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Histoire - Page 8

  • Commune de Paris - Le général Trochu

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    18 mars 1871 : déclenchement de la Commune de Paris.

     Septembre 1870, l'armée française est détruite, prisonnière ou sur un autre front : Napoléon III n'est plus que l'ombre de lui-même. Tout repose alors sur un gouvernement de faillis. Pour se sortir d'affaire, il n'y a que la foi qui sauve : " Vive Trochu, il a un plan !"

    De ce Trochu, " Breton, catholique et soldat », comme il se définit lui-même, l'amiral La Roncière-Le Noury dresse ce portrait peu flatteur : " Ce bon Trochu n'est pas même pour la défense de Paris seul. Là où il fallait un homme d'une rapidité et d'une énergie excessives, on a un homme qui a pour base la temporisation et la manie de discourir. Tout cela est très bien en temps de paix, mais à l’heure qu'il est !"  Et encore : " Trochu n'est pas. Il ne signe pas grand-chose : il se laisse entraîner dans le torrent."

    C'est à Hugo d'enfoncer le clou et de faire en sorte que Trochu passe à la postérité.

     " Trochu, participe passé du verbe Trop Choir...
    De toutes les vertus sans nombre dont la somme
    Est zéro, soldat brave, honnête, pieux, nul,
    Bon canon, mais ayant un peu trop de recul,
    Preux et chrétien, tenant cette double promesse,
    Capable de servir son pays et la messe... "

    trochu, napoléon III

    Napoléon III et le général Trochu

     Le 4 septembre 1870, suite à la capitulation de l’armée française à Sedan et à la captivité de Napoléon III, des manifestants parisiens envahissent l’Assemblée nationale et  empêchent le Corps législatif de délibérer. A l'hôtel de Ville de Paris  la République est proclamée.
    Le général de division Trochu, devenu président du gouvernement de la Défense nationale,  est contraint de démissionner après la bataille de Buzenval  du  19 janvier 1871 - une tentative pour forcer le blocus de l'armée prussienne qui fut un échec.

    Le 28 janvier 1871, dix jours après la proclamation de l’Empire allemand à Versailles, l'armistice est signé. Le 26 février 1871  c'était au tour du traité de paix préliminaire, confirmé par la Paix de Francfort du 10 mai : l'Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées au nouvel Empire allemand à qui la France s'engage à payer une indemnité de guerre de cinq milliards de francs or.

    " La Commune est née d’une double crainte : celle de l’entrée des troupes prussiennes dans Paris et celle d’une réaction monarchique consécutive aux élections législatives de février 1871. « Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques (3) », annonce un communiqué le 21 mars. Animés d’une passion démocratique, du souvenir du droit à l’insurrection proclamé par la Constitution de 1793 et d’une ferme volonté de résoudre la question sociale, différents groupes issus du peuple parisien vont inventer au jour le jour une forme institutionnelle inédite. " Christophe Voilliot

    Dans La Guerre civile en France, Karl Marx présente ainsi ce gouvernement d'imposteurs et de parvenus où l'on trouve Adolphe Thiers, futur massacreur de la Commune :

    " Le gouvernement de la Défense  nationale n'hésita pas un instant : il se transforma en un gouvernement de la Défection nationale. La première mesure qu'il prit fut d'envoyer Thiers en tournée par toutes les cours d'Europe pour y implorer médiation, moyennant le troc de la république contre un roi. Quatre mois après le début du siège, quand on crut venu le moment opportun de lâcher pour la première fois le mot de capitulation, Trochu, en présence de Jules Favre et de quelques-uns de ses collègues, harangua en ces termes les maires de Paris assemblés :

    La première question que m'adressèrent mes collègues le soir même du 4 septembre fut celle-ci: Paris peut-il, avec quelque chance de succès, soutenir un siège et résister à l'armée prussienne ? Je n'hésitai pas à répondre négativement. Quelques-uns de mes collègues qui m'écoutent peuvent certifier que je dis la vérité et que je n'ai pas changé d'opinion. Je leur expliquai, en ces mêmes termes, que, dans l'état actuel des choses, tenter de soutenir un siège contre l'armée prussienne serait une folie. Sans doute, ajoutai-je, ce serait une folie héroïque, mais voilà tout... Les événements [qu'il avait lui-même conduits (K. M.)] n'ont pas démenti mes prévisions. "

    Ce charmant petit discours de Trochu fut publié dans la suite par M. Corbon, un des maires présents.

    Ainsi, au soir même de la proclamation de la république, le « plan » de Trochu, ses collègues le savaient, c'était la capitulation de Paris. Si la défense nationale avait été quelque chose de plus qu'un prétexte pour le gouvernement personnel de Thiers, Favre et Ciel les parvenus du 4 septembre auraient abdiqué le 5, ils auraient mis le peuple de Paris au courant du « plan » de Trochu ; ils l'auraient mis en demeure de se rendre sur l'heure, ou je prendre en main son propre sort.
    Mais au lieu de cela, les infâmes imposteurs résolurent de guérir la folie héroïque des Parisiens : on leur ferait subir un régime de famine, on leur ferait casser la tête et on les bernerait entre-temps par des manifestes tapageurs : « Trochu, le gouverneur de Paris, ne capitulera jamais »; Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, ne cédera « pas un pouce de notre territoire ! Pas une pierre de nos forteresses !» Dans une lettre à Gambetta, ce même Jules Favre, précisément, avoue que ce contre quoi ils se « défendaient», ce n'étaient pas les soldats prussiens, mais les travailleurs de Paris. Pendant toute la durée du siège, les coupe-jarrets bonapartistes, à qui Trochu avait sagement confié le commandement de l'armée de Paris, échangèrent, dans leur correspondance intime, de grasses plaisanteries sur cette bonne farce de la défense. (...)

