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Actualités - Page 9

  • Luz : “Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles

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    Un entretien avec le dessinateur Luz dans les Inrock's :

    Luz : “Tout le monde nous regarde, on est devenu des symboles

    3992716853.pngLuz dessine à Charlie Hebdo depuis vingt ans. Il doit la vie au fait d’être né un 7 janvier, et d’être arrivé à la bourre pour la conférence de rédaction de l’hebdomadaire satirique. Il participe avec les autres “survivants” à la fabrication du numéro de Charlie Hebdo qui sortira le 14 janvier, et qui sera exceptionnellement tiré à un million d’exemplaires. Aujourd’hui, comme hier, il se rendra dans les locaux de Libération, qui abritent la rédaction, pour discuter des angles, des sujets, de la couverture. Avec d’autres dessinateurs, il ira croquer le grand rassemblement républicain de dimanche. Au lendemain de l’attaque terroriste qui a coûté la vie à ses amis, ses mentors, sa famille, Luz nous confie ses doutes, ses craintes et sa colère. Dévasté par le chagrin, il s’interroge sur la possibilité de dessiner encore après ce terrible 7 janvier 2015 et livre un témoignage à contre-courant

    > la suite

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  • L’attentat contre Charlie Hebdo : l'occultation

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    Saïd Bouamama est sociologue et militant associatif et politique. Il s'intéresse particulièrement à l'immigration, aux discriminations et au racisme. Il compte  parmi les fondateurs du mouvement des Indigènes de la République, il est également affilié à la CGT et membre de la Coordination communiste.

    A lire, sur son blog, une réflexion sur "L’attentat contre Charlie Hebdo : l'occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des enjeux"

    3992716853.pngL’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’État, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non,  accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.
    Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.
    En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.(...)

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  • Valls : horizon 2017

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    manuel-valls-ce-n-est-pas-seulement-la-communaute-juive_927851_460x306.jpgDu temps où il vibrionnait en tant que ministre de l'Intérieur,   Walls était comme la mouche du coche et s'agrippait au moindre sujet médiatique.

    Il obéissait alors à une com' bien rodée se déroulant en trois temps et centrée sur les thèmes de l'immigration, de la sécurité et de la laïcité.

    Son ministère s'était spécialisé dans les catastrophes naturelles (crues, déraillements, avalanches...), les problèmes de cultes (et particulièrement ce qui concerne les musulmans), les faits divers ( braquage, meurtres et drogue) et les libertés publiques.

    Depuis il est devenu Premier ministre, et il est sur toute les grandes chaînes d'info :

    « Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
    S'introduisent dans les affaires :
    Ils font partout les nécessaires,
    Et, partout importuns, devraient être chassés. »

    Les trois temps du political wannabe

    "Manuel Valls est par atavisme un political wannabe ; celui qui se place dans la roue des puissants du moment et qui ne la lâche plus : hier Rocard, puis Jospin, ensuite Royal, brièvement Strauss-Kahn, et, tardivement, Hollande. Deuxième et Première gauche, gauche caviar, gauche New Age et gauche démocrate. Valls s’est mis au service de tout le monde, sans aucun état d’âme. Si Manuel Valls accentue toujours plus sa rhétorique droitière, c’est qu’il est persuadé qu’il s’agit d’une stratégie payante. C’est le discours que ses conseillers à Euro RSCG (l’officine des socialistes losers de la présidentielle) et les sondeurs susurrent quotidiennement à son oreille. Un nombre croissant de ses collègues au gouvernement l’a compris : Valls évolue dans le champ politique au gré de ses intérêts personnels. La balise est déjà à l’horizon : Élysée 2017. ( Article de Philippe Marlière " Manuel Valls, le conformiste ou comment les grands médias français fabriquent un Solférinien présentable pour la prochaine présidentielle.

    Com' toujours

    Sondages en amont :

    1. ne pas prendre de risque : par exemple les sondages montrent un rejet de Dieudonné et de ses positions pour les 2/3 des Français; ceux concernant les propos du ministre  sur l'intégration des Roms étant approuvés par presque huit Français sur dix,.
    2. Utiliser l'opinion publique comme un bouclier contre les opposants de son propre camp.

