Zèbres en cavale - Page 19
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Congrès
" Les suffisances matamoresques
source http://laflaneuse.org/ -
Vents et marées
Il n'y a pas qu'au congrès (du PS) qu'on brasse de l'air, qu'on bruite, qu'on pète pour ne rien dire et qu'on se tord les boyaux avec les potes.
Jésus –Christ était là avec le petit Sabot, de Brinqueville, un vigneron, un autre farceur renommé, qui ventait, lui aussi, à faire tourner les moulins. Donc, tous les deux, se rencontrant, venaient de parier dix litres, à qui éteindrait le plus de chandelles. Excités, secoués de gros rires, des amis les avaient accompagnées dan s la salle du fond. On faisait cercle, l’un fonctionnait à droite, l’autre à gauche, culotte bas, le derrière braqué, éteignant chacun la sienne à tous coups. Pourtant, Sabot en était à dix et Jésus-Christ à neuf, ayant une fois manqué d’haleine. Il s’en montrait très vexé, sa réputation était en jeu. Hardi là ! est-ce que Rognes se lasserait battre par Brinqueville ? Et il souffla comme jamais soufflet de forge n’avait soufflé : neuf ! dix ! onze ! douze ! Le tambour de Cloyes qui rallumait la chandelle, faillit lui-même être emporté. Sabot péniblement, arrivait à dix, vidé aplati, lorsque Jésus-Christ, triomphant, en lâcha deux encore, en criant au tambour de les allumer, ceux-là pour le bouquet. Le tambour les alluma, ils brûlèrent jaune, d’une belle flamme jaune, couleur d’or, qui monta comme un soleil dans sa gloire.
– Ah ! ce nom de Dieu de Jésus-Christ ! Quel boyau ! A lui la médaille !"
Les amis gueulaient, rigolaient à se fendre les mâchoires. Il y avait de l’admiration et de la jalousie au fond, car tout de même fallait être solidement bâti, pour en contenir tant, et en pousser à volonté. On but les dix litres, ça dura deux heures, sans qu’on parlât d’autre chose.
Émile Zola, La Terre (1887)
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La guerre d'Algérie et les silences du Panthéon
…Je n’ai pas « choisi » les gens à sauver : j’ai sauvé délibérément tous ceux que j’ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. Je n’ai ni cherché ni (certes) désiré les périls représentés par l’entreprise qui me fut proposée en juillet 1957: exactement, c’est l’entreprise qui est venue me tirer par la main. « Il se trouve» que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; «il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et «il se trouve » qu’elles correspondaient en moi à des blessures ; «il se trouve», enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C’est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu’aucune n’a cassé, que je n’ai ni rompu avec la justice pour l’amour de la France, ni rompu avec la France pour l’amour de la justice."
G. Tillion, Lettre ouverte à Simone de Beauvoir, 1964-
A la recherche du vrai et du juste, p.259.Germaine Tillion est entré au Panthéon. Cette résistante au régime de Vichy et au fascisme, fonda le réseau du Musée de l’homme, un des premiers réseaux de la Résistance intérieure, où gravitaient également Pierre Brossolette et Geneviève De Gaulle-Anthonioz.
C’est en organisant, avec le réseau Gloria SMH, l’évasion de Pierre de Vomécourt que Germaine Tillion fut arrêté par les Allemands. Accusée de cinq chefs d’inculpation punis de mort, elle fut déportée en Allemagne au camp des femmes de Ravensbrück sous le régime N.N. (Nacht und Nebel - Nuit et brouillard), c’est-à-dire condamnée à être exterminée.
Si j’ai survécu » écrit-elle dans Ravensbrück, " je le dois à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à la coalition de l’amitié." " Le groupe donnait à chacun une infime protection (manger son pain sans qu’on vous l’arrache, retrouver la nuit le même coin de grabat), mais il donnait aussi une sollicitude amicale indispensable à la survie. Sans elle, il ne restait que le désespoir, c’est-à-dire la mort."
En 1950, elle contribua avec David Rousset, Alfred Balachowsky et Louis Martin-Chauffier à la création de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire, qui dénonçait l’existence des goulags staliniens en URSS.
Au lendemain des premiers attentats de novembre 1954, en Algérie, elle est missionnée par le gouvernement français pour observer le sort fait à la population civile des Aurès qu'elle avait rencontrée en 1934 lors de sa première mission ethnographique. Les bouleversements économiques survenus chez les paysans Chaouïa entraîne alors une misère qui les pousse vers la périphérie des villes et qui les clochardise.