    Le masque d'imposture fut enfin jeté le 28 janvier 1871. Mettant un véritable héroïsme à s'avilir jusqu'au bout, le gouvernement de la Défense nationale apparut dans la capitulation de Paris comme le gouvernement de la France par la permission de Bismarck, rôle si vil, que Louis Bonaparte lui-même, à Sedan, s'y était refusé avec horreur. Après les événements du 18 mars, dans leur fuite éperdue à Versailles, les capitulards abandonnèrent à Paris les preuves écrites de leur trahison, et, pour anéantir ces preuves, comme le dit la Commune dans son adresse aux départements, « ces hommes ne devaient pas hésiter à faire de Paris un monceau de ruines dans une mer de sang ».

     Karl Marx

     La Guerre civile en France

    trochu, napoléon III
    Le plan Trochu

    " Il y avait dans les esprits une véritable exagération  de la valeur, des facultés, de l'importance de la garde  nationale... Mon Dieu, vous avez vu le képi de M. Victor  Hugo qui symbolisait cette situation.  "

     Le Général Trochu à l'Assemblée Nationale, - 14 juin 1871.

    Victor Hugo, dans l'Année terrible, a défini  le général Trochu pour la postérité.

     " Participe passé du verbe Trop Choir ..."

    XVII

    Participe passé du verbe Trop Choir, homme
    De toutes les vertus sans nombre dont la somme
    Est zéro, soldat brave, honnête, pieux, nul,
    Bon canon, mais ayant un peu trop de recul,
    Preux et chrétien, tenant cette double promesse,
    Capable de servir ton pays et la messe,
    Vois, je te rends justice ; eh bien, que me veux-tu ?
    Tu fais sur moi, d'un style obtus, quoique pointu,
    Un retour offensif qu'eût mérité la Prusse.

     Dans ce siège allemand et dans cet hiver russe,
    Je n'étais, j'en conviens, qu'un vieillard désarmé,
    Heureux d'être en Paris avec tous enfermé,
    Profitant quelquefois d'une nuit de mitraille
    Et d'ombre, pour monter sur la grande muraille,
    Pouvant dire Présent, mais non pas Combattant,
    Bon à rien ; je n'ai pas capitulé pourtant.
    Tes lauriers dans ta main se changent en orties.
    Quoi donc, c'est contre moi que tu fais des sorties !
    Nous t'en trouvions avare en ce siège mauvais.
    Eh bien, nous avions tort ; tu me les réservais.
    Toi qui n'as point franchi la Marne et sa presqu'île,
    Tu m'attaques. Pourquoi ? je te laissais tranquille.
    D'où vient que ma coiffure en drap bleu te déplaît ?
    Qu'est-ce que mon képi fait à ton chapelet ?

    Quoi ! tu n'es pas content ! cinq longs mois nous subîmes
    Le froid, la faim, l'approche obscure des abîmes,
    Sans te gêner, unis, confiants, frémissants ?
    Si tu te crois un grand général, j'y consens ;
    Mais quand il faut courir au gouffre, aller au large,
    Pousser toute une armée au feu, sonner la charge,
    J'aime mieux un petit tambour comme Barra.
    Songe à Garibaldi qui vint de Caprera,
    Songe à Kléber au Caire, à Manin dans Venise,
    Et calme-toi. Paris formidable agonise
    Parce que tu manquas, non de cœur, mais de foi.
    L'amère histoire un jour dira ceci de toi :
    La France, grâce à lui, ne battit que d'une aile.
    Dans ces grands jours, pendant l'angoisse solennelle,
    Ce fier pays, saignant, blessé, jamais déchu,
    Marcha par Gambetta, mais boita par Trochu.

    Victor Hugo —L'Année terrible

     

  • Henri Martin, contre la guerre d'indochine

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    « Henri Martin, Raymonde Dien
    N’ veulent pas qu’on tue les Vietnamiens
    Ils aiment tant la paix
    Qu’aux juges ils sont suspects »

    Unknown.jpegHenri Martin, né en 1927, est décédé dans la nuit du 16 au 17 février. Résistant dès l'âge de 16 ans et maquisard FTP à 17, ce militant communiste et anticolonialiste s'engagea dans la Marine en 1945.

    " Appelé en Indochine, il est persuadé qu’il va affronter l’armée japonaise, alliée des nazis. Mais, lorsqu’il arrive sur place, les Japonais sont déjà désarmés, et il est témoin, à son corps défendant, des premiers combats contre le Viet Minh. C’est à ce moment seulement qu’il entend parler, pour la première fois, d’un certain Ho Chi Minh et de l’indépendance, nouvellement proclamée, du Vietnam. De retour en France, il est affecté à l’Arsenal de Toulon. Pour lui, il reste, sous l’uniforme, un citoyen. Il commence donc un travail d’intense propagande au sein de l’armée." ( Alain Ruscio)

    " Désobéir, c’est le fait d’un homme libre "

    Le 20 octobre 1950, Henri Martin, alors second maître dans la marine, fut condamné par le tribunal militaire de Brest à cinq ans de réclusion pour propagande hostile à la guerre d'Indochine et pour avoir revendiqué la liberté pour le peuple vietnamien. On l'accusa d'atteinte au moral de la nation, d'agitation politique illégale au sein de bâtiments militaires mais également, pour faire bonne mesure, d'un acte de sabotage inexistant.

