Nous accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce...
par Esther Jeffers, Henri Sterdyniak et Sébastien Villemot, pour le conseil d’administration des Economistes atterrés
Même si cette dette est un fardeau très lourd à porter pour la Grèce, elle ne représente que 2 % du PIB de l'Union européenne. La dette grecque est pour l'Europe un enjeu politique plutôt que financier. Même la perte totale de ces créances ne représenterait qu'un choc financier facilement absorbable pour l'Europe. Pour les dirigeants de l'Union européenne, l'enjeu n'est pas financier, il est surtout de faire plier le gouvernement grec, afin que les autres peuples ne soient pas tentés de porter au pouvoir des forces politiques opposées aux logiques néolibérales et austéritaires ; il est de bien montrer qu'il n'y a pas
d'alternative.
L’issue de la confrontation entre le gouvernement grec et ses créanciers n’est, à cette heure, pas encore écrite. Quoi qu’il advienne, les Grecs peuvent déjà s’enorgueillir d’avoir porté au pouvoir un gouvernement qui, jusque-là, a réussi à tenir tête à des créanciers bloqués dans une logique d’austérité destructrice. Mais on aurait tort de voir dans cette confrontation l’expression d’un égoïsme grec s’opposant à d’autres égoïsmes nationaux. Le gouvernement grec est porteur d’un intérêt général européen. En remettant ouvertement en cause les logiques économiques absurdes qui maintiennent toute l’Europe dans la crise, il ouvre des perspectives pour la refondation d’une Europe réellement démocratique et sociale. À l’inverse, un échec du gouvernement grec ouvrirait un boulevard pour les forces nationalistes et xénophobes qui se nourrissent de la crise et du déficit démocratique de l’Union. Le combat des Grecs est le combat de tous les Européens.
Lire l'article > Nous accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce... Changer l'Europe ! Le blog des Économistes Atterrés et du Réseau Euro-pen - Libération
Sortir de l'euro
Frédéric Lordon . L’économiste est directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de La malfaçon - Monnaie européenne et souveraineté démocratique (Les liens qui libèrent, mars 2014) plusieurs scénarii possibles de sortie de l’euro pour rompre avec « les politiques d’austérité. »
"L’européisme est devenu le pire ennemi de l’Europe. Ne voulant plus que « l’Europe » intransitivement, c’est-à-dire sans le moindre égard pour ses contenus concrets, prêt s’il le faut à martyriser des peuples entiers, en Grèce, au Portugal ou en Espagne, il est devenu une obstination aveugle auquel il est temps de mettre un coup d’arrêt. Au-delà de ses pires désastres économiques, sa tare majeure, et congénitale, est politique : le déni absolu de toute expression des souverainetés populaires. Certains, à gauche, continuent cependant de croire qu’on pourra changer l’euro austéritaire en un euro social. Mais, la crise présente l’a assez démontré, une monnaie unique aimable suppose d’être parachevée par une union politique authentique… que l’européisme présuppose sur le mode de la pure pétition de principe sans jamais vouloir en analyser les exigeantes (et improbables) conditions de possibilité. Aussi bien l’urgence économique et sociale que la disponibilité immédiate des institutions matérielles et symboliques de la souveraineté commandent alors de réexaminer de près l’option des monnaies nationales. Sous deux codicilles cependant : 1) reconstruire les concepts de souveraineté et de nation d’une manière qui les rendent irrécupérables par l’extrême-droite ; 2) réaffirmer que défaire la monnaie européenne, de toute façon aussi mortifère que non-viable, n’exclut nullement de continuer à œuvrer pour l’approfondissement résolu de tous les autres liens entre les peuples européens – et enfin de faire Europe autrement que par l’économie ! –, ni même de penser à refaire un commun monétaire européen, sous la forme non plus d’une monnaie unique mais d’une monnaie commune." Editeur
Le 7/9 - France Inter
L'économiste Frédéric Lordon : "Il faut sortir... par franceinter
Intervention de Stelios Kouloglou
"La situation rappelle le Chili du début des années ’70, lorsque le président américain Richard Nixon s’employa à renverser Salvador Allende pour empêcher des débordements similaires ailleurs dans l’arrière-cour américaine. « Faites hurler l’économie ! » fut l’ordre du président américain à la CIA et à ses autres services, avant que les chars du général Augusto Pinochet ne prennent la relève...
En 1970, les banques américaines ont arrêté les crédits vers les banques chiliennes. Une semaine après les élections du janvier 2015, M. Draghi président de la Banque centrale européenne, a coupé, sans la moindre justification, la principale source de financement des banques grecques, remplacée par l’Emergency Liquidity Assistance (ELA), un dispositif plus coûteux devant être renouvelé chaque semaine. Comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête des dirigeants grecs."
Cinéaste, auteur et député européen de Syriza, lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller des 13 et 14 juin 2015 à Paris.
Transcription de l'intervention sur le site Solidarité et progrès
> Ils sont communistes et socialistes, et veulent sortir de l’euro ! 2015 / Poil à gratter