisée. Et de lire l'avenir à haute voix :  

" J’ai longtemps dit le contraire, mais je pense désormais, en citoyen français, qu’il vaut mieux rapatrier Strauss-Kahn, et qu’il puisse agir à travers l’écoute dont bénéficie encore la France sur la scène internationale. Non seulement comme membre du Conseil de sécurité mais aussi du fait de son indépendance forte à l’égard des États-Unis. François Hollande ou Martine Aubry ne seraient pas sur une ligne bien différente mais, contrairement à Strauss-Kahn, il leur faudrait un certain temps d’apprentissage, et on ne peut pas perdre le moindre temps, il y a urgence. "

Même année, même pronostic de Pierre Moscovici qui, avant d'être hollandiste, était strausskahnien.  Interwiever par les Echos, il déclare à propos de son présidentiable " mentor " d'alors:

 " Il faut toujours regarder ce que pense l'opinion et se garder d'être arrogant ou de détenir une certitude immuable. Je pense néanmoins que la popularité de Dominique Strauss-Kahn n'est pas friable. Ce n'est pas par caprice ou foucade que les gens espèrent son retour, c'est parce qu'il est le président que les Français attendent. Tant en ce qui concerne la capacité à rétablir l'image de la France en Europe, dans le monde, à trouver des solutions face à la crise, à relancer la croissance et l'emploi ou à instaurer plus de justice sociale. Une fois que l'on a identifié ces enjeux et que l'on se demande qui est le mieux placé, chaque fois la réponse est : Dominique Strauss-Kahn."

Puis c'est l'arrêt en plein vol dans un hôtel de New-York et la chute du héros du PS.

"Mais le véritable scandale pour le Parti Socialiste est celui qu’il n’a même pas encore commencé à reconnaître : qu’il avait placé ses espoirs électoraux dans un champion du capitalisme financier mondial, le président du FMI. Quelle que soit l’issue des poursuites à New York, l’éclatement de la bulle DSK marque la totale dégénérescence du Parti Socialiste en France, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la vie sexuelle de ce dernier." ( Diana Johnstone )

Fin du parcours politique du " bon candidat " fabriqué par les grands médias et vite remplacé par Hollande.

" Le coup de théâtre du Sofitel l'ayant mis hors-jeu, il a fallu désigner rapidement un remplaçant : ce fut François Hollande, qui a entre autre en commun avec DSK d'avoir fait Sciences-Po et HEC. Alors que les sondages qui mettaient au pinacle DSK comme « candidat favori de la gauche » laissaient Hollande dans les choux (un mirifique 5%), sa cote a vite été dopée par les couvertures, éditoriaux et émissions, pour aboutir au même score que DSK."

"Au printemps 2012, en pleine campagne des élections présidentielles, une équipe de choc s'invite chez les notables de la presse parisienne pour les interroger sur le traitement de faveur dont ils gratifient François Hollande depuis les premiers jours de sa candidature. En plébiscitant le prétendant socialiste au détriment des autres candidats, les responsables de l'information ne sont-ils pas en train de préempter l'issue du jeu électoral ?" (Pierre Carles- documentaire "DSK, Hollande, etc.")

DSK, Hollande, etc.

*

> "Strauss-Kahn avance en douce sur les stock-options. Le budget 2000 autorise plus d'entreprises à distribuer des produits financiers très avantageux à leurs cadres." -  Nathalie Raulin- Libération

> Exclure Lamy et Strauss-Kahn du Parti Socialiste " Mouvement politique d'éducation populaire  MPEP  18-12-2010

> " Les sept péchés capitaux de Dominique Strauss-Kahn" - François Ruffin - 

> "DSK, l'étoffe d'un président "- Pascale Tournier, Bakchich info

> "A gauche... mais proches des milieux d’affaires" par Olivier Toscer, décembre 2003

> "La Tunisie et les dictats du FMI : Comment la politique macro-économique entraîne la pauvreté et le chômage dans le monde" - Michel Chossudovsky - Si seulement les recettes strauss-kahniennes contre la révolution étaient abandonnées...

> "Le FMI épaulé par la Commission européenne organise le pillage de la Grèce" -  Par Jérome Duval - Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde CADTM-  Après les anciennes colonies et les pays sous-developpés, le néolibéralisme en action en Europe.

> "Le FMI, DSK, la réforme des retraites et le gel des salaires" - Par Ivan du Roy et Nadia Djabali - Une politique de sous-développement au programme pour la France.

> Bulletin de santé du FMI :  "France : la reprise est bien engagée  mais il faut réduire la dette publique" - 2010

> "Stéphane Hessel, je suis indigné par votre soutien au directeur général du FMI" - Par Alain Vidal - Le Grand Soir  - 11 janvier 2011

> "Affaire DSK (1) : des médias orphelins" par Mathias Reymond -  Acrimed, 17 mai 2011

 

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