    Il sera finalement libéré le 2 août 1953 (après un jugement cassé le 19 mai 1951 mais à nouveau confirmé le 19 juillet suivant). Trois ans d'emprisonnement pour ce résistant au nazisme qui refusa tout simplement d’obéir à des ordres qu’il estimait inacceptables :

    " J’avais 16 ans quand j’ai commencé à distribuer des tracts qui appelaient la population de mon village à lutter contre l’occupant. Après avoir combattu les armes à la main dans les maquis du Cher, j’aurai pu rentrer chez moi. J’avais 17 ans. Je ne l’ai pas fait. Je suis allé sur le front de Royan. Là, j’avais un capitaine de 24 ans qui savait conduire des hommes. Il est tombé face à l’ennemi, le 3 Décembre 1944. Avant de mourir il nous a dit : " les gars il faut lutter jusqu’au bout pour la justice et la liberté."Je tiens cet engagement aujourd’hui encore en me battant contre la guerre injuste du Viêt-Nam. ce faisant je défend mon honneur de marin." ( Henri Martin, cité dans Mémoires vivantes

    Henri Martin a été au cœur d’une immense campagne de propagande pour sa libération et pour la fin de la guerre en Indochine. Campagne orchestrée par le Parti communiste français qui organisa des comités de défense avec des personnalités du monde politique ou intellectuel comme Jean-Marie Domenach et la revue Esprit, Jean Cocteau, ou encore Jean-Paul Sartre qui publiera, fin 1953, L'affaire Henri Martin.

    il fut libéré après trois ans en prison. Le président Auriol le gracia en août 1953.

    >  Il y a 60 ans : Raymonde Dien et Henri Martin contre la guerre d’Indochine - LDH Toulon

    > L’affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d’Indochine, par Emeric Tellier  

    > L'affaire Henri Martin, d'Alain Ruscio. Ed. Le temps des cerises

    > Henri Martin est décédé - Humanité

    > Film : d'autres sont seuls au monde.  Ciné-Archives gère le fonds audiovisuel du PCF

    Désobéir, c’est le fait d’un homme libre - Un texte de Raymond Aubrac, préface à L’Affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d’Indochine.

       (Wikipedia)

    henri_martin-ba5eb.jpg

    " Désobéir, c’est le fait d’un homme libre qui met en gage sa liberté pour obéir à sa conscience." C’est ainsi qu’Henri Martin, un marin qui refuse de participer au combat contre les Vietnamiens pour rétablir la domination coloniale, sait que son geste lui vaudra la prison, le jugement, la condamnation.
    Il rejoint le comportement de tous les résistants qui, dans la Résistance intérieure ou dans les Forces françaises libres, ont tous, un jour, décidé de transgresser les ordres de l’occupant relayés par le gouvernement de Vichy, à leurs risques et périls. Refusant de participer au combat contre un peuple qui lutte pour son indépendance, il est donc fidèle à ce qu’il avait été lui-même, un résistant français.

    Il est pourtant intéressant de voir ce qui distingue le geste d’Henri Martin, marin, de ce qu’avait été la décision du même Henri Marin, résistant. J’y vois deux différences significatives.

    Le résistant qui désobéissait devait le faire discrètement, sous peine d’être immédiatement arrêté, neutralisé, de disparaître sans que son comportement soit qualifié comme un exemple à valeur de démonstration publique. Au contraire, le soldat, le marin, qui refusa d’obéir aux ordres qu’il estimait inacceptables l’a fait publiquement. La démonstration était là, mobilisatrice.

    Des centaines, des milliers d’hommes et de femmes ont reconnu le passage à l’acte, symbole d’une conviction que beaucoup nourrissaient sans pouvoir l’exprimer. Dès lors le geste public, motivé et explicité lors d’un procès qui va frapper l’opinion, devient un acte politique mobilisateur (c’est aussi la valeur de l’acte de Raymonde Dien qui arrête de son propre corps un convoi de ravitaillement de la force répressive).

    L’autre différence, importante à mes yeux, peut être ressentie par tous les survivants de la Résistance lorsqu’ils sont invités, souvent des années plus tard, à témoigner devant des jeunes. Parmi les questions posée, on s’entend toujours demander : « Mais pourquoi avez-vous fait cela ? ». Les réponses, qui varient selon les témoins, ont toujours une partie commune : le refus de l’injustice. Ces témoignages sont importants pour leur valeur historique, mais surtout pour la leçon de courage et pour la mise en évidence des valeurs morales qu’ils comportent. Ils arment l’auditoire d’une exemplarité qui trouvera, un jour proche ou lointain, l’occasion de peser sur le comportement. Le geste d’Henri Martin n’était pas, lui, un exemple pour l’avenir. Il était là, motivé, public, immédiat, politique, et son impact sur ceux, nombreux, qu’il impressionnait s’inscrivait dans l’actualité.

    Je voudrais ajouter que cet homme d’un grand courage et d’une haute structure morale a toute sa vie été fidèle à ses convictions, une fidélité dont l’histoire des dernières décennies n’a pas fourni tellement d’exemples. "

    Raymond Aubrac
    Préface à L’Affaire Henri Martin et la lutte contre la guerre d’Indochine.
  • La « naissance » d’Israël

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    A lire sur  Investig'action : La « naissance » d’Israël : comment un mensonge est devenu « vérité » par Ilan Pappe

    " Fin septembre 2014, l’historien Ilan Pappé, connu pour avoir sévèrement critiqué Israël, son pays, participait au Festival Manifiesta* en prononçant un exposé à partir de son dernier livre : ‘The idea of Israel : a history of power and knowledge’."