La clochardisation, c’est le passage sans armure de la condition paysanne (c’est à dire naturelle) à la condition citadine (c’est-à-dire moderne). J’appelle « armure » une instruction primaire ouvrant sur un métier. En 1955, en Algérie, j’ai rêvé de donner une armure à tous les enfants, filles et garçons." (La traversée du mal, p.97)
Convaincue de la nécessité de l’instruction pour combattre cette extrême misère elle élabora sous le couvert du Gouverneur général, Jacques Soustelle, un plan d’éducation populaire. En 1955, les Centres sociaux éducatifs - qui fonctionneront jusqu'en 1962 -, furent ouverts pour les ruraux musulmans algériens déplacés. Le 15 mars 1962, un commando delta de l'O.A.S. assassinera six de ses inspecteurs.
Ils étaient six, Algériens et Français mêlés. Tous inspecteurs de l’éducation nationale, réunis le 15 mars 1962, trois jours avant la signature des accords d’Evian, à Château-Royal dans le quartier d’El Biar, près d’Alger. Parmi eux, Max Marchand, leur responsable, un Normand passionné d’Algérie, et Mouloud Feraoun, l’écrivain kabyle. Ils dirigent des centres sociaux lancés en 1955 par Germaine Tillion, où l’on crut jusqu’au bout à l’alphabétisation et à la formation professionnelle des jeunes et des adultes pour apprendre, enfin, à vivre ensemble un peu moins mal. Un commando Delta de tueurs de l’OAS, commandé semble-t-il par l’ex-lieutenant Degueldre, les déchiqueta à l’arme automatique, ce jour-là, comme des chiens, dos au mur, pour qu’un dernier espoir s’éteigne. " (Jean-Pierre Rioux)
Germaine Tillion a dénoncé la torture en Algérie, vite devenue un crime à grande échelle, et s'est efforcée d’empêcher les exécutions capitales comme les attentats aveugles contre la population civile:
C’est en janvier 1957 que la guerre d’Algérie prend un tournant irréversible, lorsque Robert Lacoste confie tous les pouvoirs de police à l’armée. Tournant dramatique car à partir de ce moment-là, de Paris, la République française, va cesser d’être obéie en Algérie. Il est vrai que ce que l’on voyait le plus, à Alger, à Oran, Constantine, c’étaient des Français terrifiés, pauvres, éloquents, très semblables aux jeunes soldats qui venaient les défendre. Les Algériens " d’avant 1830 ", ils étaient ailleurs, pas aussi évidents. Le 13 mai 1958 ne sera qu’un épisode de cette dissidence qui s’amorce dès les premiers attentats urbains. Dès lors tout va dégénérer. Et particulièrement avec la torture qui est censée protéger les citadins des attentats.
Ce que nous avions stigmatisé quelques années auparavant chez les nazis, la France libérale, démocratique, socialiste l’applique à son tour et à sa manière. La preuve qu’aucun peuple n’est à l’abri d’une infection par ce mal absolu.
Je suis alertée à Paris sur la torture dès février 1957 : plusieurs enseignants des Centres sociaux venaient d’être arrêtés et torturés sans qu’on puisse prouver leur responsabilité dans un délit quelconque. J’ai fait pour eux ce que j’ai pu et, avec quelques camarades survivants de la Résistance française, nous avons demandé à la Commission internationale qui avait enquêté sur les crimes de Staline de venir cette fois enquêter en France. Ce qu’elle a fait. Il s’agit de la commission créée par David Rousset : CICRC (Commission internationale contre le régime concentrationnaire)." (G. Tillion)
Durant la guerre d'Algérie, Germaine Tillion est intervenue en faveur de membres du FLN ou de l’OAS.
En juillet 1957, en pleine "Bataille d’Alger", elle favorise le premier contact entre les dirigeants du FLN (ce qui lui sera beaucoup reproché) et le gouvernement français qu’elle racontera dans Les Ennemis complémentaires. Dans ce livre, on trouve le récit des rencontres tumultueuses avec Yacef Saâdi, les dénonciations virulentes de la torture, les plaidoyers contre la peine de mort, une correspondance abondante avec le général de Gaulle après 1958, des interventions pour faire libérer de prison aussi bien des anciens « porteurs de valises » du FLN que des anciens membres de l’OAS. Elle rejette le terrorisme aveugle dirigé contre les civils européens, et exprime dans le même temps sa préférence pour une solution politique permettant de sortir du système colonial. (B.Stora)
Parce qu’elle avait activement participé à l’élaboration du Programme du Conseil national de la Résistance, Germaine Tillion fut, notamment avec Raymond et Lucie Aubrac, signataire de l’Appel des Résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004.