    Le coup médiatique,  avec l'histérisation de certains médias :

    1. Être ici là et ailleurs et faire parler de soi : lors de la catastrophe ferroviaire de Brétigny, Valls était dans le Gard, il revenu de toute urgence à Brétigny, en falcone payé par les deniers publics, pour une déclaration de deux minutes avant de repartir dans le Gard.
    2. occuper le terrain: comme choisir une date d'intervention en période creuse, entre les deux réveillons;
    3. redorer son blason et se faire accepter par son camp. L'affaire Dieudonné intervient après l'épisode désastreux des Roms.
    4. Engager des combats peu risqués : l'antisémitisme aujourd'hui n'est pas un problème en France et n'est tenu et défendu que par une poignée d’extrémistes;
    5. Intervenir sans aucun risque médiatique, de manière brève au rythme de l'info en continu : le Monde lui a proposé un long interview depuis 2012 qu'il n'a jamais accepté.

    Sondage pour vérifier que le coup médiatique a réussi : séduire à droite et être le politique préféré des Français. 

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  • 3 bourreaux et 1 Charlie

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    4860007-7252596.jpgChantera-t-il la Marseillaise ce chef d’un gouvernement qui mène une politique raciste envers les palestiniens et une partie de sa population ? Ce responsable de crimes de guerre à Gaza et de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem Est, entonnera-t-il le Chant des partisans ? Cet architecte du blocus de la bande de Gaza, déposera-t-il une couronne à la Bastille ou à République. Ou ce haut responsable de la politique belliciste et expansionniste israélienne n'est-il en France que pour provocation ?

    Benjamin Netanyahu sera accompagné par Avigdor Lieberman et Naftali Bennett pour représenter l’État d’Israël à la manifestation européenne. Paris accueillera ainsi trois individus qui relèvent de la Cour Pénale Internationale pour les meurtres de masse commis à Gaza et ailleurs.

    Ces trois-là  ne représentent que eux-mêmes et n’ont aucune légitimité à venir honorer la mémoire de qui que ce soit et certainement pas des Juifs tués dans le magasin casher à Paris.

    " La manifestation devait être soi-disant « d’unité nationale » contre le terrorisme et pour la liberté d’expression. Elle sera en réalité une représentation des « valeurs du monde civilisé occidental » contre les « menaces terroristes du monde arabo-musulman », une manifestation bien dans la tonalité du « choc des civilisations » qui d’après nos gouvernants, même quand ils se défendent de diffuser ce point de vue, régit le monde actuel. " UJFP

    Le M'PEP, Mouvement d’émancipation populaire, dresse un rapide portraits des trois représentants d'Israël.

    3992716853.pngBenjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, s’est toujours opposé aux Accords d’Oslo. Ces derniers résultent de discussions entre des négociateurs israéliens et palestiniens tenues à Oslo en Norvège, pour poser les premiers jalons d'une résolution du conflit israélo-palestinien. Une Déclaration de principes a été signée à Washington le 13 septembre 1993 en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de Bill Clinton, Président des Etats-Unis, pour régler le problème et poser les bases d’une autonomie palestinienne temporaire de 5 ans. Benjamin Netanyahu a favorisé la construction de nouvelles implantations israéliennes en Cisjordanie, en expulsant les Palestiniens. Il s’est toujours opposé à la création d’un État palestinien. Avant de prendre l'avion pour Paris il a lancé un appel : "A tous les juifs de France, tous les juifs d'Europe, je vous dis : Israël n'est pas seulement le lieu vers lequel vous vous tournez pour prier, l'Etat d'Israêl est votre foyer".

    Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères, a fondé le parti d'extrême droite Israel Beytenou. Lors de la seconde intifada, en 2002, il demande le bombardement des stations d'essence, banques et centres commerciaux palestiniens. Il s'oppose au plan de désengagement des territoires occupés et propose en mai 2004 un plan alternatif dans lequel il prévoit une séparation entre Juifs et Arabes « pour créer deux États ethniquement homogènes ». En janvier 2008, Avigdor Liberman a quitté le gouvernement afin de s'opposer aux négociations de paix avec les Palestiniens. Il a été inculpé de « blanchiment d’argent », « fraude », « subornation de témoins », « entrave à la justice »…

    Naftali Bennett est un homme d’affaire et politicien qui dirige le parti politique sioniste religieux d’extrême-droite Le Foyer juif, ainsi que le mouvement pro-colonies My Israel. En juillet 2013 il déclare : « J'ai tué beaucoup d'Arabes dans ma vie. Et il n'y a aucun problème avec ça », lors d'une réunion retranscrite par le quotidien Yedioth Ahronoth.

