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Assassinat d'Ibrahim Ali : la haine n'est jamais ordinaire

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Il y a 20 ans,  le 21 février 1995, durant la campagne pour les élections présidentielles, Ibrahim Ali était assassiné par des colleurs d’affiches du Front National. Ce jeune Marseillais âgé de 17 ans  sortait d'une répétition avec son groupe de rap B-Vice. 

3992716853.pngJean-Marie Guillon : " Alors que la campagne pour les élections présidentielles bat son plein, un adolescent d'origine comorienne, Ibrahim Ali, 17 ans, est tué à Marseille par des colleurs d'affiches du candidat du FN, Jean-Marie Le Pen. Le meurtre a lieu le 21 février à 23h15 au carrefour des Aygalades, dans le XVe arrondissement. Les trois colleurs d'affiches adhèrent totalement aux idées de l'extrême droite. Ils sont persuadés d'aller au front, en territoire ennemi, en portant la propagande du Front National dans les quartiers Nord où la population issue de l'immigration est importante et où la gauche est solidement implantée. Les affiches qu'ils collent ne proclament-elles pas "Avec Le Pen, 3 millions d'immigrés rapatriés" ?

La référence à la guerre d'Algérie est une constante de la propagande d'une extrême droite nostalgique de l'Algérie française et de l'Empire colonial. Parmi les colleurs d'affiches, deux sont originaires d'Afrique du Nord, dont le meurtrier, Robert Lagier, né à Alger, 63 ans auparavant et rapatrié en 1962. Le troisième homme est, lui, fils d'un immigré du sud de l'Italie. Comme Lagier, c'est un passionné d'armes à feu. Il a tiré deux fois avec un 7,35 sur le groupe de jeunes, Lagier, trois fois avec un calibre 22 long rifle, car les colleurs d'affiches ne partaient pas dans leurs expéditions sans armes. Ces hommes, d'extraction modeste, chef de chantier au chômage, maçon et ébéniste, sont représentatifs de toute une frange des militants du FN de type "petits blancs". Une dizaine de jeunes ont déboulé en courant vers l'arrêt du bus, avec leur matériel de musique. Ils venaient du centre culturel Mirabeau où ils préparaient un concert de rap en solidarité avec les victimes du Sida. Les colleurs d'affiches diront avoir été agressés, ce que l'enquête n'a pas confirmé. Ils sont sortis de leur voiture et ont tiré. Ibrahim Ali a été tué dans le dos. Jugés par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône en juin 1998, ils seront convaincus de crime raciste et condamnés à la prison, 15 ans pour Lagier, le meurtrier, 10 ans pour d'Ambrosio, 2 ans dont un avec sursis pour Giglio qui n'était pas armé.

Le FN a pris fait et cause pour ses militants, d'abord en arguant de la légitime défense, puis d'une façon plus embarrassée et au prix de quelques reculades. Le délégué général du FN, Bruno Mégret, qui n'a pu se faire élire à Vitrolles, se voit bien en futur chef du parti. Il en profite pour se placer en pointe et prendre fait et cause pour les trois hommes, n'hésitant pas à affirmer qu'ils étaient menacés de mort et qu'ils ont tiré en l'air. C'est l'occasion pour lui de s'imposer dans le parti sur une ligne "dure" et de placer ses hommes dans l'appareil.

À l'ouverture du procès de juin 1998, les amis de la victime ont apposé une plaque là où il avait été tué. On peut y lire : "Ici est mort Ibrahim Ali, à l'âge de 17 ans, victime de l'intolérance et de la haine, en rentrant d'une répétition de théâtre et de musique le 21 février 1995".  (Un jeune Comorien assassiné par des militants du Front National  Repères Méditerranéens.)

 

> Un jeune Comorien assassiné par des militants du Front National  INA-Repères Méditerranéens.

> Les faits sur le site Wikipedia

 

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