> Site consacré à Germaine Tillions http://www.germaine-tillion.org/
> Un texte inédit de l’ethnologue Germaine Tillion : Vivre pour comprendre - Monde Diplo
> Quand le Musée de l'homme inventait la Résistance Jean-Marie Pottier / Slate
> Lettre de Germaine Tillion au tribunal allemand / Huffington post
> Germaine Tillion et la guerre d'Algérie - LDH Toulon
> l’Appel des Résistants aux jeunes générations - 8 mars 2004.
> Germaine Tillion, une femme combattante, Benjamin Stora.
En ces temps-là...François Mitterrand
Le manque de volonté politique des gouvernements français successifs de traduire en justice les responsables de ces crimes a contribué a présenter la torture, les exécutions sommaires et les "disparitions" comme des maux nécessaires. La lutte contre l'impunité constitue la pierre d'angle de l'éradication de la torture et des crimes contre l'humanité."
Pendant les trois premières années de la guerre d’Algérie, de 1954 à 1957, François Mitterrand fut ministre de l’Intérieur puis ministre de la Justice.
A 39 ans, il prend ses fonctions de ministre de la Justice, le 2 février 1956, dans le gouvernement de Guy Mollet. C'est un homme politique confirmé, qui a déjà assumé sept portefeuilles ministériels depuis la fin de la guerre. Il connaît bien le problème algérien, puisqu'il était ministre de l'Intérieur quand l'insurrection a éclaté, quinze mois plus tôt, le 1er novembre 1954. Sa réaction d'alors est connue : « L'Algérie, c'est la France [...] ceux qui veulent l'en dissocier seront partout combattus et châtiés " (François Malye)
A l'époque, pour la majeure partie de la classe politique, il n'était pas question d'envisager l'indépendance de l'Algérie. Quant à La gauche traditionnelle, elle se refusait de prendre en compte le nationalisme algérien et la question coloniale.
Dès le 8 mai 1945, l'armée française avait massacré des milliers d'Algériens dans les régions de Sétif, Guelma et Kherrata.
Les forces politiques issues de la Résistance se laissent investir par le parti colonial. « Je vous ai donné la paix pour dix ans ; si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable », avait averti le général Duval, maître d’œuvre de la répression.
Le PCF – qui a qualifié les chefs nationalistes de « provocateurs à gages hitlériens » et demandé que « les meneurs soient passés par les armes » – sera, malgré son revirement ultérieur et sa lutte pour l’amnistie, considéré comme favorable à la colonisation.
En Algérie, après la dissolution des AML le 14 mai, les autonomistes et les oulémas accusent le PPA d’avoir joué les apprentis sorciers et mettent fin à l’union du camp nationaliste. Les activistes du PPA imposent à leurs dirigeants la création d’une organisation paramilitaire à l’échelle nationale. Le 1er novembre 1954, on les retrouvera à la tête d’un Front de libération nationale. La guerre d'Algérie a bel et bien commencé à Sétif le 8 mai 1945." (Mohammed Harbi)
Face à l'insurrection, le gouvernement Mendès France choisit la politique de la répression. Lors d'un bref voyage d'inspection dans les Aurès (27-30 novembre 1954), François Mitterrand, en sa qualité de ministre de l'Intérieur, s'en fait le porte-parole.
(...) Il faut que les populations comprennent qu'elles doivent nous aider, ou bien qu'elles s'exposent par la force des choses et malgré notre volonté à souffrir davantage de la situation présente. Sans le concours des populations rien n'est tout à fait possible, sans aucun doute, mais les premières victimes si elles n'agissent pas dans ce sens, ce sera (sic) elles. Et comme notre devoir est de les en prévenir, nous ne manquerons pas une occasion de le faire. Nous ne frapperons donc pas d'une manière collective, nous éviterons tout ce qui pourrait apparaître comme une sorte d'état de guerre, nous ne le voulons pas. Mais nous châtierons d'une manière implacable, sans autre souci que celui de la justice, et dans la circonstance, la justice exige de la rigueur, les responsables. Et tous ceux qui seront surpris agissant d'une façon évidente par le moyen des armes contre l'ordre doivent savoir que le risque pour eux est immense, dans leur vie, dans leurs biens et, si nous le regrettons puisque ce sont nos concitoyens, ils sont soumis, comme tout criminel, à la loi ; et la loi sera appliquée. Voilà ce que je vous dis, au nom du gouvernement." Extrait de l'allocution de F. Mitterrand dans les Aurès
Au nom de la lutte contre la “subversion”, le droit de la guerre n'était pas appliquer en Algérie et les nationalistes n'étaient pas considérer comme des combattants.