    3992716853.png Imaginez que vous êtes un marchand de couteaux, à la recherche de clients potentiels. Que ferez-vous pour les persuader de la qualité de votre assortiment, qu’ils devraient selon vous acquérir ? Eh bien, vous les invitez à assister à une décapitation » (en référence aux vidéos de décapitation de Da’ech/EI).

    « Il faut recourir à cette abomination pour expliquer aux gens combien nous sommes grotesques et hypocrites. Car c’est ce qu’Israël fait avec Gaza. Israël teste de nouvelles armes dans la bande de Gaza à l’occasion d’offensives meurtrières, comme cet été, après quoi il invite des marchands d’armes internationaux pour montrer comment les armes fonctionnent en réalité ».

    « Conséquence : les revenus militaires d’Israël explosent, et continueront de grimper. Je ne suis pas prophète, mais je crains que si le monde n’intervient pas, il y aura tous les ans et demi une nouvelle opération militaire. Et chaque assaut militaire sera plus grave que le précédent. Finalement, Israël exécutera un génocide »

    La « naissance » d’Israël : comment un mensonge est devenu « vérité » Ilan Pappe

  • "Vous qui vivez en toute quiétude..."

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    N'oubliez pas que cela fut,
    Non, ne l'oubliez pas:
    Gravez ces mots dans votre cœur.
    Pensez-y chez vous, dans la rue,

    En vous couchant, en vous levant;
    Répétez-les à vos enfants.
    Ou que votre maison s'écroule;
    Que la maladie vous accable,
    Que vos enfants se détournent de vous.

    Primo Levi

    primo-levi2.jpgPrimo Levi avait 24 ans lorsqu'il fut arrêté comme résistant puis déporté en tant que juif : " J'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944, alors que le gouvernement allemand, en raison de la pénurie croissante de main-d'œuvre, avait déjà décidé d'allonger la moyenne de vie des prisonniers à éliminer, améliorant sensiblement leurs conditions de vie et suspendant provisoirement les exécutions arbitraires individuelles.,  Primo Levi  fut libéré d'Auschwitz le 27 janvier 1945 avec 7 500 autres survivants de la Shoah. Dans la préface de son récit autobiographique, " Si c'est un homme", il écrit ceci :

    3992716853.png En fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine.

    Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que «l'étranger, c'est l'ennemi». Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le Lager; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme.

    *

    3992716853.pngSoixante-dix ans après Auschwitz, des mouvements qui se réclament du nazisme existent toujours dans plusieurs pays européens. En 2012, un de ces mouvements, l’Aube dorée, a même réussi à faire son entrée au Parlement grec.

    Et puis, sept décennies plus tard, l’étranger ne revêt pas nécessairement la figure du Juif. Ça peut être, et c’est aussi trop souvent, le Noir, l’Arabe, la musulmane voilée…

    Enfin, il faut aussi dire ceci : 70 ans après la libération des derniers prisonniers d’Auschwitz, certains partis de la droite israélienne n’hésitent pas à évoquer la Shoah pour justifier leurs politiques d’occupation des territoires palestiniens. Une instrumentalisation qui banalise le génocide et qui insulte la mémoire de ses victimes."

    *

    Aujourd'hui, le Centre Primo Levi, association indépendante et non confessionnelle,est dédiée au soin des victimes de la torture et de la violence politique qui se sont réfugiées en France.  " Les souffrances, souvent invisibles, produites par la torture, sont complexes et durables. Elles sont difficiles à exprimer par les personnes qui ont survécu aux traitements humiliants visant à les détruire en tant qu'êtres humains. "

    Le Centre a également pour rôle de témoigner, d'informer et de mobiliser - tout particulièrement pour la défense du droit d'asile.

    3992716853.pngLe défaut de reconnaissance des souffrances endurées et la crainte d'être refoulés aggravent les souffrances des hommes, des femmes et des enfants qui ont dû fuir leur pays. La précarité des conditions de vie imposée à ces personnes constitue un obstacle aux soins qui leur sont dus. Témoin des effets de la dégradation des conditions d'accueil des exilés, l'association s'est engagée dans la défense du droit d'asile. Ainsi, l'association participe activement aux travaux et aux actions de la Coordination française du droit d'asile (CFDA).

     Depuis juillet 2010, le centre est membre d'InfoMIE, association d'informations sur les mineurs isolés étrangers.

  • Les camps et l'extermination : bibliographie

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    Sélection de livres par France-Culture

    1945, la découverte

    Annette Wievorka

    1945.jpg?1422272875"Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen... La découverte des camps de concentration nazis par les Alliés en avril et mai 1945 se fit au hasard de la progression des troupes. Libérer les déportés n'était pas un but de guerre et rien ou presque n'avait été prévu pour eux. Dans chaque camp où ils pénètrent, les soldats alliés découvrent les corps décharnés des survivants, les pyramides de cadavres laissés par les nazis.

    Correspondants de guerre, deux hommes sont parmi les premiers à entrer dans cet enfer. Le premier s'appelle Meyer Levin. Il est américain, écrivain et journaliste. Le second est un Français : Éric Schwab est photographe de l'AFP. Tous deux circulent à bord d'une Jeep aux côtés de l'armée américaine. Tous deux sont juifs. Tous deux sont animés par une quête obsédante : le premier recherche ce qui reste du monde juif, le second recherche sa mère déportée.

