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8 février 1962 : de Gaulle et Charonne

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8 février 1962 : une manifestation anti OAS (Organisation Armée Secrète) à Paris est violemment réprimée par la police sous les ordres de Maurice Papon. Bilan : 9 morts. Huit manifestants communistes - dont un adolescent de quinze ans - et un journaliste de L'Humanité qui décèdera trois mois plus tard de ses blessures.

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Le préfet de police gaulliste Papon sera condamné par la cour d’assises de la Gironde, le 2 avril 1998, à dix ans de prison ferme pour complicité de crimes contre l’humanité durant l'occupation nazie. Il lui sera reproché d’avoir apporté son " concours actif  à l’arrestation puis à la déportation des 72 victimes. "

 

En 1962, malgré la suspension des pourparlers de paix entre le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et le gouvernement français à l'été 1961, tout le monde considère que la seule issue envisageable à la guerre en Algérie  est l’indépendance de ce pays. Mais les irréductibles d’une Algérie française, des militaires séditieux regroupés dans l'Organisation Armée Secrète ( OAS), mènent une politique de terreur en Algérie et en Métropole et multiplie les attentats pour tenter désespérement de sauver les restes d'un empire colonial moribond.

Le 7 février 1962, l’OAS l'explosion d'une charge de plastique devant le domicile d’André Malraux blesse très grièvement une fillette de quatre ans.

le 8 février 1962 les organisations ouvrières organisent un rassemblement pacifique à Paris, place de la Bastille.  Comme un arrêté préfectoral interdit toute manifestation sur la voie publique -  en conformité à l’état d’urgence décrété le 21 avril 1961 - les organisateurs appellent à ne pas défiler afin déviter toute provocation avec les forces de l'ordre.

Face à eux près de 3 000 CRS, gendarmes mobiles et policiers qui contrôlent le quartier de la Bastille, de la gare de Lyon aux métros Filles du Calvaire et Saint Ambroise, et de la rue Saint Antoine au boulevard Voltaire.

Boulevard Voltaire et rue de Charonne la répression est terrible. Alors que les organisateurs appellent à la dispersion, le commissaire Yser donne l'ordre de charger le cortège. Un mouvement de panique s’empare des manifestants qui tentent de fuir vers la station de métro la plus proche.

" Les premières cibles des forces de l’ordre sont des élus communistes, qu’ils frappent à la tête. Puis, c’est au tour des manifestants qui, portés par la foule, trébuchent dans les escaliers du métro et s’entassent les uns sur les autres. Au lieu d’aider les gens qui suffoquent, les policiers les frappent, les insultent, et n’hésitent pas à jeter sur eux les grilles d’acier qu’ils trouvent au pied des arbres, ou encore des grilles d’aération. " ( La Riposte)

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- Témoignage du Dr Vidal-Naquet-

Lors du procès en " diffamation" intenté par Roger FREY, ministre de l’intérieur, contre André WURMSER, journaliste au journal l’HUMANITE. (17ème Chambre Correctionnelle de Paris)

Dès 19 heures, le soir du 8 Février, la Policlinique fut envahie de blessés, cela m’a rappelé les plus mauvais moments de la chirurgie de guerre… Les blessés saignaient tous très abondamment et la plupart avaient été atteints au cuir chevelu… En général de simples coups de matraque ne provoquent pas de plaies béantes avec l’os à nu, des plaies qu’il fallait 15 à 20 points de suture pour pouvoir refermer.

Aussi, pour en arriver là, a-t-il fallu non seulement frapper violemment mais animé du désir de blesser gravement et même de tuer… De même, les multiples fractures par choc direct que nous avons constaté, il fallait, pour les provoquer, être animé par une volonté beaucoup plus cruelle que celle de réprimer une manifestation…

Messieurs, je garde de cette journée le souvenir le plus pénible de toute ma carrière chirurgicale. "

L'émotion est telle que la grève générale lancée le 9 février mobilise plus de deux millions de participants.

Le 13 février,  une foule silencieuse de plusieurs centaines de milliers de manifestants honorent les victimes de la répression. Une grève générale "arrête les trains, ferme les écoles et laisse les journaux muets."

(Une séquence d'information des " Actualités françaises " au  caractère solennel  qui privilégie la commémoration nationale à la responsabilité du pouvoir gaulliste.)