Le 17 mars 1956 sont publiées au Journal officiel les lois 56-268 et 56-269, qui permettent de condamner à mort les membres du FLN pris les armes à la main, sans instruction préalable. Pourtant avocat de formation, François Mitterrand accepte d’endosser ce texte terrible : " En Algérie, les autorités compétentes pourront [...] ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens [...] si ces infractions sont susceptibles d’entraîner la peine capitale lorsqu’elles auront été commises. " (Source LDH)
Plus de 1 500 condamnations à mort furent prononcées par la justice française. Entre 1956 et 1962, 222 militants du FLN furent exécutés le plus souvent au terme d’une parodie de justice au regard de la légalité républicaine.
(...) L’Histoire nous a enseigné que le système colonial n’exécutait pas les responsables politiques après jugement. On préférait, comme pour Ben M’Hidi, s’en débarrasser avant en les assassinant. Dans la réalité, ce sont surtout des pauvres bougres qu’on a guillotinés. Pour l’exemple, pour faire peur. " (Abdelkader Guerroudj, militant du parti communiste algérien, condamné à mort puis gracié)
Victime parmi d'autres, Fernand Iveton, ouvrier, communiste, rallié au FLN et guillotiné pour l'exemple à Alger en 1957.
En novembre 1956, il avait décidé de procéder au sabotage d'un tuyau dans l'usine à gaz où il travaillait, au moyen d'une bombe. Des précautions avaient été prises pour que l'explosion n'occasionne pas de victime mais uniquement des dégâts matériels. Arrêté le 14 novembre 1956, avant même qu'il ait pu installer la bombe, il fut d'abord torturé par des policiers, comme cela était alors la règle: décharges électriques sur le corps, supplice de l'eau." (Libération)
Des années plus tard Mitterrand avouera : "J’ai commis au moins une faute dans ma vie, celle-là." Ses biographes insistent pour dire qu’il tenta de sauver des condamnés à mort, ce que démentent les avis défavorables contenus dans les dossiers et autres archives. Sylvie Thénault, dans son livre "Une drôle de justice", note que : " son désaccord avec les exécutions est loin de s’exprimer ou d’apparaître dans les documents d’époque. "
Entretien de Philippe Robichon avec François Malyle - 1h
> Les guillotinés de Mitterrand. François Malye avec Philippe Houdart) / Le Point - 31/08/2001> La guerre d’Algérie a commencé à Sétif, Mohammed Harbi, Le Monde diplo> Sharon Elbaz, « Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les Magistrats dans la Guerre d’Algérie », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 85 | 2001 - http://chrhc.revues.org/1762> Mitterrand, un passé algérien , LDH Toulon
> La guillotine et la guerre d'Algérie - LDH Toulon
> Mitterrand et la guerre d'Algérie : "La force du côté de la France " - Par Etienne Manchette Rue 89, vidéos de l'INA
> Allocution de Monsieur Mitterrand et interview du Caïd de M'Chounèche - Jalons INA
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Le pot de chambre, forme idéale du cerveau...
Luc Mathieu, journaliste du quotidien Libération, ainsi que Cécile Allegra et Delphine Deloget, auteures d'un reportage sur le trafic d'êtres humains dont sont victimes des Erythréens, ont remporté le prix Albert-Londres 2015.
Albert Londres - Chez les fous
En 1925, paraît l’enquête du grand journaliste Albert Londres : Chez les fous.
" Il se doute qu’en ces esprits emmurés, l’inaudible peut être entendu. Il va mesurer le mensonge de la société française dans la maison des fous. Son obsession : l’enfermement. À peine a-t-il dénoncé le bagne et les pénitenciers, qu’il court, cette fois, le risque de perdre des lecteurs maintenant nombreux à suivre ses chroniques. Toujours très attendues, il les envoie par mille combines depuis le monde entier. Ce sera en France qu’il enquêtera. Point de problème de télégraphe. La plume et la poste suffiront. Le sujet n’intéresse pas ? Il l’écrira quand même ! Le directeur du journal, Le petit Parisien, connaissant son entêtement, n’a qu’un mot à dire : Allez ! C’est l’administration asilaire qui lui refuse l’entrée. La plupart des médecins aliénistes tout-puissants font de même. Une connaissance rencontrée à Salonique lui fait pénétrer l’asile. Il n’y reste pas, il doit encore aller voir ailleurs. Un nouveau tour de France, après le Tour de France à vélo qu’il vient de suivre, le conduit dans d’autres maisons. Il se rend d’abord à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, où travaille le docteur Toulouse. Ce médecin a organisé un service ouvert. Albert Londres se fait passer pour fou : « Vous êtes fou de vous croire fou, puisque vous n’êtes pas fou », lui réplique-t-on. Le voilà immergé ensuite à l’asile Saint-Georges de Bourg-en-Bresse pour voir des « ex-raisonnables ». C’est ensuite dans un quartier « d’agités » dans le Sud-Ouest qu’il se fait embaucher. Il apprend à décoder. Il observe, scrute, épie les comportements des gardiens, des médecins et des pensionnaires. Il interroge. Puis s’en va dans le Midi et découvre que l’asile est une geôle pour tous, y compris pour les personnes qu’on tient éloignées de leur famille sans aucun motif médical. Le docteur Dide, à l’asile Braqueville, lui ouvre les perspectives d’une psychiatrie humaine : la maladie n’est pas un crime. " Denis Poizat - Chez les fous, hommage à Albert Londres.