    À leurs côtés, nous vivons les premiers moments de cet événement immense dont l'onde de choc n'a cessé d'ébranler la conscience mondiale." 4ème de couverture

    *

    Le long retour 1945-1952 : l'histoire tragique des déplacés de l'après-guerre

    Ben SHEPHARD Traduit de l’anglais par John Jackson

    9782226330512%2C0-2422865.jpg?1421854765Lorsque l'Allemagne capitule en mai 1945, les Alliés se trouvent confrontés à un défi gigantesque : soigner, nourrir, regrouper et rapatrier les victimes du régime nazi, piégées dans l'effondrement du IIIe Reich. 15 millions de travailleurs originaires de toute l'Europe, prisonniers de guerre, déportés, survivants des camps sont alors présents sur le territoire allemand, auxquels vont s'ajouter 5 millions de réfugiés de l'Est, chassés des pays libérés ou fuyant l'avance de l'armée soviétique. Ensemble, ils constituent les «Displaced Persons». Si la plupart ont pu retrouver leurs foyers avant la fin de l'année 1945, 1,5 million d'entre eux étaient «non rapatriables» : Juifs rescapés de la Shoah, Polonais, Ukrainiens, Lituaniens, Estoniens, notamment, pour qui le retour dans leur pays d'origine était désormais impossible.

    Il fallut aux Alliés plus de sept ans pour solder cet héritage empoisonné de la guerre. La communauté internationale, en dépit des remous liés à la guerre froide et à la création de l'État d'Israël, réussit alors à poser les bases d'une organisation moderne de l'aide humanitaire.

    En brossant une fresque glaçante, mais riche d'exemples émouvants de destins individuels, Ben Shephard livre, avec Le Long Retour, une page capitale et méconnue de l'histoire de l'Europe du XXe siècle. 4ème de couverture

    *

    Raoul Wallenberg : Sauver les Juifs de Hongrie

    9782228911948%2C0-2474646.jpg?1421832406Juillet 1944. Tandis que la libération de l’Europe est en route, une partie de la dernière grande communauté juive encore intacte, celle de Hongrie, est en cours de déportation vers Auschwitz depuis qu’Eichmann et ses hommes se sont installés à Budapest quatre mois plus tôt. Raoul Wallenberg arrive de Suède pour tenter de sauver les Juifs de la capitale hongroise. Pendant six mois, à force de négociations et d’héroïsme, il aide des dizaines de milliers d’entre eux d’échapper à la mort. Quand, en janvier 1945, l’armée Rouge entre à Budapest, il est arrêté comme espion, et disparaît… Parfois qualifié de « Schindler suédois », Juste parmi les Nations depuis 1963, deuxième (après Churchill) des sept citoyens d’honneur des États-Unis, Wallenberg est célèbre dans le monde entier. Sauf en France. Ce livre éclaire cet homme de légende, son action et son destin, mais aussi, à travers lui, l’histoire dramatique du cœur de l’Europe. 4ème de couverture

    Avec les contributions de Tal Bruttmann, Tim Cole, Paul Gradvohl, Bengt Jangfeldt, Johan Matz, Fabrice Virgili et Annette Wieviorka.

    *

    Un monde de camps

    9782707183224%2C0-2321518.jpg?1421832937sous la direction de Michel Agier, avec la collaboration de Clara Lecadet

    Les camps se multiplient et se banalisent partout sur la planète. Ils sont aujourd'hui des milliers, dessinant peu à peu un nouveau paysage mondial. Gouvernements nationaux et agences internationales adoptent de plus en plus systématiquement cette solution pour «regrouper» les réfugiés humanitaires, pour «parquer», faire «transiter», «retenir» ou mettre à l'écart les «déplacés» et les migrants, les «clandestins» et autres indésirables.

    Douze millions de personnes vivent ainsi dans ces camps, des millions d'autres dans des campements de fortune, au creux des forêts, dans les interstices des villes, le long des frontières ; d'autres encore sont piégées dans des centres de rétention, des zones d'attente ou de transit. Si ces «hors-lieux» sont des espaces de parias, nombre d'entre eux s'inscrivent dans la durée et se transforment au fil du temps : la vie s'y renouvelle, s'y attache, et l'emporte le plus souvent sur la mort ou le dépérissement.

    En vingt-cinq monographies qui forment une sorte de tour du monde des camps (du plus ancien, à Chatila au Liban, au plus grand, à Dadaab au Kenya, qui regroupe 450 000 habitants, en passant par le plus informel, à Canaan en Haïti, ou le plus précaire, à Calais), cet ouvrage fait découvrir la vie intime et quotidienne de leurs habitants. Loin d'être l'«exception» que l'on évoque généralement dans un cadre humanitaire ou sécuritaire pour en justifier l'existence, les camps font durablement partie des espaces et des sociétés qui composent le monde aujourd'hui. 4ème de couverture

    *

    Auschwitz

    Tal Bruttmann

    widget.pngAuschwitz est devenu le symbole à la fois des camps de concentration et de l'assassinat des Juifs, occupant aujourd'hui une place centrale tant d'un point de vue mémoriel qu'historique. Marqué par le gigantisme, qu'illustrent en premier lieu les chiffres - 1,3 million de personnes y ont été acheminées depuis toute l'Europe, dont 1,1 million y sont mortes -, le site fut à la fois le plus important des camps de concentration et le plus meurtrier des centres de mise à mort de la «solution finale».

    Pourtant, il s'agit d'un lieu d'une rare complexité, qui n'est pas limité au camp de concentration, mais est constitué d'une multitude d'espaces - camps de concentration, centre de mise à mort, industries de tous types - articulés autour de la ville d'Auschwitz, désignée par le régime nazi pour devenir un modèle de développement urbain et industriel au sein du IIIe Reich.

