Liberté d’expression : un poids, une mesure, par Eric Fassin.
" On savait déjà que l’obligation de laïcité s’applique inégalement selon qu’on est musulman ou d’une autre religion. On découvre aujourd’hui à quel point la liberté d’expression aussi est à géométrie variable. Or c’est donner raison aux contempteurs de l’Occident : ils ont beau jeu d’ironiser sur notre universalisme très relatif. Bref, au moment même d’invoquer la République, notre double langage en sape la légitimité.
Après le massacre du 7 janvier, « Je suis Charlie » devient rapidement « Nous sommes Charlie » : le désir individuel de solidarité se métamorphose en exigence collective d’appartenance. Une question s’ensuit : « Le sommes-nous tous ? » Et le « nous » appelle aussitôt un « vous » : on invite les « musulmans » (de religion ou de culture, d’origine ou… d’apparence) à se désolidariser du terrorisme islamiste, quitte à trouver qu’ils n’en font jamais assez : « Êtes-vous vraiment Charlie ? » À l’heure d’un « nous » de fusion et d’effusion, la communauté nationale se méfie d’« eux » – d’abord de ceux qui évitent de répondre oui (ceux qui « ne marchent pas » le 11 janvier), puis de ceux qui osent dire non (« Je ne suis pas Charlie »). >>>
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Injures racistes et antisémites : la répression ne peut s’affranchir de la loi de 1881 - Syndicat de la magistrature http://t.co/XvWTAvhm5P
— LDH NICE (@liguenice) 2 Février 2015
Dieudonné, apologie du terrorisme, des sanctions dictées par l'urgence ? http://t.co/eHOQbCSxhz @le_Parisien Des questions pour #28min ?
— 28 minutes (@28minutes) 4 Février 2015