    *

     

    activestills_1.jpgUne pensée pour la liberté d'expression, pour Abdallah Abu Rahma, militant palestinien, qui risque des années de prison pour simple délit d’opinion.

    Il a été déclaré coupable le 21 octobre pour des charges liées à une manifestation organisée en 2012. Pour son avocate, Gaby Lasky, " il semble que la per­sé­cution d’un Pales­tinien pour un acte sym­bo­lique non-​​violent contre l’occupation a davantage de signi­fi­cation poli­tique que criminelle ". 

    En 2010, il avait déjà été condamné à 12 mois de prison "pour col­lectage de douilles de gre­nades lacry­mo­gènes et de balles tirées sur les mani­fes­tants par l’armée israé­lienne et qu’il uti­lisait pour montrer les vio­lences per­pé­trées contre les mili­tants palestiniens."

    Abdallah Abu Rahma, défenseur des droits de l'homme, ne pourra donc pas venir à Paris.

    Pétition de soutien est en ligne

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  • Quelle union nationale ?

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    Dessin et commentaire

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    Dessin donné par Charb à la Pla­te­forme des ONG pour la Palestine en 2002 pour la Cam­pagne « Occu­pation : pas d’Accords ! ».

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    Dix ans plus tard, et concernant toujours le boycott et les boycotteurs des produits israëliens, Michèle Alliot-Marie, alors ministre d’Etat sarkozyste de la justice et garde des sceaux, mettait les points sur les "i" dans son discours au dîner de l’antenne bordelaise du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) du 18 février 2010.

    "Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs, politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël. Je souhaite que le parquet fasse preuve de davantage de sévérité à ce sujet. J’ai donc adressé une circulaire aux parquets généraux, leur demandant d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination. J’entends que tous les auteurs d’actes soient poursuivis dès qu’ils auront été identifiés et notamment quand les appels auront été faits sur Internet. A cet égard, je salue la détermination du parquet dans l’affaire de l’individu qui avait appelé au boycott de produits israéliens par voie d’affichettes dans un centre commercial de Mérignac. »

    Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu, puis des dizaines de Tunisiens révoltés contre la dictature de ben Ali tombaient sous les balles. Profitant des fêtes, Michèle Alliot-Marie s'en allait réveillonner en Tunisie. A son  retour dans la patrie des droits de l'Homme, notre inoxydable  proposait à l'Assemblée nationale que la France de droite aide le Ben Ali à sécuriser sa Tunisie agitée par une méchante insurrection.

    " Nous proposons que le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays, dans le cadre de nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité."


    ALLIOT-MARIE propose d'aider la Tunisie dans la... par SuperBeurkMan

  • UJFP: Être ou ne pas être Charlie...

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    "L’Union Nationale" et "l’Union Sacrée" que l’émotion autour du massacre qui vient d’être commis essaie de nous imposer, manipulent les sentiments d’horreur et de révolte légitimes au service d’autres significations bien plus complexes et douteuses. La liberté d’expression n’est pas menacée en France, même la plus raciste. Nous ne sommes pas dans le camp de ceux qui soutiennent le racisme d’État ou les interventions impérialistes. Nous n’acceptons pas le "choc des civilisations" et la logique "terrorisme/antiterrorisme". Nous refusons d’avance toutes les nouvelles lois "sécuritaires" et toutes les nouvelles formes de discrimination ou d’injonction à l’égard des musulmans que cette union nationale ne peut manquer de produire. .UJFP

    Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question

    UJFP - Union Juive Française pour la Paix : http://www.ujfp.org/spip.php?article3760

    vendredi 9 janvier 2015

    3992716853.pngDans le chaos provoqué par l’attentat monstrueux qui a coûté la vie à douze êtres humains, il n’est pas facile de se situer. Entre ceux qui expriment uniquement douleur et colère justifiées, ceux qui « craignent les amalgames » et ceux qui appellent à l’union nationale (et internationale) contre l’Islamisme radical sous la bannière du slogan « je suis Charlie ».