    C'est dans cet espace que se sont croisées et concentrées politiques répressives contre différentes catégories de populations (Polonais, Tsiganes, Soviétiques...), politiques d'assassinat, dont la plus importante fut celle menée contre les Juifs, mais aussi politiques de colonisation et de développement industriel, conférant à Auschwitz une dimension sans égale. 4ème de couverture

    *

    La déraison antisémite et son langage

    Jean-Pierre Faye et Anne-Marie de Vilaine - Prix antiraciste Bernard Lecache 1993

    9782742706785%2C0-954553.jpg?1421681575Contrairement aux allégations de l'antisémitisme et de ses précurseurs, il n'y a pas de "question juive". A l'histoire d'un peuple, l'antisémitisme s'est employé à substituer une interprétation fallacieuse en forme de malédiction narrative qui confisque l'identité juive et la soumet aux automatismes meurtriers du langage.

    Une moitié de siècle après la Shoah, c'est de cet antisémitisme, de sa mythologie, de ses origines et de ses transformations - de son opiniâtre rémanence - que s'entretiennent ici, pour déjouer ses fables. 4ème de couverture

     

     

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    Les Juifs dans la Résistance

    Monique Lise Cohen  Jean-Louis Dufour
    9782908527780%2C0-33308.jpg?1421682092Le sort tragique que fit l'Administration siégeant à Vichy fit subir aux juifs, l'ignominie de l'obligation du port de l'étoile jaune ne peuvent s'oublier. Mais l'histoire de la Résistance doit aussi prendre en compte le combat de femmes et d'hommes juifs, en France contre l'occupant, loin d'une image passive des membres de cette communauté. 4ème de couverture

     

     

     

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    Au bureau des affaires juives : l'administration française et l'application de la législation antisémite (1940-1944)

    Tal Bruttmann

    tal.jpg?1290771678Mise en place par le gouvernement de Vichy dès l'été 1940, la politique antisémite est officiellement lancée avec le statut des Juifs en octobre 1940. Dès lors, l'antisémitisme devient une norme pour l'ensemble des administrations françaises - centrales comme locales - qui participent toutes, à des degrés divers, à sa mise en oeuvre. Il ne s'agit pas là des professionnels de l'antisémitisme, tels que le furent les agents du commissariat général aux Questions juives, mais bien des fonctionnaires de toutes catégories : agents des préfectures, policiers, personnels judiciaires ou encore employés municipaux, tous se sont vu confier des prérogatives visant à «épurer» la société française des Juifs.

     

    Ce livre apporte un éclairage original sur cette dimension essentielle et paradoxalement mal connue du régime de Vichy. S'appuyant notamment sur des archives jusque-là négligées, l'auteur s'intéresse tout d'abord à la manière dont le gouvernement a défini et mis en place, en quelques mois, les bases de la politique antisémite. Puis, en analysant en particulier la langue administrative, les méthodes de travail, les instructions et leur application, il rapporte précisément la façon dont les fonctionnaires se sont adaptés, le plus souvent sans états d'âme, à leur nouvelle tâche. Leurs missions en matière de poli-tique antisémite furent considérables, au premier rang desquelles le contrôle et le fichage de la population juive. C'est cette activité des administrations dans ce qui fut la zone libre, puis la zone sud à la suite de son occupation par les Allemands et les Italiens, que l'auteur évoque dans ce livre, à travers de nombreux exemples locaux. 4ème de couverture

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    L'impossible réparation

    J.-M. Dreyfus

    9782081348127%2C0-2463851.jpg?1422354288A partir de documents d'archives, J.-M. Dreyfus présente le processus de réparation des déportés français, entre 1944 et 2001. Il aborde le sort des morts, les biens spoliés, l'or juif, l'indemnisation des déportés, le destin des criminels de guerre, ainsi que le rôle du Quai d'Orsay sous Vichy puis après la guerre. 4ème de couverture

     

     

     

     

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    L'heure d'exactitude : histoire, mémoire, témoignage.

    Annettte Wieviorka, entretiens avec Séverine Nikel

    shoah.jpg?1346166445Annette Wieviorka a vécu cette expérience rare pour un chercheur de voir son objet d'étude - la mémoire du génocide des Juifs - passionner le grand public, les journalistes, les hommes politiques. Depuis la publication de sa thèse, Déportation et génocide, en 1992, elle a été partie prenante de tous les débats et a participé à la mission Mattéoli sur la spoliation des Juifs de France ainsi qu'au soixantième anniversaire de l'ouverture des camps d'Auschwitz.

    Pourquoi la « mémoire de la Shoah », le « devoir de mémoire » et le « témoin » tiennent-ils la place qu'ils occupent aujourd'hui dans nos sociétés ? Quel sens cela a-t-il et quels malentendus se sont installés ? Que faut-il transmettre aux générations futures ? Ce sont quelques-unes des questions posées au fil de ce dialogue, qui retrace un itinéraire intellectuel singulier, placé sous le signe de la liberté de pensée, et dont les grandes préoccupations puisent du côté des interrogations les plus douloureuses et les plus controversées du XXe siècle.