L'armoire aux cerveaux
Un après-midi, le docteur Dide me dit :
– Venez voir mon laboratoire.
Les travaux de ce savant sont célèbres par le monde.
Au moyen d’une machine perfectionnée, il coupe les cerveaux en tranches minces comme l’on fait du jambon de Parme dans les boutiques italiennes d’alimentation. Il examine ensuite la chose au microscope. De là sortira peut-être la clé de la maladie mystérieuse. Du moins espérons-le.Je me promenais donc, respectueusement, dans ce temple de l’avenir, quand, soudain, je tombai en arrêt devant un réduit imprévu. Cent vingt pots de chambre, chacun dans un joli petit casier, ornaient seuls les murs de ce lieu. Aux anses pendaient des étiquettes portant noms d’hommes et de femmes et, en dessous : D. P. (démence précoce). Délire progressif. Confusion mentale, psychoses symptomatiques, lésions circonscrites ; P. G. marche rapide. Épilepsie. Idiotie.
Ces pots de chambre aussi correctement présentés avaient dans leur air quelque chose de fascinateur.
– C’est mon armoire à cerveaux, fit Dide.
Il tira un pot par l’anse : un cerveau nageait dans un liquide serein. Regardant l’étiquette, le savant me dit :
– C’est Mme Boivin.– 59 –
– Enchanté !Je demeurais en extase devant l’armoire.
– Parfait ! fis-je, vous avez là de beaux cerveaux, mais pourquoi dans des pots de chambre ?
Le maître me regarda bien en face et me répondit :
– Parce que le pot de chambre, monsieur, est la forme idéale du cerveau !"
Albert LONDRES, Chez les fous, récit, 1929
IX l'armoire aux cerveaux -Denis Poizat « "Chez les fous", hommage à Albert Londres », Reliance 1/2006 (no 19), p. 7-8.
URL : www.cairn.info/revue-reliance-2006-1-page-7.htm. -
"L’impuissance du réformisme légal en temps de crise"
Les racines de la social-démocratie
" On peut tout trouver dans les rangs de la social-démocratie, sauf des esprits véritablement libres."
Simone Weil (1909-1943)
Dans Le Libertaire du 24 juin 1937, Jean Bernier (1894-1975) dressait le portrait d'une social-démocratie " tenue en laisse par le grand capital " et d'un front populaire en faillite en raison de " la faiblesse incurable, l’impuissance du réformisme légal en temps de crise et de déclin capitalistes, quand la contraction du profit tend les antagonismes et pose entre les classes et le pays la question de force."
En mai 1936, la coalition du Front populaire avait obtenu aux élections la majorité absolue face à la droite. Un an plus tard, le 21 juin 1937, Le Sénat refusait de lui accorder les pleins pouvoirs pour redresser une situation financière difficile. face à la réaction "légale", le gouvernement de Léon Blum démissionnait piteusement.En ces jours d'entrées diverses au Panthéon, dont celle de Jean Zay, ministre du front populaire assassiné par les miliciens en juin 1944 et dont la mémoire est toujours salis par les néo-fascistes, une rectification sur l'expérience de Léon Blum tellement encensée par la social-démocratie et qui, par ses faiblesses et capitulations, ouvrit grand les portes à la réaction la plus noire et capitula en rase campagne.
"L’histoire porte à son crédit la signature des accords Matignon (congés payés, conventions collectives et semaine de 40 heures). Il ne faut toutefois pas oublier qu’ils furent surtout obtenus grâce au mouvement des grèves avec occupation qui débuta le 26 mai dans les usines métallurgiques de la région parisienne et prit une ampleur nationale, échappant au contrôle des syndicats. Alors que les occupations d’usine se poursuivaient, Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, déclarait, le 12 juin : « Il faut savoir terminer une grève. » On rappelle également beaucoup moins souvent que la Chambre élue en 1936 vota, avec le Sénat, en faveur du maréchal Pétain en 1940, par 569 voix contre 80." (Revue Agone)
"La fin misérable de l’expérience Blum"
Jean Bernier
LE GRAND MINISTERE DU FRONT POPULAIRE à direction socialiste est mort comme il a vécu, comme il a de plus en plus vécu : misérablement.