    Bien sûr, le crime appelle douleur et colère, mais contre quoi exactement ?

    Ce massacre ignoble est revendiqué par des individus qui se disent membres de Al Qaida. La nécessité absolue de combattre les mouvances obscurantistes de l’islamisme radical ne doit pas nous rendre amnésique. Ces courants qui s’imposent par la terreur affirment commettre leurs crimes au nom de l’Islam. Leur développement a été rendu possible par les interventions impérialistes, le démembrement des États et l’utilisation par l’Occident de ce courant contre les forces progressistes. En France, la situation sociale insupportable que vit la population issue de l’immigration post-coloniale, le racisme d’État, l’islamophobie, les discriminations, la stigmatisation ou les contrôles au faciès portent une responsabilité évidente dans l’essor de ce courant qui touche en réalité une frange marginale d’une jeunesse de toutes origines mais sans horizon.

    Bien sûr le crime risque de provoquer des amalgames. Mais ces amalgames sont-ils nouveaux ? Charlie Hebdo, qui a longtemps représenté pour nous l’impertinence, l’insolence de mai soixante-huit, Wolinski, Cabu, l’écologie, RESF, ne s’est-t-il pas justement distingué dans l’art graphique et politique de l’amalgame depuis des années ? Et que les choses soient claires, personne ici ne dit qu’il n’avait pas la liberté de le faire et il a eu toute liberté de le faire des années durant.

    Avoir la moindre complaisance ou compréhension pour des assassins de dessinateurs ou pour la mise à mort de gens en raison de leurs idées est insensé.

    Mais Charlie Hebdo a mené une bataille politique. Et occulter et faire oublier dans quel contexte il publiait ses caricatures faisait partie de sa bataille politique.

    Peut-on imaginer des caricatures émanant de journaux progressistes critiquant la religion juive pendant les années trente au moment de la montée de l’antisémitisme et de la persécution des juifs ? Et nous ne parlons pas ici de caricatures antisémites de l’époque mais de caricatures critiquant la religion juive.

    Comment la critique des religions pourrait-elle faire abstraction du rapport dominant/dominé ? Critiquer les religions cela se fait aussi dans un contexte, dans un moment politique qui n’est aucunement neutre à l’égard des musulmans. Les actes de Charlie Hebdo, et les caricatures et les articles sont des actes et ont participé au développement de l’islamophobie en France. Développement du mépris et du racisme à l’encontre de tous les musulmans, des lois chargées de protéger « la laïcité à la française » contre eux, des mosquées attaquées, des agressions physiques contre des gens "d’apparence musulmane". Leur désignation comme boucs émissaires de la crise économique et sociale, qu’ils subissent aussi et souvent en première ligne, à l’aide des « amalgames » est en marche depuis des années.

    Des ghettos et des discriminations, il n’en est pas question aujourd’hui, l’« union nationale » peut se faire avec le sang de tous ces morts, contre les musulmans, des mosquées brûlent déjà (encore), le terrain a été préparé de longue date.

    Le "suicide français" est en marche annonçait le mois dernier un autre Charlot.

    "L’Union Nationale" et "l’Union Sacrée" que l’émotion autour du massacre qui vient d’être commis essaie de nous imposer, manipulent les sentiments d’horreur et de révolte légitimes au service d’autres significations bien plus complexes et douteuses. La liberté d’expression n’est pas menacée en France, même la plus raciste. Nous ne sommes pas dans le camp de ceux qui soutiennent le racisme d’État ou les interventions impérialistes. Nous n’acceptons pas le "choc des civilisations" et la logique "terrorisme/antiterrorisme". Nous refusons d’avance toutes les nouvelles lois "sécuritaires" et toutes les nouvelles formes de discrimination ou d’injonction à l’égard des musulmans que cette union nationale ne peut manquer de produire. .