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    Témoignages de deux femmes internées à Ravensbrück

    Toute une vie de résistance, par Marie-Jo Chombart de Lauwe dont vous pouvez écouter le témoignage dans l'émission Hors-champs

    Kinderzimmer, par Valentine Goby.  Histoire d'un accouchement dans le camp de Ravensbrück. « Le seul témoignage que l’on ait de cette Kinderzimmer, c’est le récit qu’en donne Marie-José Chombart de Lauwe, résistante française déportée à Ravensbrück en juillet 1943. » Actes Sud, 2013

    J'ai donné la vie dans un camp de la mort, par  Madeleine Aylmer-Roubenne

     

    et aussi :

    La Shoah à destination des élèves de cm2

    Béatrice Finet, « La Shoah racontée aux enfants : un cas particulier de fiction historique », Repères , 48 | 2013, http://reperes.revues.org/613  

     

  • L'extermination des Tziganes d'Europe

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    Simone Veil interviewée par Juliette Jourdan sur la déportation des Tsiganes

     

    DERNIERE MINUTE : expulsion imminente

    26 janvier 2015

    3992716853.pngDemain l’Europe et de nombreux autres pays, célébreront les 70 ans de la libération du camp d’Auschwitz.

    Le devoir de mémoire envers tous ceux qui y ont été exterminés est d’une importance toute à fait particulière en ces moments difficiles.

    Parmi ceux-ci, outre des juifs, des handicapés moteurs et mentaux, des résistants… figuraient aussi des roms, des tsiganes et autres voyageurs (1). Mais il semble qu’on les ait oubliés.

    Faut-il y voir un lien ?

    Mais c’est aussi le jour que le Préfet de Seine et Marne, et les Maires des communes de Noisiel et de Champs sur marne ont choisi pour mettre à la rue 400 personnes Roms habitants depuis peu dans les bois de ces 2 communes.

    Cette décision préfectorale a été prise alors qu’aucun diagnostic n’a été réalisé, que le 115 n’a été prévenu que ce soir vers 18 heures et qu’il n’a ni les effectifs, ni les moyens pour héberger dans l’urgence ces familles. Autrement dit, demain matin seront jetés à la rue ces familles sans aucune alternative possible, alors qu’elles sont aujourd’hui à l’abri du froid et de la pluie dans leurs baraques, sans que cela ne coûte à la collectivité, et alors que notre collectif travaille avec eux pour tenter de trouver des solutions à ces situations d’extrême précarité.

    Au moment où nos hommes politiques tentent de remettre au gout du jour les valeurs de la république -dont la fraternité- et se souviennent de l’importance du vivre ensemble, cette action semble totalement déconnectée des réalités et pose clairement la question à la fois des discours que l’on nous tient, mais aussi de la réelle volonté de vivre ensemble, avec nos voisins citoyens européens.

    Alors nous serons présents à partir de 7h15 demain matin, dans l’allée des Bois à Noisiel (77) pour célébrer avec les forces de police et nos voisins les roms, l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Si vous souhaitez vous joindre à nous pour ce grand moment de fraternité,  n’hésitez pas.

     

  • L'extermination

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    Birkenau.jpg

    3992716853.pngVarsovie, années 40 : Ils avaient construit une image du juif telle que c’est dans l’indifférence qu’ils avaient enfermé 500 000 personnes de religion juive dans le ghetto de Varsovie, y menaient des incursions régulières, tuant hommes, femmes et enfants, affamant cette population réduite à un état de misère indigne, ouvrant parcimonieusement les portes du ghetto pour laisser de temps en temps passer quelques vivres."

     Philippe Lewandowski


    3992716853.png Les millions de juifs qui ont été exterminés par les nazis dans les plaines de Pologne avaient des traits communs qui permettent de parler d'un judaïsme européen. Ce n'était pas tant le sentiment d'appartenance à un peuple mythique, ni la religion car beaucoup d'entre eux s'en étaient détachés : c'étaient des éléments de culture commune."

    Eric Hazan

    3992716853.pngAujourd’hui comme hier, nous demeurons saisis par l’injonction Plus jamais ça ! Que plus jamais on ne tolère l’oppression d’un groupe humain quel qu’il soit, sur quelque base que ce soit. Et que nous ne nous trompions pas lorsqu’il s’agit d’en tirer les enseignements. Aujourd’hui, on montre du doigt et on tue des Juifs en France et il y a des années que des Musulmans, des Roms, des Noirs, des migrants subissent le même sort. Des synagogues sont profanées ou la cible de violences. Des dizaines de mosquées sont attaquées ou incendiées, et plus encore ces dernières semaines. Autant de crimes racistes mais qui provoquent des réactions très différentes de la part du gouvernement et des médias.

    Commémorer la libération d'Auschwitz en refusant le racisme et le fascime,
    par le Bureau National de l’UJFP
     

    3992716853.pngNous rendons hommage a tous ceux, modestes héros et héroïnes, qui ont engagé leur vie dans une bataille face à l’armée d’un pouvoir qui contrôlait presque toute l’Europe. Face à l’oppression, il y a toujours résistance : contre le nazisme en France, à Vilnius, en Allemagne même et, des années après, en Egypte et en Algérie contre le pouvoir colonial aussi bien qu’en Afrique du Sud contre l’apartheid. »

    « Il en est de même aujourd’hui : les masques changent mais c’est toujours le même combat. Nous, filles et fils de résistants au nazisme, affirmons notre soutien a la résistance palestinienne, car le pouvoir sioniste en Israël, a usurpé notre nom collectif (juifs), pour en notre nom disent-ils, mener une politique de répression coloniale féroce et d’apartheid. »

    « L’hommage à nos parents, martyrs ou survivants, est à l’unisson de l’hommage aux résistants du peuple palestinien dont les droits fondamentaux, humains et nationaux sont bafoués (...)