Depuis l’instauration de la « pause », depuis l’emprunt de la défense nationale, souscrit comme une aumône, et à titre d’avertissement, par ces trusts et ces banques qu’il avait juré d’abattre, le gouvernement de Front populaire vivait, ou plutôt se survivait, à la petite semaine.
Le gouffre du déficit se creusait devant lui.
Le Trésor criait famine. Le fonds d’égalisation des changes se vidait. Tenu en laisse par le grand capital, diminué, dérisoire, Blum se débattait dans les liens, qu’il avait lui-même noués, de la légalité bourgeoise. Pris à la gorge par l’impératif financier, il n’opposait à cette forme catégorique et toute naturelle de la coercition capitaliste que les bulletins de vote et les écharpes de députés conquis aux dernières élections législatives. Le capital en grève, le patronat revenu de sa grande peur de l’an dernier, se souciait peu de ces bruyantes mais platoniques incantations. Et les tentatives de compromis à coups d’impôts indirects sur le dos des pauvres, comme les petites habiletés parlementaires, les manœuvres byzantines et les acrobaties verbales auxquelles se livrait en virtuose ce juriste et ce bourgeois libéral, plein de ces bonnes intentions sociales dont est pavé l’enfer, n’amenaient pas dans les caisses de M. Vincent Auriol le moindre maravédis.
Comme un quelconque ministère de cartel, comme un vulgaire Herriot, il fallait se soumettre, à fond cette fois et sans recours, ou se démettre en sauvant la face. Très constitutionnellement, très légalement, le Sénat porta l’estocade. Et cet homme harassé, qui avouait trouver « séduisante » l’idée d’un « départ volontaire », s’effondra.
Ce qui tombe avec lui, au pied de ce mur d’argent, cimenté de tant de sang, de sueur et de larmes, ce qui tombe une fois de plus, pour renaître, jusqu’à quand ?
C’est l’illusion parlementaire où se gâche et s’englue la force des travailleurs, c’est la faiblesse incurable, l’impuissance du réformisme légal en temps de crise et de déclin capitalistes, quand la contraction du profit tend les antagonismes et pose entre les classes et le pays la question de force. Ce que Blum paie d’une chute misérable que les chefs « socialistes », « communistes » et cégétistes ont de la peine à faire admettre à bien des militants du rang déconcertés ou révoltés par tant de lâche docilité, c’est, par une fatalité qui lui est inhérente, à lui comme à tous les politiciens libéraux, d’avoir méconnu, rayé de ses calculs et de ses moyens d’action, la force ouvrière, inconsciente mais vive, qui l’avait porté au pouvoir.
Qu’on se rappelle juin 1936, les occupations d’usines, la vague de grèves qui dressait soudain des millions d’esclaves, enivrés de se retrouver des hommes, la panique de la grande bourgeoisie, la sympathie, voire l’enthousiasme des classes dites moyennes !
Quelles possibilités ne s’offraient-elles pas à un gouvernement à direction vraiment socialiste, décidé à s’appuyer sur une pareille décharge d’énergie !
À l’intérieur, une dévaluation franche, faite à froid, dans les meilleures conditions techniques. Les premières socialisations, celle, par exemple, du trust des assurances, à laquelle la grande bourgeoisie elle-même s’attendait…
À l’extérieur, la répudiation solennelle du traité de Versailles, l’édification d’une Europe économiquement et psychologiquement viable pour des années, un désarmement substantiel et l’énorme allégement budgétaire qui en eût résulté, l’extirpation de la puissante racine du fascisme… Que d’occasions perdues, que de journées de dupes !
Que de cortèges, de manifestations, de fêtes, de chants, de mises en scène et de serments ! Que de discours, de manifestes, d’interviews, de déclarations et de meetings pour finalement passer la main à quelque maquignon chevronné du Parlement et recommencer avec lui l’éternel petit jeu « républicain » des ministres de « gauche » à politique de « droite », des dosages, des combines et des couleuvres à faire avaler au bon peuple !
Certes, Blum n’a pas – comme l’eût fait l’Union nationale – lancé la garde mobile contre les grévistes en juin 1936. Certes, Blum n’a pas – comme le voulaient les « communistes » –, comme l’eûrent fait peut-être Barthou ou Herriot, joué à fond le jeu funeste de Staline dans la mêlée impérialiste. Bien sûr, il a offert, momentanément, à la classe ouvrière une ligne de moindre résistance en occupant l’État bourgeois, et il n’a pas anéanti les dernières chances de paix. Mais, avec plus d’évidence encore, ne peut-on faire valoir que les mérites, passifs sinon négatifs et qui laissent planer sur nous les pires menaces de réaction et de guerre, ont bien fait les affaires du capitalisme français ?