    Alors aujourd’hui craindre l’amalgame nous semble plus qu’insuffisant. La France se dit un État de droit, les criminels doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes. Mais leur crime va bien au-delà, il vient en réalité de libérer la politique de l’amalgame, et du bouc émissaire. En ce sens les bourreaux comme les victimes de l’attentat étaient partie prenante de la guerre des civilisations. En ce sens, si les assassins nous font horreur, Charlie n’était pas et n’est pas pour autant notre ami et « nous ne sommes pas Charlie ». Si notre solidarité et notre profonde compassion vont à tous les journalistes, salariés, policiers, victimes innocentes de cette tragédie et à leurs familles, l’union qu’il faut construire aujourd’hui est celle d’une France qui accepte d’être enfin celle de tous ses citoyens, musulmans inclus. La bataille contre le terrorisme passera par la bataille pour l’égalité, la justice, la reconnaissance de la France d’aujourd’hui dans toute sa diversité source d’immense richesse. Pour qu’au bout de cette nuit, le jour se lève, nous devons être aujourd’hui des musulmans.

    Bureau national de l’UJFP 9 janvier 2015

    Nous apprenons à l’instant la prise d’otage d’un supermarché casher de la Porte de Vincennes, à Paris, qui semble liée à une attaque de plus grande envergure. Plus que jamais notre travail à l’UJFP sera de construire du « commun » autour des valeurs universelles que nous venons d’énoncer. Comme juifs, nous serons toujours du côté du dominé, du racisé, du discriminé, qu’il soit musulman, Rrom, juif...

    Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - 21 ter rue Voltaire, 75011 PARIS
    Téléphone : 07 81 89 95 25 / E-mail : contact@ujfp.org :
    Site WEB :
    Page facebook : www.facebook.com/UJFP.Officiel  /Compte twitter : @contactujfp

  • " Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse...?"

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    En ces temps politiques d'union nationale et de tartufferies diverses.

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    Un article de Jean Ortiz, parut dans le Grand Soir :

    3992716853.pngQu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Charlie Hebdo. Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux (Suivi de : Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle)

     Les monstres qui ont commis ce crime inqualifiable au siège de Charlie Hebdo, l’hebdo insoumis, provocateur, antiraciste, humaniste (mais qui fut injuste envers ce site où j’écris* ), sont des hommes formatés par des courants religieux fascisants, par des Etats théocratiques « fondamentalistes », «amis de la France », pour faire taire l’esprit critique, l’humour, l’anticonformisme, la pensée libre, la laïcité, la création sans rivages... Ils n’ont aucune excuse.

    *Il s'agit du site Le Grand soir

     J’ai du mal à concevoir que des hommes aient pu à ce point s’aliéner, s’avilir, se fanatiser, se laisser manipuler, s’animaliser, pour produire une telle barbarie.

    Je suis en deuil. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... Cette « gueuse » que sociaux et néolibéraux n’ont de cesse, depuis plus de trente ans, de dépecer, de démonter, d’affaiblir par l’explosion des inégalités, le communautarisme, l’instrumentalisation du racisme, la concurrence à tout crin, par le rabougrissement de l’Etat, la multiplication des brisures sociales, la ruée contre les services publics et les biens communs, la casse de l’ascenseur social scolaire, jadis intégrateur, la pratique de l’amalgame délétère « Islam = terrorisme » , le « no future » pour des millions de jeunes Français, quelle que soit leur origine.

    Et on voudrait aujourd’hui que je défende, au nom de la douleur, ma République sociale et démocratique bras-dessus bras-dessous avec ses fossoyeurs, avec ceux qui, à force de déifier le marché, de le débrider toujours plus, de tout marchandiser, de dépolitiser, ont laissé le champ libre aux intégrismes de toutes sortes ?

    Oui, je crois à la nécessaire, à l’urgente unité populaire et républicaine, mais avec tous les Républicains sincères, tous ceux qui partagent ces valeur de base, la tolérance, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le débat sans corsets, la liberté sans demi-mesure, et notamment celle des médias ; oui, je crois à l’unité avec tous ceux qui défendent le pluralisme de l’information... pas avec les hypocrites qui pleurent aujourd’hui sur la République menacée et qui n’ont cessé d’attiser les haines raciales, les vieilles peurs, de stigmatiser l’autre, de détruire toute espérance progressiste...

    Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse alors que Charlie Hebdo était sur le point de déposer le bilan, que le pouvoir rend chaque jour la vie plus difficile, par des dispositions mortifères à « l’Humanité », au « Monde Diplomatique » ? De quelle liberté d’information parle-t-on ? De celle sous la coupe des marchands d’armes, des bétonneurs, des chiens de garde de l’oligarchie, du latifundium médiatique désinformateur, de la pensée unique et cynique.

    Oui, je crois à l’unité populaire et républicaine face à la barbarie, mais avec tous ceux qui consacrent beaucoup d’énergie à solidariser, à « faire pays » quand les autres l’atomisent, le livrent à la guerre de tous contre tous, le blessent, le défigurent, en font une jungle. Je me souviens que lorsque Charlie Hebdo nous gratifiait de quelques « unes » décapantes, les moralisateurs venaient faire la leçon à ces « dangereux agitateurs ».

    Alors, oui, je suis en deuil, je l’assume, je le revendique. Il y a danger, il faut se rassembler. Oui, j’ai mal, mais je ne veux pas partager ce deuil et cette douleur avec ceux qui ont contribué à créer le climat nauséabond et létal qui ronge notre pays depuis des années. Oui, l’islamisme, comme tous les intégrismes, est un danger. Mais qui arme et entraîne ces monstres ? Le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, ces Etats voyous, extrémistes, obscurantistes, valets de l’impérialisme français, qui blanchissent les milliards sales dans des paradis fiscaux, garantissent aux multinationales occidentales une chasse gardée pétrolière, piétinent les droits de l’homme et des femmes, combattent les laïques et la gauche... Comment peut-on à la fois s’ériger en gendarme international contre les groupes terroristes, et livrer, par exemple, le Paris-Saint-Germain au Qatar ?

    Alors, oui, je manifesterai, le cœur et la colère gros, mais en prenant soin d’éviter les infréquentables. Je ne veux pas, je le redis, partager ce deuil et cette douleur avec eux.

    Jean Ortiz

     *

    Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle

    Tout ce que j’écrivais hier soir, à contre courant, sous le titre : « Je ne veux pas partager mon deuil et ma colère avec eux » s’avère de plus en plus fondé, justifié. La récupération politicienne de la douleur n’a guère attendu que le sang sèche...

    Quel est le statut de la manifestation « historique » de dimanche ? Qui sont les organisateurs ? Si l’on s’en tient aux médias, c’est F. Hollande et M. Valls qui l’organisent, qui invitent, dans un souci désintéressé d’ « unité nationale »... et nullement de remontée dans les sondages. La lutte contre le terrorisme, nécessaire, sert de prétexte à l’ « union sacrée », à la relégation des questions sociales, des causes et des ravages de la crise, des fruits pourris de la violence, du terrorisme, sert à l’abdication devant les inégalités, source d’affrontements, devant la pauvreté, l’exclusion, l’affaiblissement de la laïcité, l’obscurantisme, qui gagnent du terrain...

    Manifestement, le chef de l’Etat et le premier ministre font une OPA sur la manifestation, en instrumentalisant la douleur et l’émotion. Comment peut-on manifester pour défendre la République, aux côtés du néo-franquiste Mariano Rajoy, qui combat en Espagne le rétablissement de la République, qui fait une loi pour criminaliser les mouvements sociaux, qui s’accommode de 130 000 Républicains « disparus » dans des fosses communes, qui subventionne le parc thématique fasciste du « Valle de los Caidos » (Patrimonio real), qui s’en prend aux droits des femmes, qui contraint près de 50% des jeunes diplômés au chômage et à l’exil ? Lui offrir un vernis de défenseur de la démocratie, à quelques mois d’élections générales, où la gauche de gauche (Podemos, Izquierda Unida...) peut gagner, ce n’est pas aider l’alternative possible. Quant à la présence de Merkel, Cameron, Renzi, des sabreurs de l’Union Européenne, il faudra se boucher le nez et les oreilles. Oui, il y a « hold-up » sur l’indignation populaire contre la haine, la violence, l’intolérance...

    Jean Ortiz

    URL de cet article 27742 :
    http://www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-je-ne-veux-pas-partager-mon-deuil-et-ma-douleur-avec-eux-suivi-de-dimanche-la-manifestation-historique.html