    Communiqué des fils et filles de Marek Edelman (mai 2008)


    "Si rien n’a été transmis avant, le voyage à Auschwitz est inutile"

    Entretien avec Annette Wieviorka, Le Monde, 2005

    3992716853.pngLes déplacements scolaires à Auschwitz sont souvent présentés comme des réponses à une montée de l’antisémitisme. Qu’en pensez-vous ?

    C’est une vision religieuse : comme s’il suffisait d’avoir été à Auschwitz pour être vacciné contre la haine, pour devenir lucide sur les dangers du monde actuel. Si c’était vrai, cela se saurait. En réalité, on charge la visite de quelque chose qu’elle ne peut pas apporter. On attend un choc alors qu’il arrive à des élèves très sensibles de ne rien ressentir. Ils se trouvent un peu honteux et répètent les slogans que l’on attend d’eux : "J’ai compris où le racisme menait", "Plus jamais ça"... D’un point de vue éducatif, c’est vain. Peut-être faudrait-il réfléchir sur autre chose.

    Beaucoup d’élèves se montrent au contraire bouleversés.

    Bien sûr, il ne faut pas généraliser. Mais il existe un problème général d’identification. Birkenau, c’est l’extrême de l’extrême de l’extrême. Quelque chose qu’on ne peut se représenter à moins d’être très malade. On ne peut demander aux élèves de s’identifier ni aux victimes, ni a fortiori aux auteurs de ces assassinats de masse. Il faudrait davantage insister sur les faits qui peuvent avoir des échos dans le présent pour les jeunes : sur le fichage, l’indifférence et la lâcheté devant la persécution, la coupure du lien social, les gens qui conduisent les trains... tout ce qui s’est passé en amont des chambres à gaz et qui leur a permis de fonctionner.

    Certains élèves font état d’une sorte de saturation d’informations sur la Shoah, parfois en se plaignant de l’absence de leur propre mémoire douloureuse (esclavage, guerre d’Algérie) dans les cours. Comme analysez-vous cette réalité ?

    Si ce sentiment de saturation existe, c’est qu’on ne cesse de faire de la morale et que cela ennuie les élèves. Si l’on considère plutôt Auschwitz comme quelque chose qui continue d’interroger, ce ras-le-bol disparaît. Il faut cesser de substituer la morale à la réflexion. Cesser de dire aux lycéens : "Attention, vous allez être des nazis si..." Pourquoi un jeune accepterait-il cette vision de lui, cette injonction morale et sociale à être bouleversé ?

    Votre critique des voyages scolaires ne remet-elle pas plus globalement en cause l’accaparement de l’histoire par la mémoire ?

    Non seulement par la mémoire, mais aussi par les médias et le politique. Laissons les professeurs et les élèves travailler, laissons cette histoire vivre pour les générations qui viennent ! Cessons de faire des leçons de morale ahurissantes qui nous posent, nous adultes de 2005, comme les porteurs d’une vertu que n’avaient pas nos aïeux ! Nous nous donnons bonne conscience, alors que nous devrions nous inquiéter du monde que nous avons fait et dans lequel beaucoup de jeunes vivent dans des conditions déplorables. Que signifient nos leçons sur la République, l’intégration, l’antiracisme alors qu’ils subissent l’exclusion, les discriminations liées à leurs origines et ont tant de mal à imaginer leur place dans la société ?

    jusqu-au-dernier-graphisme-291749-686299.pngJusqu'au dernier, la destruction des juifs d'Europe

    Emissions - France 2

    3992716853.pngIl nous a donc semblé fondamental de « revisiter » l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe. Et tout aussi important de commencer par une évidence : avant la discrimination, la répression, l’anéantissement, les populations juives d’Europe occidentale, centrale et orientale étaient vivantes. Culturellement et socialement. Diverses, multiples, certaines intégrées et assimilées, d’autres enracinées sur des marges de l’Empire russe, singulières et religieuses. Juifs et laïcs, religieux, classes laborieuses ou bourgeois intellectuels, artisans, médecins, ouvriers, agriculteurs, ce monde était vivant avant d’être englouti.

    La libération des camps
    Émissions sur France-Culture

     La Fabrique de l'Histoire

    26 janvier : 70 ans de la libération des camps 1/4 - Lundi actualité : Michel Agier et Fabrice Virgili

    Mardi 27 janvier :  Retour au Struthof – un documentaire d’Anaïs Kien, réalisé par Françoise Camar

    Mercredi 28 janvier : Après les camps, quelle réparation ?

    Jeudi 29 janvier : Regard soviétique sur la libération des camps

    Sur les Docks du 26 au 29 janvier 2015  (http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-0) :

    > Lundi 26 janvier : Collection Témoignages : 1945-1946 en France, le retour des camps à travers des archives de l’INA
    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-collection-temoignages-1945-en-france-le-retour-des-camps-2015-01-26

    > Mardi 27 janvier : Collection Sur Les Lieux de : Auschwitz-Birkenau, conserver les camps de la mort ?
    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-collection-sur-les-lieux-auschwitz-birkenau-conserver-les-camps-de-la-mort-20

     > Mercredi 28 janvier : Collection Enquêtes : Juifs dans la Résistance
    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-collection-enquetes-juifs-dans-la-resistance-2015-01-28

    > Jeudi 29 janvier : Collection particulière, des femmes et des bébés à Ravensbrück
    http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks-collection-particuliere-des-femmes-et-des-bebes-a-ravensbrueck-2015-01-29  20080606_1626849824_od_wyzwolenia_do_powstania_6.jpg