Blum n’a-t-il pas permis à celui-ci de contenir, puis de consolider l’offensive de ses exploités dans l’impasse du syndicalisme d’État, pour passer finalement à la contre-attaque de la vie chère et des « aménagements », en attendant la répression dans les usines et dans la rue ?
À grand renfort de drapeaux tricolores et de Marseillaise, avec la complicité de Staline et de Jouhaux, n’a-t-il pas enfin, plus fortement que jamais, attaché les organisations ouvrières françaises au char de l’impérialisme, et n’a-t-il pas, mieux que n’importe quel nationaliste professionnel, travaillé ainsi à la formation d’une prochaine Union sacrée ?
Non ! La chute de l’ex-chef du gouvernement de Front populaire à direction socialiste, qui consommera sans doute demain sa déchéance, en qualité de sous-chef du gouvernement de Front populaire à direction radicale, ne doit pas être déplorée par les ouvriers révolutionnaires.
L’homme qui, la veille de sa chute, dans un ultime effort pour garder le pouvoir, se vantait devant de Sénat « d’appliquer tout son effort à modérer le sentiment du pays » n’est pas des nôtres.
Son échec n’est qu’un échec de plus, à porter au compte de ce socialisme parlementaire, réformiste et impérialiste qui tua la révolution en Europe, de 1914 à 1920.
Le Libertaire, 24 juin 1937
Source : Jean Bernier, « La fin misérable de l’expérience Blum », revue Agone, 28 | 2003. URL : http://revueagone.revues.org/457.
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INA : Anticor dépose plainte pour détournement de fonds publics et favoritisme
29 mai 2015, par ANTICORLe 28 avril dernier, Anticor exprimait une position claire après les révélations sur les frais de taxi de la présidente de l’INA : « Nous ne pouvons pas imaginer que Mme Saal soit maintenue dans ses fonctions et qu’elle ne fasse l’objet d’aucune poursuite. D’autant que l’INA perçoit, chaque année, 90 millions d’euros au titre de la contribution à l’audiovisuel public. En cas d’inaction persistante, nous saisirons nous-même le Procureur de la République.
Depuis, nous avons pris acte, avec satisfaction, de la démission de la présidente de l’INA.
Par contre, nous nous étonnons qu’un mois après, aucune plainte n’ait été déposée par les autorités compétentes. Pire, la Ministre de la Culture a simplement annoncé « qu’il y aura peut-être des suites pénales »… Comment peut-on encore tergiverser alors que Mme Saal a elle-même reconnu avoir fait payer à l’INA des dépenses étrangères à ses fonctions ?
De même, nous sommes surpris de l’absence de réaction après l’article du Canard Enchainé, publié le 6 mai 2015, faisant état de graves irrégularités lors de la passation de plusieurs marchés publics, toujours à l’INA, mais entre 2010 et 2014, sous la présidence de Mathieu Gallet.
Pour que toute la lumière soit faite sur la gestion de cet établissement public, Anticor dépose plainte contre X pour détournement de fonds publics et délit de favoritisme."
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selon le Monde, Agnès Saal a trouvé un point de chute au ministère de la Culture. Elle qui avait déjà brillé dans ce ministère sous Jospin, de 1997 à 2001, s'est vu convié la tâche de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Un poste inédit ! Un poste sur mesure pour Agnès Saal. De la haute couture socialiste.
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Gauche-droite et la souveraineté populaire bafouée
Rappel : les bons comptes...
Le Texte du M'PEP pour les 10 ans de la victoire du NON au Traité constitutionnel européen.
Il y a dix ans, lors du referendum du 29 mai 2005, à la question "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ?", 55% des français votèrent NON.
En février 2008 plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles des élus de l'opposition, manifestèrent devant le château de Versailles où devait siéger le Parlement réuni en Congrès. Ils réclamaient un référendum sur le traité européen de Lisbonne. Lors de ce Congrès, protégé par les CRS, les députés et sénateurs, à la majorité des 3/5ème, donnèrent les moyens de sa politique à la droite Sarkoziste.
Les socialistes bafouaient ainsi la volonté du peuple exprimée antérieurement par le NON au referendum du 29 mai 2005 : le traité de Lisbonne a repris les termes du TCE (Traité Constitutionnel européen) pourtant rejeté lors de ce refenrendum par 54,68% des suffrages exprimés :
" Ils ont ainsi répondu à la fois aux vœux du Président de la République et des institutions européennes qui s’accordent quotidiennement sur des directives qui agressent les salariés, les employés, les jeunes et les vieux en attaquant les retraites, les services publics, l’emploi, les salaires… ou qui attaquent encore les conditions de vie tout simplement, l’affaire en cours des O.G.M. étant là pour en témoigner.[...]