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Rhéabilitation et falsification

" Le dossier judiciaire fut rapidement classé sans suite et l'amnistie du 17 juin 1966 mit un terme à la recherche des responsabilités, les tribunaux retenant la thèse du partage de responsabilité : du fait de l'interdiction, les manifestants auraient dû s'abstenir ! Le pouvoir persista dans le déni et tenta d'effacer la mémoire du crime, interdisant par exemple, jusqu'en 1982, de manifester sur les lieux du drame. " ( Dionyversité)

Le 5 mai 2011, un décret a nommé Jean-François Collin, président de l’Association de défense des intérêts moraux des anciens détenus (ADIMAD), composée d’anciens activistes de l’OAS, chevalier de la Légion d’Honneur.

Légion d'honneur pour l'OAS et les putschistes

" Plusieurs associations, telles l’ANPNPA (Association des pieds-noirs progressistes et leurs amis) et la 4ACG (Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), s’indignent de cette nomination et des conditions dans lesquelles elle a été officiellement remise le 1er novembre 2011, lors d’une cérémonie devant la stèle des fusillés de l’OAS au cimetière Saint-Laurent-Imbert de Marignane.

On ne peut oublier le terrorisme auxquels se sont livrés il y a une cinquantaine d’années les membres de cette organisation de tenants de l’Algérie française responsables de plus de 2 200 morts.

Les membres de la Commission « Mémoire-Histoire » de la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), réunis à Paris le 11 octobre 2011, ont déclaré cette distinction insupportable, à quelques mois du 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. La commission rappelle dans un communiqué que « la complaisance affichée publiquement, par certains représentants de l’État, aux anciens activistes de l’OAS, les hommages rendus à leurs représentants, ne peuvent que choquer profondément les Algériens et les Français qui en ont été victimes. Ces comportements font obstacle à la réconciliation. Ils fragilisent la mise en œuvre de relations [apaisées entre les] deux pays. » LDH

Puis c'est au tour de l'officier et légionnaire putschiste Hélie Denoix de Saint-Marc d'être élevé, par Sarkozy soi-même, à la dignité de Grand' croix de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction que la République puisse conférer...

Le  5 juin  1961 Denoit de Saint Marc a été condamné  à dix ans de détention criminelle pour sa participation au putsch d'avril 1961 et radié de l'ordre de la Légion d'honneur. Il a été réhabilité en 1978 dans ses droits civils et militaires et avait été fait Grand officier de la Légion d'honneur en 2002.

Lors de ses voeux  aux Armées, à Lanvéoc-Poulmic  le  3 janvier 2012, le décorateur en chef a même cité le décoré méritant : " Hélie Denoix de Saint Marc, que vous connaissez tous, disait : " De toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse ".

> « Honneurs » à répétition qui déshonorent l'armée et la République française " 20 Novembre 2011, par Henri POUILLOT

A la mémoire des victimes

> Jean-Pierre BERNARD, Dessinateur aux PTT, 30 ans, Militant du PCF, 
> Fanny DEWERPE, Sténodactylographe, 30 ans, Militante du PCF et du Syndicat des employés et ouvriers du Commerce CGT de la Région Parisienne;  " Fanny Dewerpe, de son nom de jeune fille Kapciuch, avait échappé aux rafles du temps où Papon s'y adonnait volontiers, son beau-frère avait été fusillé en 1944, son mari, René, avait été matraqué à mort le 28 mai 1952 au cours d'une manifestation pour la paix."
> Daniel FERY, Employé de Presse, 15 ans, militant de la Jeunesse communiste et du Syndicat national des Cadres et employés de la Presse CGT.
> Anne GODEAU, agent d’exploitation aux PTT, militante au PCF et au Syndicat des Services Financiers de Paris des Postes et télécommunications CGT.
> Édouard LEMARCHAND, Employé de Presse, 40 ans, militant du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT
> Suzanne MARTORELL, Employée de Presse, 40 ans, militante du PCF et du Syndicat national des Cadres et Employés de la Presse CGT.
> Hippolyte PINA, 58 ans, militant du PCF et de l’Union Syndicale du Bâtiment de Seine et Oise CGT
> Maurice POCHARD,
> Raymond WINTGENS, imprimeur typographe, 44 ans, militant du Syndicat du Livre Parisien CGT

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" 3 visages de la guerre d'Algérie en France" - Dionyversité

Anciens appelés en Algérie contre la guerre : http://www.4acg.org/

" Guerre d'Algérie : l'histoire en révision "-  par Delphine Renard, pour l'Association nationale pourla protection de la mémoire des victimes de l'OAS - Le Monde - 07.02.12.

> INA : Les obsèques des victimes de Charonne.

> Dans ' l'Humanité " il y a 50 ans : le massacre de Charonne

> Charonne - le blog de Miche : "Mots et maux de Miche "

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