Si les socialistes qui ont voté oui ou qui se sont abstenu avaient voté non, cela aurait donné au total : 181+17+15+93+3+49+2= 360 !
Le projet de réforme constitutionnelle aurait été rejeté. Nicolas Sarkozy aurait été mis en échec. Il n’aurait pu faire autrement que d’organiser un référendum. Le peuple aurait eu droit à la parole. Ce sont donc les responsables socialistes, les Hollande, Ayrault, Dray, Moscovici, Lang, Valls, Bianco, et quelques autres qui ont fait passer la modification constitutionnelle et par la même occasion le traité. (Traité européen : les Socialistes du "Oui" ont décidé de bafouer le peuple en soutenant Sarkozy. Jacques Cotta - Le Grand Soir. Février 2008)Ainsi, le recyclage de la Constitution européenne rejetée autorisait banquiers et marchés financiers à s’enrichir par l’endettement des Etats. la gauche, à la lecture de l'article 127, fut sans doute tétanisée d'admiration : Le Système européen de banques centrales qui " contribue à la bonne conduite des politiques menées par les autorités compétentes " " agit conformément au principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre ".
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En octobre 2012, les députés adoptérent le TSCG ( Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) par 477 voix pour et 70 voix contre. Ce traité, rédigé par Sarkozy et Merkel - et dont pas une ligne n’ avait été changée - a gravé dans le marbre l’obligation de l’austérité et le renoncement à toute souveraineté. : les mesures d'austérités sont automatiques et sont imposées aux représentants des peuples, en contraignant leurs décisions budgétaires dictées par une instance non élue.
D'autre part par cette opération, le gouvernement Hollande-Ayrault est revenu sur ses engagements électoraux en soumettant sa ratification au Parlement. Hollande avait juré, dans sa proposition n°11 :
" … Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre 2011 en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la Banque centrale européenne dans cette direction…"
On sait que les promesses fallacieuses n'engagent que ceux et celles à qui elles sont destinées, mais les conséquences que l'on a déjà connues dans l'histoire :
"C’est ainsi que l’on détruit la démocratie. Le mensonge électoral nourrit la colère et produit le mépris pour une classe politique qui affiche sa solidarité profonde contre le peuple. Bientôt montera le vieux cri de l’anti-parlementarisme : " tous pourris " ! On dira, c’est le populisme qui monte. Et l’on se trompera, car ce sera alors devenu la stricte vérité. " Jacques Sapir
2015 - Depuis dix ans, dans toute l’Europe " les plans de misère, de destruction et de chômage, mis en œuvre par les gouvernements de toutes couleurs politiques, ont dressé contre eux, à répétition, des grèves, des grèves générales, des mobilisations ouvrières et populaires de tous ordres. Le rejet est général, qui, sur le terrain déformé des élections, s’est exprimé à nouveau, dimanche dernier en Espagne, frappant les partis qui appliquent les plans de Bruxelles et du capital financier." POI
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A lire, sur le site Acrimed, une revue de presse sur les mauvais traitements médiatiques du référendum de 2005 :
C’était il y a 10 ans. Le 29 mai 2005, une majorité d’électeurs et d’électrices (54.67%) rejetait le Traité Constitutionnel Européen (TCE). Une véritable gifle pour les adorateurs de la déesse « Union européenne », cet horizon indépassable et incontestable du progrès humain.
Ils n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts, éditocrates et médiacrates en tête, pour convaincre les masses sceptiques (et donc incultes) qu’il n’y avait pas d’alternative au « Oui » : pluralisme à son zénith, avec les multiples débats entre partisans du « Oui » et adversaires du « Non », exercices de « pédagogie » destinés à éclairer les esprits (forcément) obscurcis des opposants au TCE, multiplication des sondages contradictoires, etc.
Un concentré, en somme, des pratiques les plus déontologiques de ces chantres de la démocratie et de la liberté d’expression et d’opinion, sur lesquelles il est utile de revenir 10 ans après. Car force est malheureusement de constater que rien, ou presque, n’a changé. Il suffira pour s’en convaincre de se reporter, par exemple, à notre rubrique consacrée à la Grèce, où l’on constatera que les mêmes méthodes sont toujours employées par une caste décidément incapable de la moindre autocritique.
Nous avons donc regroupé une partie importante de nos articles de l’époque [1], afin que chacun et chacune puisse se replonger dans l’atmosphère pré-référendum ou, pour les plus jeunes, la découvrir. Un moyen de constater que l’observation critique des médias qui avait, à l’époque, contribué (modestement) à rompre l’unanimisme ambiant, demeure plus que jamais une nécessité." (Acrimed)